Obama à Riyad, dernière tentative de sauvetage ?
par Abdel Bari Atwan
IRIB-La visite de ce vendredi d'Obama en Arabie saoudite
ne figurait pas à l'agenda de sa tournée en Europe . cette visite
hors cadre vise en effet à apaiser la colère de l'allié saoudien de
Washington et à sauver les liens stratégies et historiques entre le
deux États qui sont au seuil de rupture. L'attitude américaine dans le
dossier du nucléaire iranien d'une part , dossier dont Riyad ignorait
les détails ainsi que le refus américain de s'engager militairement en
Syrie avec en perspective la chute d'Assad ont en effet secoué les
relations de part et d'autre. En effet depuis 80 ans que l'Arabie
saoudite entretient des liens avec les Etats Unis, ces derniers ont
servi de chien de garde aux saoudiens . Riyad a tout misé sur une
intervention militaire de Washington contre les sites nucléaires
iraniens . Les saoudiens ont dépensé 120 milliards de dollars en
armements qu'ils ont achetés aux Etats Unis et à l'Europe. Ils ont de la
sorte préparé le terrain à de longues guerres confessionnelles et
ethniques contre l'Iran et tout ceci dans l'espoir que le scénario
irakien soit reconduit en Iran. Ce fut donc un choc énorme quand les
saoudiens ont appris les pourparlers secrets menés entre les iraniens et
les américains et le fait que ces derniers leur ont tourné le dos , en
levant partiellement les sanctions décrétées contre l'Iran et en
refusant d'attaquer la Syrie. On ne sait guère comment Obama va composer
avec la colère de Riyad ; tout ce qu'on sait , c'est que le président
va se retrouver devant les responsables saoudiens qui ne cessent de
battre sur le tambour de la guerre en Syrie et qui sont prêts de
dépenser des dizaines d'autres milliards de dollars et plus pour vaincre
leur adversaire iranien sur le sol syrien. En effet Obama se rend à
Riyad dans un contexte très difficile car le sommet de la Ligue arabe de
Koweït a échoué et que le Conseil de Coopération du Golfe (persique) ,
seul atout aux mains de Riyad est en voie d'implosion vue les
divergences entre le Qatar d'une part et l'Arabie , les Emirats et le
Koweït de l'autre . l'échec des efforts de médiation entre les trois
pays précités et le Qatar qui abrite la plus grande base US au Moyen
Orient pourrait même aboutir à une guerre si le Qatar continue à refuser
de suivre l'oukase saoudien. La plupart des guerres américaines
lancées dans le monde ont été l'œuvre des républicains . les démocrates,
eux , ont éteint en général les flammes de la guerre . cet état de
chose s'est surtout appliqué au Moyen Orient et Obama ne fait exception à
la règle. en ce sens les hôtes saoudiens d'Obama se trouveront en face
d'une réalité : Obama ne fera pas la guerre contre l'Iran car il déteste
la guerre et qu'il est le dirigeant d'un peuple qui s'oppose à la
guerre après ses déboires irakien et afghan , un peuple qui voit son
ingérence en Libye apporter les résultats inverses . en ce moment, ce
n'est pas l'Iran qui préoccupe Obama mais bien la Russie de Poutine. La
priorité pour Obama consiste à voir son adversaire russe et ses alliés
européens pour évoquer la lutte contre le terrorisme et non pas la chute
d'Assad. Les hôtes saoudiens d'Obama , eux , ont une conviction
parfaitement opposée . Riyad, empêtré dans l'étang de sang syrien veut
sauver la face mais Obama n'est pas le directeur d'une association
caritative pour pouvoir faire plaisir aux saoudiens, il est président
d'un grand Etat qui fait passer ses intérêts avant ceux des autres . et
le premier de ses intérêts c'est d'éviter d'entrer dans des guerres
dévastatrices propres à creuser les déficits budgétaires américains.
L'erreur stratégique la plus grave des Al e Saoud a été durant ces
quatre dernières années leur refus de s'appuyer sur leur propre force
militaire au contraire de l'Iran qui lui, s'est appuyé sur ses propres
produits militaires , sa propre force défensive, faisant alliance avec
la Russie la Chine l'Inde le Brésil. L'Iran a tiré les plus grandes
bénéfices des interventions US en Irak et en Afghanistan et a fini par
pousser les Etats Unis de s'agenouiller devant lui !! En refusant de
prendre en compte la question palestinienne, l'Arabie saoudite a perdu
le soutien de la rue arabe .elle s'est perdue dans des contradictions
incompréhensibles pour la plupart des arabes et des musulmans . on se
demande en effet comment Riyad s'oppose aux révolutions en Egypte et au
Yémen mais soutient celle de la Libye et de la Syrie, et que son soutien
va jusqu'à prendre la forme d'une ingérence militaire et financière? On
se demande en effet comment l'Arabie saoudite se bat-elle pendant des
années contre le libéralisme et l'islam politique puis inscrit soudain
les Frères musulmans sur la liste noire tout en apportant son soutien au
front islamique et à plus de 100 milices islamistes en Syrie ? comment
se fait-il qu'elle ouvre des centres du dialogue des religions moyennant
des milliards de dollars mais fait tout pour attiser les conflits
confessionnels et religieux? Le problème des saoudien ne se trouvent pas
seulement dans leurs rapports avec Obama , c'est l'Arabie saoudite qui
fait problème à elle-même . à ces déboires il n'y a qu'une solution :
une réforme profonde des politiques en cours à Riyad …
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