Le chef de l'Etat doit-il à l'entame de son quatrième
mandat procéder à la dissolution de l'APN comme le lui demande la présidente du
parti des travailleurs approuvée en cela par d'autres chefs de formations
politiques pour qui cette institution n'est ni crédible ni représentative car
issue d'une élection frauduleuse et de surcroît «polluée» par des hommes
d'affaires aux fortunes d'origine douteuse. La question provoque des réactions
contrastées au sein de la classe politique. Pour les partis dont les élus
appartiennent à la majorité de la chambre basse, une telle demande est
«saugrenue» car en déphasage avec les priorités politiques inscrites dans
l'agenda présidentiel. Contacté sur le sujet par un confrère, le porte-parole
du FLN a estimé qu'aucun problème ne justifie la dissolution de l'APN et qu'il
serait même «incohérent» de le faire. Parmi ceux de l'opposition il en est qui,
tout en formulant les critiques les plus virulentes contre la chambre basse du Parlement,
estiment néanmoins que sa dissolution n'est pas leur préoccupation présente et
s'avouent perplexes que des formations la revendiquent en sachant que les
conditions n'existent pas pour que des élections législatives anticipées se
déroulent dans la transparence et la régularité qui permettraient l'émergence
d'une représentation nationale crédible. D'aucuns vont jusqu'à s'interroger sur
le pourquoi de l'insistance de certains partis à demander la dissolution. Ne
serait-elle pas, selon certains d'entre eux, l'aveu qu'ils auraient eu une
promesse dans ce sens de la part du pouvoir (l'élection présidentielle) qu'ils
lui demandent maintenant d'honorer ?
Il se trouve que les plus insistants sur la demande de
dissolution sont justement des partis qui sont représentés dans cette APN et
dont les chefs ont été candidats à l'élection présidentielle. Ils sont ceux
aussi qui ont été les plus virulents dans la contestation des résultats des
élections législatives dont a émané la présente représentation nationale. De là
à les soupçonner de vouloir des élections législatives anticipées, par
lesquelles le pouvoir réviserait à la hausse les quotas d'élus dont ils ont
bénéficié, il n'y a qu'un pas que leurs détracteurs franchissent sans trop se
faire de scrupule. De fait, il y a ambiguïté, au moins dans la position des
demandeurs de la dissolution et de l'organisation d'élection législatives
anticipées. Ils ont totalement raison de «charger» l'APN, de lui dénier la
légitimité de se voir confier la discussion et le pouvoir de se prononcer sur
les lois «importantes ou décisives» et notamment la révision de la
Constitution.
Mais ils pèchent pour le moins par naïveté s'ils pensent
que la nouvelle assemblée qui sortirait d'une élection anticipée ne sera pas
entachée des mêmes tares que celle qu'ils dénoncent. Pour les opposants que
leur demande n'emballe pas celle-ci n'est pas défendable car avec l'actuel
régime «l'Algérie continuera à subir les fraudes et les rituels électoraux
hérités de l'époque coloniale». De cette certitude ils concluent que plutôt que
de favoriser des «rééquilibrages éphémères», il y a lieu de se mobiliser sur
l'essentiel, à savoir revendiquer un changement fondamental du pouvoir en place
dans le pays à même de le faire entrer dans la démocratie et l'Etat de droit,
garantie pour que les élections en Algérie soient à l'avenir libres,
transparentes et régulières et, par voie de conséquence, source d'émanation
d'institutions fortes autant que crédibles.
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