24 avril 2014
Ilan Pappe est un universitaire et activiste
israélien. Il est actuellement professeur à l’université d’Exeter
(Royaume-Uni) et réputé pour être parmi les “nouveaux historiens”
israéliens – qui ont réécrit le récit sioniste sur la situation
palestinienne et israélienne. Il a publiquement dénoncé la politique
israélienne de nettoyage ethnique de la Palestine et a condamné
l’occupation israélienne et son régime d’apartheid. Il a également
soutenu la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions),
appelant la communauté internationale à agir contre la politique
sioniste d’Israel. Un membre d'Investig'Action, durant un séjour en
Palestine, a eu l’occasion de discuter avec le professeur Pappe, donnant
une interview en trois parties.
Raffaele Morgantini :
Dans votre livre “Le nettoyage ethnique de la Palestine” (2006) et dans
vos différents discours, vous avez déclaré que la politique d’Israël en
Palestine pourrait être qualifiée de politique de nettoyage ethnique.
Est-ce que cette stratégie a changé maintenant ou le nettoyage ethnique
continue-il ? Si oui, comment continue-il ?
Ilan Pappe :
Avant de choisir le titre de mon livre “le nettoyage ethnique de la
Palestine”, j’ai beaucoup réfléchi, car je connaissais les implications.
J’ai réalisé que pour bon nombre de personnes cela serait trop radical.
Je me souviens même que mon éditeur avait des réserves sur ça. Mais
après vérification sur le site du Département d’Etat américain
concernant le nettoyage ethnique et la définition de ce que c’est qu’un
nettoyage ethnique, cela correspondait tout à fait à ce qui s’est
toujours passé en Palestine. La description ne décrit pas seulement un
acte d’expulsion mais aussi ses implications légales, qui sont dans le
cas présent, un crime
contre l’humanité. Il est dit clairement que le seul moyen de réparer
un nettoyage ethnique est de demander au peuple expulsé s’il veut
retourner à ses terres ou pas.
Concernant
la seconde partie de votre question, si ce nettoyage ethnique continue
ou pas... Oui, je pense qu’il continue de façon différente, mais cela
continue. Cependant, l’idéologie et la stratégie sionistes n’ont pas
changé depuis leurs débuts. L’idée était que « nous voulons créer
un état juif en Palestine mais aussi une démocratie juive ». Les
sionistes ont donc besoin d’avoir sans cesse une majorité juive.
Cependant vous pouvez le faire en important des émigrants juifs en
Palestine, mais cela n’a pas marché, les juifs restaient une minorité.
Ils espéraient que les palestiniens allaient pour certaines raisons tout
simplement partir, mais ca ne s’est pas produit. Alors, le nettoyage
ethnique était la seule véritable solution du point de vue sioniste, pas
seulement pour avoir le contrôle sur toute la Palestine, mais aussi pour avoir une
démocratie juive même avec une toute petite minorité. En 1948 ils (les
leaders sionistes) pensaient avoir une unique occasion historique de
régler le problème d’être une minorité dans une terre où ils voulaient
être la majorité.
Le
nettoyage ethnique est une immense et massive opération, qui
généralement se produit en temps de guerre, par conséquent vous ne savez
pas toujours comment l’arrêter. A la fin de 1948 ils (les leaders
sionistes) avaient 80% des terres qu’ils convoitaient (Israël sans la
Cisjordanie et la bande de Gaza), et les Juifs y représentaient 85% de
la population, avec une petite minorité que nous appelons aujourd’hui
les Palestiniens de 48. Ils n’ont pas expulsés ces Palestiniens, mais
leur ont imposé leurs propres règles militaires. Ce qui selon moi est un
autre genre de nettoyage ethnique. Vous ne vous débarrassez pas d’eux
mais faites en sorte qu’ils quittent leurs maisons, vous ne leurs
permettez pas de circuler librement, vous ne leur donnez pas leurs
droits fondamentaux. Dans ce cas, ce n’est pas une dépossession en les
déracinant mais plutôt en les faisant prisonniers, étrangers sur leur
propre terre. En 1967, l’Apartheid territorial en Israël s’est propagé. A
ce moment-là, ils voulaient le reste de la terre de la Palestine
historique. Ils y sont parvenus avec la guerre des Six jours. Ensuite,
ils ont fait quelque chose d’absurde de leur propre volonté. En 1948,
ils ont expulsé environ 1 million de Palestiniens, et en 1967 ils ont
intégrés environ 1 million et demi de Palestiniens (ce qui vivaient en
Cisjordanie et dans la Bande de Gaza). Encore une fois, ils avaient un
problème avec la démocratie de la majorité juive. Les Palestiniens sont
devenus une nouvelle fois une menace démographique.
