ELWATAN-ALHABIB
mercredi 2 avril 2014
 

Le général à la retraite Hocine benhadid : Ensemble rêvons! ensemble osons !

 

 

 

 

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le 02.04.14


I/ Algérie 2014 : état des lieux - Un pays traversé de fragilités persistantes
L’Algérie reste traversée de fragilités récurrentes, qu’elles soient territoriales, identitaires, économiques, sociales ou stratégiques.  Qu’avons-nous fait de ces cinquante ans ?  Telle est la question que se posent les Algériens maintenant que s’éloignent les célébrations de l’indépendance. «Rien, sauf voler !», répondent la plupart d’entre eux, surtout les jeunes qui n’ont en général pour perspective d’avenir que le chômage ou des petits trafics, faute d’obtenir un visa pour l’eldorado européen et américain. Le pays s’est enfoncé dans le marasme, l’indiscipline, l’incivilité, l’immoralité et l’anarchie... Où est l’Etat ?
Une caste politico-affairiste met l’économie en coupe réglée et se maintient au pouvoir, recourant à des manipulations qui ont culminé pendant la terrible décennie noire des années quatre-vingt-dix, aux cicatrices encore à vif. Nourris d’un amour profond pour ce pays nous donne des raisons d’espérer un nouveau départ. Nous n’avons pas attendu 2014 pour nous préoccuper de la situation qui prévaut dans ce pays. Conscients de l’importance des enjeux géopolitiques et géostratégiques, nous pensons que c’est  le pouvoir  qu’il faut isoler et non pas le peuple et son institution militaire et sécuritaire.
Nous sommes préoccupés par l’évolution de la situation politique, géopolitique, géostratégique et sociale de l’Algérie. Depuis 2004, les quelques espoirs que l’élection du président Bouteflika avaient pu susciter se sont révélés mirages et illusions. Même portés par un verbe généreux, ils n’ont pu ouvrir de perspectives de sortie à la grave crise dans laquelle l’Algérie s’enfonçait, pilotée par un pouvoir dont la gestion de la société repose sur le mépris des populations, le déni de toute expression citoyenne, l’arbitraire généralisé et l’aggravation des injustices sociales, et ce qui couronne le tout les insultes proférees des ministres en fonction.
Aujourd’hui, la société civile et les partis politiques peinent à offrir aux citoyens une perspective de rupture alternative qui échapperait au choix entre le fatalisme et le sacrifice. Ils assistent même avec inquiétude à un passage politique en force pour imposer le Président sortant. Cette option serait la pire pour eux-mêmes, pour l’Algérie et pour l’ouverture sur l’ensemble du monde. L’hypothétique compromis entre le groupe des «07» assis sur l’économie rentière et  rêvant de soumettre la société à leur diktat ? Ils sont dans la logique de la terre brûlée.
Cette logique a pour segment une économie rentière, qui ne produit plus, se contente de commercer, et dont le pactole est détourné au profit d’une bourgeoisie parasitaire et arrogante et sans autre perspective que l’enrichissement rapide. Il y aurait 20 milliards de dollars circulant dans l’informel. Pour cette bourgeoisie estimée à 500 000 personnes, dont la majorité issue de l’informel, représenterait un danger réel et une force hégémonique. Là est le danger réel ! Pas étonnant que ce groupe des «07» est convaincu que l’élection est gagnée d’avance. Le taux de +60% avancé  par «le Sieur Saadani» marque la fin des élections.
