Mahmoud Abbas devait être reçu, hier, par le
président américain Barack Obama pour évoquer officiellement les «pourparlers
de paix» avec Israël. Ces discussions doivent théoriquement s'achever fin avril
mais personne ne s'attend à la moindre avancée. Le président de l'Autorité
palestinienne ne peut s'attendre, même si le secrétaire d'Etat américain fait
mine de jouer à la fermeté, à une évolution dans la position israélienne. Ce
que Tel-Aviv attend de lui est simple : une complète capitulation.
En échange de quelques bantoustans encerclés par
l'armée israélienne, les Palestiniens sont sommés de reconnaître Israël en tant
qu'«Etat juif» et donc d'abandonner leur droit au retour reconnu par les
résolutions de l'Onu. C'est en quelque sorte l'aboutissement implacable du
processus d'Oslo où Mahmoud Abbas et son équipe participaient à des
négociations sans but pendant que la colonisation des terres palestiniennes
s'étendait. Le chef de l'Autorité palestinienne ne rompt pas avec ce jeu
pervers d'une négociation viciée dès l'origine. Et il poursuit mécaniquement
dans cette voie sans issue alors même qu'il est encore plus affaibli
qu'auparavant. La capacité de négociation des Palestiniens est au plus bas,
sans aucune marge de manœuvre. La bande de Ghaza est désormais, par décision
des putschistes du Caire, soumise à un blocus aggravé par la destruction des
tunnels qui servaient de voie d'approvisionnement. La réconciliation entre le
Hamas et le Fatah n'avance pas même si elle sert de slogan pour les deux
parties.
Abbas n'a aucun moyen d'influer sur le cours de la
«négociation». Il est mis sous pression pour entériner l'ultime concession. Ce
n'est pas un hasard que le ministre de la Défense israélien décrète qu'il n'est
plus un partenaire pour un accord au moment où l'on assiste à un retour
tonitruant de Mohammed Dahlane, l'homme de main des Américains. L'allié d'hier
de Mahmoud Abbas contre un Yasser Arafat encerclé mais refusant de céder sur ce
qu'il considérait comme les «fondamentaux» de la cause palestinienne. Ce retour
est mis en scène aussi avec le soutien ostentatoire de l'Egypte. Dahlane a été
en effet reçu le 21 janvier par le maréchal Abdelfatah Al-Sissi, président
annoncé de l'Egypte. Ce retour du très trouble Dahlane, chargé des sales
besognes, appuyé par des fonds du Golfe semble parfaitement orchestré, non pas
pour mettre Abbas sur la touche, mais pour le rendre encore plus malléable. Car
Mahmoud Abbas et Mohammed Dahlane se tirent dessus à coup d'accusations de
corruption, de malversation et surtout d'empoisonnement de Yasser Arafat.
Le niveau des échanges entre les deux hommes est
descendu si bas que le grand chroniqueur palestinien Abdelbari Atwan exprimait
hier, dans les colonnes de son journal, un mélange de honte, de tristesse et de
rage. Dahlane et Abbas ont été alliés contre Yasser Arafat et ils ont œuvré, de
concert avec les Américains et les Israéliens, à l'isoler et à essayer de le
disqualifier. L'œuvre n'a pas été facile et il a fallu recourir au polonium.
Aujourd'hui, Dahlane réapparaît à point nommé dans le circuit, grâce aux
capitaux du Golfe et l'Egypte, pour disqualifier celui qui est en charge du
simulacre de négociations. On peut deviner la suite Ces négociations vont
échouer, officiellement, et Abbas qui s'y est accroché au-delà de toute
naïveté, en sortira encore plus démuni. Les Occidentaux relayés par les
monarchies du Golfe et l'Egypte œuvrent de manière organisée à démoraliser les
Palestiniens, à accentuer leur désespoir pour les mettre en position d'accepter
la «solution Dahlane», l'homme de service de Washington, chargé de mettre la
touche finale au processus d'éviction et de dépossession du peuple palestinien.
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