En
1967 ils ont également expulsé des Palestiniens, pour la plupart de
Jéricho, Bethléem, Jérusalem, Naplouse, Qalqilya, mais nous n’avons pas
les chiffres exacts. Afin de comprendre ce nettoyage ethnique
particulier, nous devons regarder comment ils ont résolu leurs problèmes
en 1967. La guerre était une grande victoire pour Israël car ils ont eu
une terre qu’ils voulaient depuis toujours. La terre des anciennes
villes bibliques (comme Jéricho, Hébron et Naplouse). Ils n’ont pas
expulsé les palestiniens mais ne leurs ont pas non plus donné la
citoyenneté. Le problème est qu’ils ont colonisé le reste de la terre,
refusé la citoyenneté aux habitants de la Palestine puis ont déclaré au
monde qu’ils voulaient la paix. Donc ce qu’ils ont fait, et font
toujours, était de se mentir à eux-mêmes et au monde entier concernant
leurs intentions. Tous les processus de paix étaient juste une
couverture.
Maintenant,
que faire avec cette nouvelle menace démographique ? (il y a maintenant
environ 5,5 millions de palestiniens dans toute la région de la
Palestine historique) c’est ce que j’appelle un nettoyage ethnique de
différentes manières. Quelques palestiniens ont perdu leurs maisons
(entre 1967 et aujourd’hui une moyenne de 300.000 à 400.000 Palestiniens
ont été individuellement expulsés). Ils ont été soit expulsés ou bien
lors d’un voyage à l’étranger, par exemple durant un voyage d’affaire à
Rome et qu’ils ne reviennent pas dans l’année, ont perdu leurs droit au
retour. Même s’ils revenaient dans l’année et quittaient le pays
ensuite, même pour quelques jours, ils perdaient également leur droit au
retour. Il est difficile de qualifier le nettoyage ethnique car il
s’agit seulement d’individus et ils ont réussis avec beaucoup d’entre
eux. Ils ont par la suite expulsé les Palestiniens des zones bibliques,
ils voulaient qu’elles soient purement juives, comme la grande région de
Jérusalem, où beaucoup de personnes ont été forcées de devenir des
Palestiniens de Cisjordanie après l’occupation de 1967.
Le
nettoyage ethnique ne se produit pas seulement en Cisjordanie et à
Gaza. Par exemple, en Galilée, les Palestiniens ne sont pas autorisés à
développer leurs villes ou leurs villages. Parfois vous n’avez pas
besoin d’expulser des personnes tant que vous les empêchez de se
développer, de construire leurs infrastructures et d’avoir un emploi
décent. En effet, beaucoup de Palestiniens ont quitté la Galilée à cause
de la politique de judaïsation. Nous avons aussi le nettoyage ethnique
des Bédouins dans le sud (Néguev). Le mois prochain (juin 2013), Israël a
l’intention d’expulser 30,000 Bédouins de leurs terres et maisons, et
les mettre dans des camps spéciaux. Un peu comme les réserves des
Indiens d’Amérique. Ce qui est une politique constante depuis 1948.
Comment
pouvez-vous régler le problème d’un pays qui veut être à la fois juif
et démocratique ? Comment pouvez-vous préserver une situation dans
laquelle les citoyens ne sont qu’un seul peuple ? Vous ne pouvez tolérer
qu’un petit nombre de Palestiniens, et c’est réellement un bon point
pour Israel afin de créer une façade pour être “la seule démocratie au
Moyen-Orient”. Cependant, 20% des Palestiniens (c’est le pourcentage
actuel des Palestiniens vivant en Israel), c’est beaucoup trop,
car ils pourraient en théorie avoir une influence sur le système
politique israélien. Alors comment faire ? En 1948, il était question de
les expulser de leurs maisons, aujourd’hui ils le font de manière
différente. Ils ont créé un système d’Apartheid en Israel et ils ont
fait de la Cisjordanie une région sans citoyenneté.
Quels sont vraiment les obstacles administratifs et légaux pour les Palestiniens vivant en Israël ?
