Exit le gouvernement d'union et échec annoncé d'un consensus national
par Kharroubi Habib
N'ayant pu convaincre les partis et personnalités politiques
de l'opposition contactés à son initiative pour intégrer le gouvernement en
formation après son investiture pour un quatrième mandat, Bouteflika a été
contraint d'abandonner l'option exécutif d'union nationale dont il a caressé le
projet. A défaut et pour donner au nouvel exécutif une coloration qui ne soit
pas exclusivement celle de l'alliance partisane ayant fait bloc autour de sa
candidature, il a saupoudré sa composante par l'intégration en son sein de
personnalités, hommes et femmes, réputées être représentatives de la société
civile. Et pour mieux donner l'impression que le nouveau gouvernement a été formé
avec une démarche innovatrice, le président réélu a procédé à un rajeunissement
relatif de sa composante, doublé d'une participation conséquente de ministres
femmes.
L'opération a toutefois raté car outre que les
personnalités censées représenter la société civile qu'il a distingué ne font
pas consensus au sein de l'opinion publique, le gouvernement annoncé est apparu
à celle-ci dans la continuité de ses prédécesseurs, à savoir être pour
l'essentiel entre les mains des fidèles de Bouteflika et de ceux qui ne le sont
pas moins en étant classés comme représentants des formations membres de
l'alliance sus-citée. La tentative de formation d'un gouvernement d'union
nationale ayant avorté, Bouteflika risque de connaître une deuxième déconvenue
avec l'opposition, celle de voir son offre de consultation pouvoir-opposition
sur la révision de la Constitution rejetée par les principales forces
constitutives de cette dernière.
Il est en tout cas acquis que les partis et personnalités
politiques regroupés au sein de la coordination pour les libertés et la
transition démocratique n'y prendront pas part. Ils l'ont publiquement affirmé
en déclarant refuser de se prêter au «subterfuge» qu'est à leurs yeux le projet
de consultation que le pouvoir veut initier avec les acteurs politiques et la
société civile. Pour eux, le projet est destiné à la «consommation» avec
l'objectif de récupérer leurs revendications pour les vider de leur contenu en
le diluant pour les vider de leur substance.
Après l'échec d'un gouvernement d'union nationale, c'est
par conséquent celui du consensus national que Bouteflika voudrait établir sur
sa révision de la Constitution qui semble se profiler après l'annonce sur le
sujet faite par la coordination. Cela d'autant que d'autres acteurs et pôles de
l'opposition semblent être dans la même disposition d'esprit à son égard que
cette coordination. Dans ces conditions, il va apparaître que la réélection de
Bouteflika pour un quatrième mandat va rendre plus improbable encore la
possibilité de l'émergence d'un front intérieur uni sur un consensus politique
susceptible de servir de socle à la résistance contre les menées et desseins
tant dans le pays que venant de l'extérieur qui visent à saper son indépendance
et sa souveraineté nationale.
Ce n'est certainement pas uniquement en maintenant ses
hommes de confiance à la tête des ministères régaliens et stratégiques que
Bouteflika parviendra à prémunir le pays contre ces menées et desseins. Pour
aussi critiquable que soit l'opposition, vouloir la réduire au seul rôle de
caution de l'agenda politique du pouvoir rend irréalisable ce front intérieur.
Au pouvoir donc à clarifier ses intentions sur la révision constitutionnelle
projetée et à rechercher avec l'opposition une démarche pour opérer celle-ci dans
un accord consensuel avec elle.
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