AU LENDEMAIN DE SA RÉÉLECTION
Les chantiers immédiats de Bouteflika
Un peu comme en
1999, lorsque, à l’issue de sa première élection controversée du 15
avril en raison du retrait collectif de l’ensemble de tous ses
concurrents, c’est par un projet politique fort que Abdelaziz Bouteflika
tentera de justifier un quatrième mandat qu’il impose et obtient dans
les conditions que l’on sait. Si, en 1999, c’était le référendum sur la
concorde civile, l’entame du quatrième mandat sera prioritairement
consacrée à deux «gestes» forts en direction de l’opposition.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir)
Selon une source sûre, Bouteflika rappellera son désormais directeur
de campagne, Abdelmalek Sellal à son poste de Premier ministre
immédiatement après la proclamation officielle des résultats de la
présidentielle du 17 avril par le Conseil constitutionnel et la
cérémonie officielle d’investiture du «nouveau» chef de l’Etat. Sellal
aura comme mission immédiate et prioritaire le dossier de la révision de
la Constitution.
«Abdelmalek Sellal sera chargé d’entamer, dès le mois prochain, un vaste
dialogue national, qui sera ouvert à l’ensemble des forces politiques
légales», nous confie notre source. «Bien sûr, l’ex-FIS ne sera pas du
tout concerné, sous quelque forme que ce soit», a tenu à ajouter notre
source. Comme avait eu à le déclarer Sellal lui-même durant la campagne
électorale, ce «dialogue national» a pour finalité d’associer l’ensemble
de la classe politique dans la «confection» du projet de la révision
constitutionnelle.
«L’ossature du projet existe. Elle a été remise au Président en avril
2013, avant sa maladie. La décision de rouvrir ce dossier s’explique par
le souci d’associer l’opposition.
Ceci dit, il ne serait, en aucune manière, procédé à une quelconque
modification des fondamentaux, à savoir le caractère républicain de
l’Etat, à la nature du régime, semi-présidentiel et bien sûr aux
constantes nationales», nous confie-t-on de même source.
Ces consultations ou ce dialogue national débouchera sur une révision
constitutionnelle dès la rentrée, fort probablement en septembre ou
octobre 2014. Aussi, et «pour donner des gages de bonne volonté aux
forces de l’opposition, cette révision constitutionnelle sera complétée
par une autre décision politique majeure : la dissolution de l’actuelle
Assemblée populaire nationale et l’organisation d’élections législatives
anticipées avant la fin de l’année 2014». Une mesure qui, effectivement,
avait été réclamée par plusieurs partis politiques et qui ne manquera
pas de redynamiser une scène politique profondément aseptisée par les
législatives du 10 mai 2012.
Organisées, à l’époque, dans un contexte fort particulier, marqué par
une tension extrême en raison de l’environnement bouillonnant dans la
région qui subissait encore de plein fouet un «printemps arabe»
dévastateur, les élections du 10 mai 2012 ont débouché sur l’Assemblée
la plus médiocre de toute l’histoire de l’Algérie indépendante. Le
pouvoir avait dû recourir à des négociations secrètes tous azimuts pour
façonner un semblant d’Assemblée, grâce à sa traditionnelle technique de
répartition des quotas.
«Les droits supplémentaires que va octroyer la nouvelle Constitution à
l’opposition seront certainement l’atout maître qu’utilisera le
Président pour intéresser les partis politiques de l’opposition»,
conclut par ailleurs notre source.
K. A.
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