ELWATAN-ALHABIB
jeudi 20 mars 2014
 
Quel prix, pour quelle 2ème république ? 
 
 
 
par El-Houari Dilmi
Au moment où le landerneau politico-médiatique algérois, comme frappé d'autisme, est encore à échafauder sur le «fil du rasoir» des scénarios aussi «grand-guignolesques» les uns que les autres, comme le report de la présidentielle ou l'intervention de la «main étrangère» pour sauver le vaisseau Algérie qui tangue, tout le monde perd de vue que le pays continue à être perçu, ici comme ailleurs, comme un gigantesque théâtre des paradoxes. Mais envers et contre tout, et à rebours du bon sens le plus prosaïque, une hirondelle, sans faire le printemps dans tout son éclat, peut néanmoins annoncer sa venue, à condition que personne ne trouve un malin plaisir à tout le temps lui saccager son nid. Et c'est justement pour cette même raison qu'un homme seul face à tous, fût-il de la stature de Abdelaziz Bouteflika, ne peut s'improviser en «faux thaumaturge» en ces temps tourmentés, où seules l'intelligence et la synergie des compétences, toutes les compétences sans exclusive aucune, sont à même de nous arrimer du dernier wagon qui sépare encore le pays du train à grande vitesse du développement. La volonté affichée par l'aréopage politique aux commandes du pays d'aller de l'avant a souvent été contrariée, voire avortée, que l'impression est tenace chez tout Algérien que l'Algérie continue à être une immense machine en panne. En dépit d'un potentiel humain et financier fabuleux, des retards énormes restent à rattraper dans nombre de segments vitaux de la vie du pays. Et des Algériens. Le pays, «cerné» de partout par des défis majeurs, doit se remettre au plus vite au boulot. Il y a là une urgence absolue. Donné pour «gagnant avant l'heure», l'actuel-futur président n'aura donc pas droit à la traditionnelle «pause» politique dite d'état de grâce. Sa mission à la tête du pays pour le prochain quinquennat sera d'autant plus «historique» que le pays a besoin d'un autre électrochoc pour se mettre au diapason des défis qui l'attendent. Si personne de censé ne peut, en effet, valablement remettre en cause l'œuvre fondatrice du programme du président, charpentée autour de la réconciliation du pays avec lui-même, force est de reconnaître que la tendance générale n'en est pas pour autant à un redressement notable de l'état général du pays. Pour son quatrième (et certainement dernier) mandat présidentiel, Bouteflika sait qu'il sera pris au mot. Créer trois millions d'emplois, construire un (autre) million de logements ou encore améliorer le pouvoir d'achat des Algériens sont encore et toujours trois promesses-clés sur lesquelles Bouteflika compte rempiler pour le Palais d'El Mouradia. Mais le plus grand pari, pas du tout aisé à relever, fût-il pour un président porté à bout de bras par tout un peuple, reste celui de réformer en profondeur l'appareil de l'Etat et remettre à niveau des institutions pas toujours au diapason des attentes immenses de la population. La rémission d'un mal ne signifiant pas forcément sa guérison, la relance de l'investissement par la dépense publique, doctrine économique chère au président depuis son arrivée au pouvoir en 1999, ne peut à elle seule ranimer une immense machine économique en panne et son faible niveau de compétitivité à l'échelon régional et international. L'économie fondée sur la connaissance étant actuellement une «néo-religion» qui a fait partout ailleurs la preuve par neuf de sa viabilité et de son efficience, l'Algérie ne pourrait aller à l'encontre de ce qui se fait de meilleur sous d'autres latitudes, comme une gestion maîtrisée de l'argent public et une lutte sans merci contre la corruption, véritable plaie ouverte dans le tissu économique et social du pays. Faire retrouver à l'université sa faculté originelle, celle de se mettre au service du développement du pays, et repenser une stratégie industrielle capable de servir de locomotive à une économie victime de changements trop brusques de cap sont les deux autres dossiers brûlants à déposer sur la table du prochain exécutif gouvernemental. Ne pas remettre en cause la politique d'Infitah économique du pays et lutter contre la tentation de toujours privilégier l'acte «social» au détriment d'un management «sans états d'âme» de l'économie nationale sont à coup sûr des errements à éviter à tout prix. La naissance rêvée de la «deuxième République» est aussi à ce prix...
 
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