En dépit de tout cela, beaucoup résistent et s’entêtent à ne pas gâcher définitivement l’avenir d’un pays doté de tant d’atouts et de ressources et autant chargé d’histoire. Des forces de plus en plus nombreuses se rendent compte qu’aucune démocratie n’est possible dans le cadre du système actuel, qu’il faut rompre avec lui, avec ses institutions, ses hommes — des rentiers corrompus — et refonder un Etat moderne et redonnant la dignité à ses citoyens. Ce combat ne s’arrêtera pas le 17 avril 2014. Il concerne toutes les Algériennes et tous les Algériens. Ensemble rêvons ! Ensemble osons !
II/ Scrutin du 17 Avril 2014 :  Projet Machiavélique
Pour nombre d’observateurs, jamais une élection en Algérie n’a été autant porteuse de dangers. Doit-on renoncer à considérer ce pays comme un Etat respectable et le réduire à une  caste à groupes d’intérêts maffieux ? Une question qui ronge aujourd’hui de nombreux Algériens de toutes conditions. A la veille des grands changements vers lesquels le pays tout entier s’achemine, changements auxquels aspire la majorité des Algériens et Algériennes, à savoir une gouvernance plus démocratique, une gouvernance plus soucieuse des intérêts supérieurs de la nation qu’aux intérêts de clans et de chapelles. Ce qui serait anormal, c’est que devant cette immense attente de changement l’on continue à fonctionner avec les mêmes réflexes qui ont prévalu jusque-là.
Aucun développement durable n’est possible sans la prise en compte des demandes sociales et sociétales de manière générale. Si jamais la volonté populaire ne sera pas respectée, l’Algérie serait la risée du monde entier et entrera dans les annales de l’histoire de l’humanité pour avoir élu un Président qui aura fait une campagne politique par procuration et qui dirigera le pays par procuration — on va vers l’élection d’un Président Virtuel et un Etat Virtuel—. Tous ceux qui s’acharnent aujourd’hui à vouloir coûte que coûte nous vendre cette image d’un Président très affecté, à utiliser un homme visiblement malade à des fins inavouables sont passibles de poursuites judiciaires pour «non-assistance à personne en danger» et nous tous qui assistons à ce spectacle désolant qui est en train de transformer l’Algérie en une république bananière, nous tous serons tenus pour complices de cette mascarade.
S’il est vrai que l’Algérie ne va sans doute pas connaître de printemps arabe, par contre si ce système se perpétue, ce sera plutôt un hiver, non pas arabe que va vivre l’Algérie, mais un hiver typiquement algérien, c’est-à-dire un hiver polaire qui va statufier définitivement le pays, l’empêchant d’aller de l’avant. Si ce système se perpétue et en l’absence de société civile, en l’absence d’une élite universitaire avérée, en l’absence de l’implication de la jeunesse performante et novatrice, nous allons vers une momification qui fera de l’Algérie une terre propice aux fouilles archéologiques parce que ce système mènera inéluctablement ce pays à sa perte, à sa disparition, comme les dinosaures.   
L’Algérie est un grand et immense pays par sa richesse démographique et ses ressources naturelles. Elle sera un géant si elle sait les mettre en valeur. Le pouvoir actuel ne l’a pas su. Au vu de la situation actuelle, ce pouvoir hégémonique après 15 années de règne veut entraîner le pays vers le chaos. Mais d’où tire sa force son entêtement ? Est-il si fort au point de mettre l’institution militaire et 40 millions d’Algériens au pas, au garde à vous ? Telle est la question que tout Algérien doit se poser. Faut-il agir ou laisser ce pays aux mains de ce groupe des «07» ? Ces derniers tirent leur force des connexions et des interconnexions tissées en haut lieu par les multinationales juives-sionistes et les pieds-noirs d’outre-mer sous l’œil attentif du Makhzen marocain.