Les
Palestiniens d’Israël sont discriminés à trois niveaux. Le premier est
juridique. Selon la loi, le fait d’être Palestinien signifie que vous
avez moins de droit qu’un juif. La loi la plus importante à cet égard
est la loi sur la propriété territoriale. Selon la loi israélienne, la
terre d’Israël n’appartient qu’aux juifs à eux seuls. Etant un non-juif,
vous n’êtes pas autorisé à échanger ou à acheter des terres et nous
parlons de 93% des terres. C’est pourquoi les palestiniens ne peuvent se
développer et s'épanouir en Israël. D’autres lois ne mentionnent pas
spécialement les Palestiniens, c’est une vieille ruse israélienne. La
loi dit que, si vous n’avez pas servi dans l’armée, vous ne pouvez jouir
des pleins droits en tant qu’étudiant, par exemple. Vous n’aurez pas
les subventions pour étudiants, ni les indemnités des services de santé
ni la sécurité sociale. Toutes ces choses que les pays occidentaux
essaient d’offrir à leurs citoyens viennent à la condition du service
militaire en Israël. C’est une ruse car les Israéliens ne veulent pas
que les Palestiniens servent dans l’armée même s’ils le souhaitaient. Il
y a une exception concernant les juifs orthodoxes : ils ne servent pas
dans l’armée mais ne sont pas discriminés parce qu’ils ont une ligne
budgétaire spéciale en Israël. Les Orthodoxes ont l’argent qu’Israël
aurait utilisé s’ils avaient servis dans l’armée. Donc la loi israélienne ne concerne qu’eux, car si vous êtes Palestinien, vous êtes un citoyen de seconde classe.
Le
second obstacle est la politique de discrimination. J’entends par là
que théoriquement tous les citoyens sont égaux, mais quand vous regardez
les budgets d’allocations pour les écoles, les routes, les
infrastructures, ou quoi que ce soit, les Palestiniens ont toujours la
moitié ou moins que la moitié de ce que reçoivent les communautés
juives. Ici en Israël vous pouvez voir si vous êtes dans un village
palestinien rien qu’en regardant l’état des routes. C’est encore plus
abominable que vous ne pouvez l’imaginer, car vous ne pouvez améliorer
la qualité de vie du village que si vous collaborez avec Israël.
Le
troisième est le pire. C’est celui que les Palestiniens rencontrent
quotidiennement face à n’importe quel représentant de la loi en Israël.
Nous avons entrepris des recherches à Haïfa il y a quelques années, qui
ont montré qu’au tribunal, et pour les mêmes accusations, les
Palestiniens ont, toujours eu – et ont toujours- le double de la peine de leurs homologues juifs.
A
ces trois éléments, j’en rajouterai deux autres. Les Palestiniens
savent qu’ils représentent une menace démographique aux yeux des
autorités israéliennes. Ils ont vécus toute leur vie en sachant que
l’Etat dans lequel ils vivent les considère comme un problème et voudrait
s’en débarrasser. Cela ne montre pas seulement la discrimination
ostensible dont ils sont victimes, mais en plus de cela ils sont
psychologiquement détruits de l’intérieur. Nous ne parlons même pas
d’immigrants, mais de personnes vivant dans leurs pays. C’est exactement
ce que les Israéliens ne comprennent pas. les Juifs étaient dans la
même situation lorsque l’antisémitisme se répandait en Europe.
Finalement,
si nous voulons comparer cette situation à celle de l’Afrique du Sud,
il est clair qu’ici nous n’avons pas un « petit-Apartheid », celui qui a
créé des sièges et des toilettes séparés pour blancs et noirs. Ici,
cela peut ne pas être visible aux yeux du public mais est aussi grave
que celui de l’Afrique du Sud.
A
El Khalil (Hébron), j’ai observé une augmentation des arrestations
massives d’enfants, qui ont fortement augmenté au cours des deux
dernières années. A votre avis, quelles sont les raisons précises de ces
actes injustifiés ?
Premièrement, ce n’est pas nouveau,.
Je me souviens avoir écrit il y a quelques années un article pour
London Review of Books intitulé « Enfants dans les prisons ». Je me
souviens aussi quand j’ai été à la prison d’Ofer près de Ramallah, suite
à la demande d’un journaliste pour aller là-bas et observer le tribunal
pour enfants. J’ai vu des groupes d’enfants, tous enchainés et portant
des uniformes oranges, avec une femme juge qui les accuse -à la va-vite-
de jeter des pierres ou quelque chose de ce genre.
