ELWATAN-ALHABIB
lundi 7 avril 2014
 

Bouteflika divise les Algériens

 

 

 

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le 07.04.14 
| © Saâd

Au 15e jour d’une campagne présidentielle insipide et aux conséquences improbables, le langage électoral, et après les provocations, vire aux insultes et aux menaces, ouvrant la voie à la violence.

Le niveau des discours, souvent enclins aux diatribes et à l’invective, reflète une tension vive et insoutenable liée au sens même donné à cette élection coup de force qui se prépare difficilement pour ce 17 avril.
Le coup de force signé le jour de l’annonce de la candidature de Bouteflika par les tenant du pouvoir, civils et militaires, retrouve aujourd’hui sur le terrain toute la fragilité du discours d’infliction d’un 4e mandat. En sus d’une quatrième investiture à la tête de l’Etat, après un bilan catastrophique de 15 années d’exercice, la campagne électorale veut vendre aux Algériens un mandat par procuration, sans président, ce qui est en lui-même un coup de force dans le coup de force. Telles des poupées russes, le pack du 4e mandat comporte une anomalie dans une autre, plus grande, s’enchevêtrant et s’entremêlant jusqu’à faire de l’opération électorale un cirque où il n’est même pas permis de rire.

Le climat entourant cette élection est tel qu’il incite à craindre que le jour du scrutin les mécontents de tous bords laissent parler leur colère. Une colère qui a commencé d’ailleurs à s’exprimer par le recours à la violence. Alors que la grande majorité des Algériens refusent de s’impliquer dans une illusion d’élection, des actes de violence accompagnent certains meetings tenus par les représentants du candidat absent, donnant plus de «sens» aux risques que comporte ce scrutin.
Au fur et à mesure que le rendez-vous du 17 avril approche, le rejet du 4e mandat se fait plus audible et plus musclé, ce qui, dans le langage politique, est un signe d’instabilité. «Harkis», «fascistes», «voleurs» sont autant d’adjectifs peu amènes que se lancent les candidats et leurs représentants les uns aux autres ainsi qu’à l’adresse des boycotteurs, jetant de l’huile sur un brasier prêt à s’enflammer. Légitimer aujourd’hui l’usage de la violence, c’est ouvrir la voie à une violence plus grande qui sera difficilement maîtrisable et ne pourra que servir, une fois de plus, les tenants du statu quo qui légitimeront à leur tour la répression au nom du maintien du contrôle sur la situation. «Je m’expliquerai avec eux après le 17», menace un des porte-voix du président-candidat, Amara Benyounès en l’occurrence, à l’adresse des opposants au 4e mandat, ne cachant pas un ton agressif inopportun.
La première violence verbale a commencé lorsque les représentants du président avaient assimilé statu quo à stabilité. Une confusion de termes qui cache à peine une menace de déstabilisation si le projet de quatrième mandat n’est pas retenu. Ce discours incendiaire et irresponsable jette Sellal, le duo Benyounès-Ghoul, en passant par Ouyahia, Saadani et d’autres, à la vindicte populaire.
Mais la campagne électorale, qui s’apparente pour eux à un parcours intenable, tend à servir la crédibilisation de l’élection et faire croire que les jeux ne sont pas encore faits. Cette phrase lancée par celui qui est présenté comme l’outsider du président-candidat, son ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, disant que «des armées de citoyens me soutiennent», n’est pas non plus pour rassurer sur ce qu’il adviendra au lendemain du 17. Ce recours à un ton de menace est-il fait pour donner de la crédibilité à une élection fermée ? Veut-on faire croire à une élection ouverte où rien n’est joué d’avance et que l’urne décidera à la place des décideurs ?
Le DRS est-il réellement neutre au point de laisser le directeur de cabinet de la Présidence se faire lyncher  et l’ex et prochain Premier ministre chasser d’une ville comme un indésirable ? Est-ce là une preuve de sa neutralité et, ou, de son manque d’implication dans le quatrième mandat, qui fait dire à d’autres candidats qu’ils ont des chances de gagner ? Ou bien n’est-ce pas là juste une nouvelle trouvaille dans la boîte à idées du système pour crédibiliser l’élection ? La colère citoyenne contre le 4e mandat n’est plus à démontrer, elle est même visible dans des salles de meeting vides, dans la tiédeur de la campagne en dehors de ces petits espaces d’expression réservés aux candidats. Mais le soudain recours à la violence fait craindre le pire et invite à s’interroger : de quoi sera fait le 17 avril ?
Nadjia Bouaricha

 
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