Les voix jeunes et moins jeunes s’élèvent et se multiplient contre la tenue de ces élections sans que cela émeuve qui que ce soit et sans que cela ait le moindre effet sur les décideurs qui continuent à ignorer avec un silence galactique cet appel de fond d’une société qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans le marasme. Les mouvements de protestation se propagent telle une traînée de poudre. D’un quartier à l’autre, d’une cité à l’autre, d’une ville à l’autre, la colère des habitants s’exprime de la manière la plus violente ; à l’image de la région des Aurès victime d’une grande désinvolture et d’une rare provocation envers les Chaouia. Il faut rappeler à se «monsieur» que toutes les régions d’Algérie sont les bastions du nationalisme. Hier, on a jeté la Kabylie à la vindicte. Aujourd’hui, ce sont les Chaouia qu’on provoque. Ghardaïa au bord de la division pleure ses morts. C’est le pouvoir, à travers ses relais, qui est à la tête de ces divisions. A qui le tour ? Où est l’Etat ? Que faire ?
III / Une phase de transition démocratique : Pour Une Assemblée Constituante ?
Face à cette situation de blocage, l’idéal serait de passer par une phase de transition au cours de laquelle sera mise en place une Assemblée constituante qui serait représentative de l’ensemble de la société algérienne, toutes tendances confondues. Dans notre cas, la Constitution devrait être nouvelle. C’est-à-dire construire une  2e République.
Il ne faut pas non plus omettre de faire appel aux hommes et aux femmes historiques encore de ce monde, tels que Monsieur Hocine Aït Ahmed (membre suppléant du Congrès de la Soummam), Monsieur Rédha Malek (membre du GPRA), Monsieur Méchati (membre du groupe des «22»), Monsieur Lakhdar El Ibrahimi, Monsieur Taleb El Ibrahimi, Monsieur Ali Yahia Abdennour, et enfin la Grande Dame Djamila Bouhired (représentante exclusive de la femme algérienne). Auxquels il faut également associer le président  Liamine Zeroual, qui aura à charge d’assurer l’intérim à la tête de l’Etat, sous l’appellation : le Haut Comité pour la Transition. Le temps d’élaborer une véritable Constitution républicaine qui sera soumise à la base pour discussion et enrichissement avant son adoption par un référendum populaire.
La durée de la transition ne doit pas dépasser, en aucun cas, les 24 mois. Le président Liamine Zeroual aura à charge de convoquer et d’organiser une Conférence nationale, où toutes les couches sociales politiques et apolitiques intérieures et extérieures seront présentes. Aucune exclusion n’est permise. Le mot d’ordre pour réussir cette conférence serait : «Aucun tabou n’est à exclure. Aucune constante imposée ne doit être prise. Tout doit être discuté en toute transparence».
A/ La feuille de route pour Une Constituante :
A. L’Assemblée Constituante
Le succès même du projet de souveraineté de l’Algérie dépend de la volonté du peuple. Pour assurer à ce projet toute la légitimité et toute la force nécessaires à sa réalisation, nous proposons la convocation d’une Assemblée constituante. En effet, la démarche qui sera suivie pour réaliser une vraie indépendance doit être profondément démocratique. Elle doit cesser d’être une opération de marketing visant à trouver le meilleur slogan pour convaincre la population. Même si des tactiques plus ou moins déloyales sont à prévoir de la part du pouvoir en place et leurs relais, la démarche adoptée ne doit pas se borner à tenter de les déjouer. Selon nous, il faut miser plutôt sur le formidable exercice de participation collective que permettra une Assemblée constituante. Au terme de cet exercice, la population algérienne devrait se sentir capable de faire un choix éclairé et ferme. Au cœur de cette tradition réside l’idée que le pouvoir émane du peuple et non d’un système.