La
politique d’arrestation des enfants s’est intensifiée ces dernières
années, et je pense qu’il y a deux raisons précises à cela. Tout
d’abord, les services secrets israéliens ont de plus en plus de mal à
trouver des informateurs palestiniens. Cela est directement lié aux
arrestations d’enfants, des arrestations sans procès en général. La
raison principale à cela est que ça leur donne une bonne occasion de
dire à la personne arrêtée que, si elle veut être libre, elle doit
travailler pour les services secrets. Personne n’a les chiffres mais ça
marche. Il n’est pas nécessaire que ce soit une collaboration
sophistiquée. La personne peut éventuellement envoyer un rapport toutes
les deux semaines concernant quelque chose de suspect. Il n y a rien de
plus fort que de menacer une famille en arrêtant leur enfant. Si vous
observez les courbes des arrestations d’enfants depuis 1967, vous verrez
que ça monte et ça descend – cela est peut-être lié au nombre de
collaborateurs sur qui Israël peut compter.
Quelques photos des arrestations d'enfants en Palestine (2013)
Le
deuxième point est que les Palestiniens ont changé leur stratégie
depuis 67 : d’une résistance non-violente à une résistance violente (si
vous considérez que le jet de pierres est violent). Ils utilisaient
cette méthode durant la première intifada, et beaucoup d’enfants y ont
participé. Ensuite, au cours de la seconde intifada, il y avait des
kamikazes et l’utilisation d’armes, et moins d’enfants y ont participé,
donc moins d’arrestations. Maintenant l’armée et les services secrets
israéliens ont l’impression que quelque chose se prépare en Cisjordanie.
Et ils se préparent à une troisième intifada. Il est très clair qu’elle
sera moins violente que les précédentes. Israël a l’impression, ou veut
avoir l’impression, que ça a déjà commencé. C’est pourquoi, ils font en
permanence des rapports sur l’augmentation de jets de pierres, ce qui
amène automatiquement à une augmentation d’enfants arrêtés et harcelés.
Les soldats israéliens, bien sûr, disent que les jets de pierres sont
une forme de terrorisme, mettant des vies en danger. Par ailleurs, les
soldats se sentent humiliés de ne pas pouvoir répondre brutalement à cet
acte et à la protestation non-violente (même s’ils le font en réalité).
Il y a une ONG israélienne intéressante nommée « There is a Limit » (Il y a une limite), dont les membres faisaient partie des refuzniks.
Tous les soldats israéliens ont un petit livret vert de règlements,
appelé « Le guide du soldat » : comment agir dans différentes
situations. Cette ONG a fait une copie du livre et l’a appelé « le guide
des crimes de guerre ». Ils ont pris toutes les instructions de la
vraie version du livre et les ont changées, afin de montrer aux soldats
qu’en réalité ils sont appelés à commettre des crimes de guerre,
spécialement contre des enfants palestiniens. Mais les soldats s’en
moquent. Si vous leur dites que l’arrestation d’un enfant est contre les
lois internationales, ils vous diront tout simplement que la loi
internationale est antisémite,
créée spécialement contre Israël. Ils semblent oublier que la loi
internationale a été en réalité mise en place à cause de l’holocauste.
Vous
avez déclaré précédemment que l’idée sioniste de créer un Etat juif n’a
pas changé. Qu’entendez-vous par là ? Pensez-vous que le but final
d’Israël est d’avoir la souveraineté totale sur tout le territoire de la
Palestine historique ?
L’objectif
sioniste depuis le tout début était d’avoir le maximum de la Palestine
avec le moins de Palestiniens possible. Il n’y a pas de réelle
différence entre ce que nous appelons aujourd’hui le sionisme de gauche
et le sionisme de droite. La seule différence, c’est que les sionistes
de l’aile droite s’expriment plus librement. En fait ils nous informent
sans cesse qu’ils veulent prendre de plus en plus de terres aux
Palestiniens. Sans se soucier si c’est le bon moment historique ou s’ils
ont les ressources nécessaires pour le faire ou si le climat
international ne le permet pas. Tandis que la gauche, la gauche
pragmatique, dit qu’elle ne peut pas prendre des terres à tout moment.
Donc, par exemple, vous devez attendre le bon moment historique. Une
partie de la gauche déclare qu’il est suffisant d’avoir 90% de la
Palestine historique pour les Israéliens, avec les 10% qui restent pour
les Palestiniens à qui la citoyenneté israélienne sera refusée.
