Favoriser la fuite des capitaux et brider l'investissement algérien à l'étranger
Samir Allam.
Pour la seule année 2013, plus d’un
millier d’appartements ont été achetés par des Algériens
non-résidents dans la ville espagnole de Valence. Si on compte une
moyenne de 100 000 euros par appartement, ce sont plus de 100
millions d’euros que les Algériens ont dépensés dans cette seule
ville. Un chiffre auquel il faudra additionner les autres villes
espagnoles, mais aussi françaises (les Algériens sont dans le
quatuor de tête des acquéreurs immobiliers à Paris et sa région
où l’immobilier est l’un des plus chers au monde). On peut estimer, à plusieurs centaines de millions de dollars
(quelques milliards), les sommes dépensées annuellement par les
Algériens pour acheter des biens à l’étranger. Officiellement,
les Algériens n’ont pas le droit d’acquérir des biens à
l’étranger. Ils n’ont même pas le droit d’ouvrir un compte
bancaire à l’étranger. Comment parviennent-ils à faire sortir des sommes aussi
importantes pour les recycler dans l’immobilier ? La réponse
est simple et tout le monde la connaît, à commencer par le
gouvernement : le change parallèle. Chaque jour, des centaines
de millions d’euros sortent de l’Algérie via les aéroports ou
les frontières terrestres. Ces sommes sont ensuite acheminées via
des circuits vers Dubaï et d’autres paradis fiscaux pour être
recyclés sur des comptes offshores. À ces sommes viennent s’ajouter des montants aussi colossaux
détournés à travers la surfacturation des importations, un
exercice devenu un véritable sport national depuis quelques années.
Avec des lois stupides sur les importations et le transfert des
dividendes, les gouvernements Ouyahia et Sellal ont fourni un bon
prétexte aux importateurs algériens et entreprises étrangères
pour transférer d’importantes sommes d’argent en devise
annuellement. Dans le même temps, des groupes algériens sérieux, comme
Cevital, sont empêchés de transférer leurs propres devises issues
de leurs exportations pour faire des acquisitions à l’étranger.
Cevital doit recourir à des montages bancaires complexes à
l’étranger pour financer l’acquisition de FagorBrandt en France
alors qu’il dispose de devises issues de ses exportations que la
Banque d’Algérie bloque au nom d’une logique que personne
n’arrive à comprendre. Des entreprises privées capables de
développer des exportations hors-hydrocarbures ne sont pas
autorisées à transférer des devises pour se doter d’installations
à l’étranger, indispensables pour leurs activités. Entre les Algériens qui transfèrent illégalement leur argent
pour acquérir des biens immobiliers à l’étranger et Cevital qui
cherche à investir à l’étranger en toute légalité pour se
développer et contribuer au développement de l’industrie
nationale, le pouvoir et la Banque d’Algérie semblent avoir fait
leur choix. Celui des prédateurs au détriment de l’Algérie qui
construit.
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