B. Qu’est-ce que l’Assemblée constituante ?
Sans présumer de tous les détails du fonctionnement de l’Assemblée constituante, nous proposons qu’elle se compose de citoyennes et de citoyens élus dans toutes les wilayas. Ses membres — les constituants — seront donc issus de la société civile et non du gouvernement en place. Le pouvoir de l’Assemblée émanera ainsi de la souveraineté populaire.
La légitimité de l’Assemblée constituante reposera aussi sur le respect de certaines règles de fonctionnement démocratique, par exemple : faire élire ses membres au suffrage universel, direct et proportionnel ; refléter la parité hommes/femmes et la diversité des régions ; disposer des fonds et du temps nécessaires pour élaborer un projet de Constitution. Bousculés par le temps, nous proposons 12 mois pour sa rédaction. Aussi, nous proposons d’associer les éminents juristes pour assister l’Assemblée dans la confection et la réalisation  de la Constitution, sous l’œil vigilant du Haut Comité pour la Transition.

C. Quel sera le rôle de l’Assemblée constituante ?
Comme le suggère son nom, l’Assemblée constituante a pour mandat d’élaborer un projet de Constitution. Vaste tâche, puisque cela signifie rédiger des lois d’un pays. Il s’agirait ainsi : de définir la structure et les composantes de l’Etat souverain du pays ; de préciser les institutions nécessaires et les compétences qui leur sont déléguées ; d’énoncer les valeurs, les droits et les principes sur lesquels repose la vie commune. Le travail de l’Assemblée constituante sera de trouver des propositions pour mettre en place des institutions politiques capables de représenter pleinement la réalité du pays. Elle devra donc s’interroger sur les mécanismes actuels qui limitent ou empêchent l’action citoyenne. A titre d’exemple, les Etats reposent actuellement sur la domination de l’organe exécutif (Conseil des ministres). Le pouvoir se concentre ainsi entre les mains d’un Président. La plupart du temps, les projets de loi sont présentés à l’initiative de l’organe exécutif ou même du bureau du Premier ministre. Une telle concentration va évidemment à l’encontre des intérêts collectifs puisqu’elle limite les opinions sur lesquelles se fonde la prise de décisions.

Les débats organisés durant l’Assemblée constituante pourraient mener à la mise en place des institutions politiques nécessaires pour éviter la concentration du pouvoir et donner une place centrale aux personnes élues par le peuple. Cela pourrait signifier : l’adoption d’un mode de scrutin proportionnel de liste, la parité des sexes dans les candidatures, le plafonnement strict des dépenses lors des campagnes électorales, et l’accès équitable aux médias pour tous les partis politiques. Aucun domaine, à commencer par l’économie, ne devrait échapper aux délibérations publiques de l’Assemblée constituante. Définir une démocratie véritable ne peut en effet se limiter aux institutions politiques. C’est également dans les relations économiques qu’il faut intégrer les principes de liberté, d’égalité et de justice. C’est donc non seulement la scène politique, mais aussi le milieu de travail, le mode de production et la propriété qu’une Assemblée constituante pourrait organiser sur le modèle républicain.
L’Assemblée constituante aura le pouvoir et le devoir d’explorer diverses questions, par exemple : quels mécanismes de démocratie participative faut-il mettre en place ? Quels types d’assemblées élues au niveau communal et wilayal faut-il pour favoriser l’implication citoyenne dans différents dossiers publics ? Quelle collaboration faut-il instaurer entre ces assemblées et les divers acteurs sociaux — syndicats, groupes de femmes ou de jeunes engagés dans leurs milieux ? Quels mécanismes sont nécessaires pour assurer le contrôle des populations sur leurs mandataires et sur l’utilisation des fonds publics ? Comment redistribuer des pouvoirs aux régions et permettre des expériences locales ou wilayales de budget participatif ? Pour trouver réponses à ces questions, l’Assemblée constituante pourra recourir à divers moyens qui donneront la parole aux gens vivant à l’intérieur du pays ou à l’extérieur : forums, états généraux, tribunes par téléphone ou Internet, Facebook, etc. Ses travaux seront donc un exercice exemplaire de démocratie participative qui permettra une prise de conscience sans précédent. En fait, cette extraordinaire période de réflexion et de prise de parole citoyenne sera un vaste chantier d’émancipation collective.
D. À quoi pourrait ressembler la Constitution de la 2e République ?
Sans préjuger des travaux de l’Assemblée constituante, on peut penser que cette large démarche de démocratie participative donnerait des résultats adaptés aux besoins du peuple. La Constitution pourrait ainsi s’ouvrir par une Charte sociale prévoyant non seulement des droits politiques, mais aussi des droits économiques et sociaux. Y seraient définis des droits collectifs qui élargissent la démocratie et dépassent une logique purement libérale des droits individuels. Pourquoi des droits collectifs ? Parce que les individus placés en position subalterne dans la société peuvent exercer leurs droits individuels seulement par une action collective. Pièce maîtresse d’une nouvelle Constitution, la Charte sociale pourrait ainsi baliser les droits d’organisation collective des travailleuses et des travailleurs, l’égalité entre hommes et femmes en matière de droits économiques et de représentation politique. Elle pourrait maintenir voire élargir le droit de syndicalisation, de grève et de manifestation.