C’est
la solution des deux états du point de vue israélien. Cette solution
est née d’une idée de la gauche sioniste. Ils ont voulu donner un petit
bout de la Cisjordanie et Gaza aux Palestiniens et les laisser appeler
ça un Etat, même si les deux territoires ne sont pas liés. Ce qu’ils ont
fait, c’est dessiner une carte de l’Etat palestinien, qui indique
uniquement où vivent les Palestiniens de nos jours, pas un centimètre de
plus. Vous pouvez le constater si vous regardez la carte de la
Cisjordanie : Naplouse est Naplouse, la banlieue autour n’existe pas.
Selon les Israéliens, il n y aurait pas de Palestiniens vivant là-bas.
C’est Israël, sans tenir compte de pourquoi ils n’y sont pas. Pourtant,
si vous avez une colonie, vous aurez besoin d’un périmètre pour la
protéger. Cette répartition a été au préalable proposée par les
sionistes de gauche en 1967. Les Palestiniens peuvent rester où ils sont
mais ne peuvent avoir plus d’espace.
Est-ce alors l'idée développée aux accords d’Oslo en 1993, qui a divisé la Cisjordanie en trois zones ?
Oui,
c’est exact. Mais cette idée a été développée, comme je l’ai déjà dit,
en 1967 par les sionistes gauchistes, bien avant les accords d’Oslo. Le
grand architecte de tout cela était le sioniste et ministre du travail
Yagel Alon. En 1967, Alon ne parlait pas de zones A, B ou C en
particulier. Mais disait que si nous voulions une solution, il faudrait
diviser la Cisjordanie en 2 zones : l’une sous contrôle israélien et
l’autre sous contrôle palestinien. Il a déclaré que ça lui était égal
que la zone palestinienne serait appelée un Etat – il n’avait aucun
problème avec ça-. Le problème sera de savoir qui contrôle les zones
stratégiques et les ressources de la Cisjordanie. Israël doit avoir un
contrôle aérien et le fleuve du Jourdain et les
Palestiniens ne doivent pas avoir une armée pour arrêter cela. Tout le
concept d'Oslo, à mon avis, a été véritablement crée par les Israéliens
en 1967.
La carte de la Cisjordanie occupée (Source : UN OCHA). Pour agrandir l'image, cliquez ici.
En
Cisjordanie occupée, l’appropriation des terres est une réalité
quotidienne, en particulier mais pas seulement en zone C. A ce
rythme-là, voyez-vous un parallèle dans le présent ou le futur avec les bantoustans d’Afrique du Sud et les réserves des Amérindiens ?
Oui,
je j’ai déjà parlé de cela, mais je vais le répéter d’une manière
différente. Les stratèges israéliens savent qu'ils ne pourront pas
physiquement se débarrasser de tous les Palestiniens puisqu’ils restent
où ils sont. Donc, au lieu de se débarrasser d'eux, ils les mettent dans
de petites prisons, afin d’avoir l’impression de les avoir exclus
d'Israël. Vous apportez plus de Juifs, vous colonisez, et afin de
construire des maisons pour eux, vous devez déposséder la terre de
Palestine, car il n'y a pas de terre juive à déposséder, alors vous
démolissez des maisons palestiniennes. Deuxièmement, vous construisez un
mur de séparation entre l'espace juif et l'espace palestinien et vous
dépossédez plus de terres. Pas seulement pour les colonies, mais aussi
pour créer une zone tampon afin que les Juifs et les Arabes ne vivent
pas ensemble. Plus important encore, vous prenez aussi les meilleures
terres - où les ressources en eau et la qualité de la terre sont bonnes.
Et vous prenez la bonne eau des Palestiniens et la mettez entre les
mains des colons, et vous vous assurez ensuite que les eaux usées
s'écoulent sur la terre palestinienne. Donc, c’est encore plus cruel -
non seulement je prends votre bonne eau, mais je vous vends la mauvaise
qualité d’eau au double de son prix, ce qui est tout simplement
terrible. Et comme je l'ai déjà dit avant, oui, je crois qu'il existe un
parallèle évident entre la situation actuelle en Palestine et les
tristes exemples historiques des Amérindiens et l'apartheid en Afrique
du Sud.
Traduit pour Investig'Action par Mounia Cher
Source : Investig'Action
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