Elle devrait consacrer les meilleurs acquis en matière de salaires, de temps de travail, de protection de l’environnement. Et ce ne sont là que quelques exemples. En fait, la Charte sociale devrait préciser les divers droits nécessaires pour assurer concrètement une redistribution égalitaire des richesses, un développement viable et respectueux de l’environnement ainsi qu’une société égalitaire, ouverte et pluraliste. Parce que les services publics sont une condition indispensable à l’exercice de la citoyenneté, donc de la vie démocratique, la Charte sociale devrait réaffirmer leur importance. Cela impliquerait d’interdire les privatisations et de retourner sous contrôle public les domaines répondant aux besoins vitaux des populations : éducation, santé, énergie, eau, transports en commun, équipements collectifs, moyens de communication. Comme la Charte sociale affirmerait les valeurs de justice et de solidarité, elle devrait garantir le maintien et le développement de services publics de qualité dans ces domaines.
Outre des institutions politiques, des droits sociaux et économiques, la Constitution pourrait prévoir d’autres principes, le refus de participer à toute guerre, un revenu minimum garanti. Elle affirmerait sans doute les principes de la liberté de culte et de la séparation de la mosquée, des zaouïas et de l’Etat. Bref, elle définirait une Algérie vraiment républicaine. Enfin, la Constitution d’une Algérie indépendante reconnaîtrait évidemment les droits de la minorité.
E. Pourquoi proposer une Assemblée constituante ?
Pour nous, mettre en avant la stratégie de l’Assemblée constituante, ce n’est pas seulement entreprendre de définir un projet de société. C’est convier toutes les forces vives du pays à participer à l’élaboration du projet. Voilà pourquoi notre proposition s’éloigne des autres démarches proposées jusqu’ici pour réaliser l’indépendance. Il ne s’agit plus de compter sur le résultat électoral du parti politique qui se considère comme l’unique porteur du projet collectif de souveraineté. Il ne s’agit pas d’un processus juridique où des experts sont chargés d’écrire une Constitution en renommant les institutions héritées des cinquante années passées. Il ne s’agit pas davantage d’organiser un référendum dont la victoire dépend d’une campagne publicitaire visant à faire approuver un projet élaboré en vase clos.

Parler d’Assemblée constituante, pour  nous, ce n’est pas poser abstraitement un nouveau chemin vers la souveraineté de l’Algérie. C’est proposer de discuter, de la manière la plus démocratique et la plus large possible, des mécanismes essentiels pour assurer la défense du bien commun, pour articuler les luttes politiques et les revendications sociales. Pour que l’Algérien réalise la rupture avec le pouvoir actuel et choisisse l’indépendance, les Algériens doivent penser et rêver le pays qu’ils veulent construire. Ils doivent définir eux-mêmes les institutions démocratiques et les instruments politiques nécessaires pour actualiser la souveraineté populaire.
A notre avis, ce vaste travail donnera l’occasion aux citoyennes et aux citoyens de découvrir des raisons individuelles et collectives de faire l’indépendance. Ayant ainsi exprimé leurs visions du pays, ils seront mieux en mesure de résister ensuite aux représailles prévisibles de la caste qui tient le pays en otage. Les convictions formées au cours du long processus de l’Assemblée constituante seront en effet plus solides que celles provoquées à la suite d’une campagne publicitaire.
En fait, la mise en branle d’une Assemblée constituante, élue et démocratique, sera elle-même un acte de souveraineté populaire. Elle marquera une rupture avec «les institutions» imposées par le pouvoir en place. Elle signalera la fin de l’acceptation d’un pouvoir centralisateur et de sa domination sur le pays. Bref, une Assemblée constituante affirmera ce que ce pouvoir s’emploie à nier : l’existence de la nation algérienne. Son travail permettra aux gens  d’en finir avec le statu quo constitutionnel qui les réduit à l’état de peuple minoritaire et assisté. Voilà pourquoi nous proposons que le projet de Constitution vienne couronner la démarche d’Assemblée constituante au lieu de servir de point de départ.
Devant les menaces avérées du pouvoir centralisateur, de la situation géopolitique, de situation géostratégique et de la mondialisation néolibérale, le projet de la souveraineté s’impose plus que jamais. Son succès et sa légitimité dépendent toutefois du caractère profondément démocratique de la démarche suivie pour la réaliser. C’est pourquoi nous proposons la convocation d’une Assemblée constituante.
Nous proposons d’inviter les citoyens d’ici et d’ailleurs à penser et à rêver le pays qu’ils désirent.
C’est à toute la population qu’il revient de déterminer les institutions démocratiques et les instruments politiques nécessaires à une véritable souveraineté populaire. Grâce au vaste travail de l’Assemblée constituante, les citoyennes et les citoyens découvriront des raisons personnelles et collectives de faire un autre 5 Juillet. Mais qui pourrait être le garant de cette feuille de route ? Nous pensons aux institutions sécuritaires tous corps confondus et à leurs tête l’Armée Nationale Populaire.

IV/ La Place de l’Armée dans la Nation :
Appui à la transition
Le  terrorisme  hégémonique et sa répercussion catastrophique sur tout le tissu social a littéralement projeté l’armée au-devant de la scène. Ce rôle de  pompier que son devoir lui exige est vu sous un angle négatif, pour avoir utilisé la violence rationnelle et légitime à l’instar des autres armées du monde l’a fragilisée. Les attaques subies par notre armée ne sont en réalité qu’une stratégie machiavélique pour faire écarter l’armée du champ politique au profit de la maffia politico-financière.

On ne comprend pas pourquoi ils veulent tenir l’armée à l’écart, dans la zone d’ombre, d’où elle n’émerge qu’à l’heure du danger. Par ces attaques frontales, ils veulent influencer l’opinion nationale et internationale à ne reconnaître l’armée qu’en tant qu’ultime recours, autant d’influences qui ont engagé, malheureusement, intellectuels, simple citoyen et même quelques «personnalités» dans la voie de la négativité, du déni de réalité à l’armée et de l’hostilité larvée. Nous ne pouvons nier par contre qu’à travers les attaques dûment médiatisées et planifiées que notre armée se trouve coincée, voire piégée.
Dans les pays qui se respectent et économiquement avancés d’Europe et d’Amérique du Nord, la place privilégiée de l’armée et de son rôle dans le développement sociopolitique et économique est sans équivoque et ne prête à aucune confusion. Dans notre pays, la confusion est totale : au lieu d’incriminer l’institution militaire, au lieu de la marginaliser et  de voir en elle que  ce corps intrus dans le monde politique, il faut, au  contraire, voir cette institution sous un autre angle. Posons-nous les questions suivantes : la violence armée est-elle le propre de l’armée ou la caractéristique spécifique de l’appareil de l’Etat ? Est-il possible de concevoir l’actualisation d’un objectif social de quelque importance en dehors de la  mise en œuvre de la violence organisée et rationnelle, c’est-à-dire le maintien de l’ordre ?Il serait erroné de notre part de pouvoir répondre à ces questions. Nous laisserons le soin au peuple d’en décider, d’ouvrir le débat sur cette problématique qui, sous d’autres cieux, ne se pose même pas
Les propos tenus par le premier responsable de l’institution militaire concernant l’élection présidentielle nous révèlent l’hésitation de cette institution quant à son implication directe dans le champ politique. Il serait juste, à notre avis, que ce responsable se montre direct et ferme voire menaçant envers toutes les institutions responsables des futures élections. Il faudrait que ces dernières sachent que l’institution militaire est là et gare à celui qui piétine les lois de la République. Le peuple doute et reste méfiant vis-à-vis de l’armée. Il appartient à l’institution militaire de se monter plus convaincante quant à sa neutralité, plus persuasive et menaçante envers les institutions responsables de l’organisation des élections. Il appartient à l’institution militaire de mettre tout le monde en garde en organisant une conférence de presse en présence de la presse nationale et internationale et pas à coups de communiqués. Car il y va de sa crédibilité en ce moment de doute et de polémique.
Au moment où existe une polémique sur le rôle des forces de sécurité en Algérie préjudiciable au pays, la région euro-méditerranéenne et euro-africaine connaît des bouleversements géostratégiques avec des conflits aux portes de l’Algérie. La sécurité, fondement du développement de l’Algérie, est posée et devrait dépasser les conflits de personnes pour la distribution de la rente et privilégier uniquement les intérêts supérieurs du pays. C’est que les menaces qui pèsent sur les peuples et leurs Etats et les défis collectifs qui leur sont lancés doivent amener l’Algérie à se doter d’une politique de défense, d’une politique extérieure et d’une politique socio-économique globale afin de répondre aux nouveaux enjeux. Dans tout appareil d’Etat, l’armée est bien l’institution dont l’étude et la compréhension relèvent par excellence de l’analyse géopolitique, c’est-à-dire de la démarche qui permet de mieux comprendre les rivalités des pouvoirs sur des territoires.
C’est en effet principalement par leurs armées que les Etats se disputent des contrées ou exercent leur domination à l’extérieur de leurs frontières. Quant à la nation, c’est une idée fondamentalement géopolitique. Cette idée se transforme en fonction des changements géopolitiques et il en est de même pour les rapports de l’armée et de la nation.
L’Algérie se trouve ceinturée de toute part et vit une grande tension géopolitique sur ses frontières où se développent des mouvements intégristes islamistes et des maffias de la drogue et des trafics en tout genre qui prétendent imposer de gré ou de force leur autorité et leurs visées géopolitiques à l’ensemble des Etats du Nord africain et dans tout le Sahel. Il en résulte que le Grand Maghreb et tout particulièrement l’Algérie se trouvent désormais confrontés à des risques graves. Les problèmes de défense se posent en termes absolument nouveaux dans la mesure où il s’agit de combattre des réseaux terroristes qui s’infiltrent insidieusement à travers nos frontières pour faire imploser le pays.
L’évolution de la situation sécuritaire à nos frontières et celle qui prévaut à l’intérieur peuvent conduire l’armée à devoir s’impliquer davantage dans le guêpier des élections, à devoir faire face seule à une puissance intégriste, la maffia politico-financière et surtout l’armée marocaine qui  pourrait prendre à tout moment le contrôle du Sud  et de la façade Ouest et Sud-Ouest. L’Algérie serait alors une des plus exposées et elle n’est pas certaine qu’elle puisse alors compter sur sa cohésion interne ni sur ses partenaires. Avec la crise économique mondiale, aucune assistance ne nous est possible. Il ne faut compter que sur soi-même.
Conclusion :
Précisons enfin que cette phase de transition devra intervenir après le 17 avril et en cas de passage en force du 4e mandat de Abdelaziz Bouteflika. Aujourd’hui, face à ce danger externe et à ce rendez-vous déterminant pour l’avenir de la nation, la présidentielle, l’armée reste encore une fois malgré elle l’arbitre ultime, elle est mise devant ses responsabilités.
La grande muette, comme on l’a toujours qualifiée, devant l’immense danger d’éclatement qui guette aujourd’hui l’Algérie ne peut plus rester muette. C’est elle qui doit trancher. Pourquoi ? Pour éviter de laisser la gangrène qui ronge tous les rouages de l’Etat ne la contamine. L’armée doit rester au-dessus de la mêlée et imposer le seul choix viable pour la pérennité de la nation : la voie de la démocratie et non la pérennisation d’un système qui est en train de mener le pays à sa perte. C’est l’armée qui a fait venir le président Bouteflika. Aujourd’hui, devant l’entêtement de ce dernier et son groupe des «07» à vouloir briguer un quatrième mandat à l’encontre de tout bon sens, c’est donc à l’armée d’ assurer d’une manière directe le bon déroulement des élections et d’assurer la transparence et surtout la neutralité de toutes les institutions avant, pendant et après les élections. L’Armée et le Peuple devront réussir ce rendez-vous et que le(a) meilleur(e) gagne. H. B.
 

 

Hocine Benhadid : Général à la retraite

 
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