Depuis 30 ans que les Nations unies se sont transformées en outil à
la solde des États-Unis, c’est la première fois que la volonté de
Washington est brisée. Un groupe d’États, hostiles à l’hégémonie
américaine, a pris l’initiative et fait passer au Conseil de sécurité
des projets qu’il a élaborés ou profondément amendés. Ce groupe d’État
ne se contente pas de faire voter ses projets, mais il déploie tout un
dispositif et une stratégie diplomatique pour veiller à l’application de
ces résolutions.
Cela ne veut pas dire que Washington et ses alliés ont baissé les
bras. Les puissances occidentales procèdent à un vaste sabotage de
l’extérieur du Conseil de sécurité pour empêcher ou retarder au maximum
la naissance de ces nouvelles équations, et faire en sorte que le
précédent syro-russe soit une exception et non pas une nouvelle règle
stable et durable dans les relations internationales.
Les plans de sabotage se traduisent par des interventions
continues de la part des pays qui ont échoué à détruire la Syrie, en
dépit des moyens gigantesques mis en œuvre sur les plans financiers,
politiques, médiatiques, militaires et de renseignements, pour miner
l’unité nationale syrienne et lui arracher les atouts qui font sa force.
Une nouvelle guerre froide a commencé par la fenêtre syrienne, car
les puissances occidentales n’ont plus les moyens de lancer de grandes
guerres trop coûteuses en vies humaines et en argent, à un moment où
elles sont au bord de la faillite.
Dans ce climat de guerre froide, le plan de l’émissaire
internationale, Kofi Annan, s’est transformé en arène. Les derniers
développements montrent que l’Occident manœuvre pour vider cette
initiative de son sens, en accusant l’État syrien de violer ses clauses.
Washington, Paris et leurs amis sont très pressés d’annoncer l’échec du
plan Annan, pour en faire assumer la responsabilité à Damas, dans
l’espoir de revenir au Conseil de sécurité pour s’y adonner à leur jeu
favori : sanctions, menaces, chapitre VII. Mais ils ne comprennent pas
que cette époque est révolue, et que jamais plus ils ne parviendront à
imposer leur volonté au reste du monde. Les nouvelles équations des
relations internationales s’installent dans la durée. Et plus la Syrie
résiste au complot, plus ces équations s’enracinent et deviennent
solides.
Saisie d’une énorme quantité d’armes destinées aux insurgés syriens
Pris en flagrant délit de trafic d’arme, l’opposition syrienne,
leurs alliés libanais et leurs appuis occidentaux, ne peuvent plus
prétendre mener une « révolution pacifique » en Syrie qui a déjà fait 10
000 morts : 3500 civils, autant de policiers et de militaires et un
nombre égal d’insurgés.
C’est un véritable arsenal, destiné à équiper une petite armée,
qui a été saisi : des milliers de fusils mitrailleurs Kalachnikov russes
et de M 16 américains, des lance-roquettes de fabrication russe et
américaine, des tonnes de munitions et d’explosifs, des obus de
différents calibres.
Les armes ont été découvertes par la marine libanaise dans les
eaux territoriales nationales dans trois conteneurs à bord d’un navire
battant pavillon de Sierra Leone. En provenance de Libye, le navire a
fait escale dans le port d’Alexandrie en Égypte, avant de poursuite sa
route. Il a été arraisonné à 50 kilomètres au Nord de Beyrouth, au large
du port de Selaata, alors qu’il se dirigeait vers le port de Tripoli.
La deuxième ville du Liban est situé à moins de 30 kilomètres de
frontière syrienne.
Selon des sources de sécurité libanaise, le Lutfallah II
appartient à un homme d’affaires syrien dont le frère est le capitaine
du navire.
Le chargement a été transporté à Beyrouth dans un convoi escorté
d’une douzaine de véhicules militaires et survolé par un hélicoptère de
l’armée. Onze personnes, huit syriens et trois libanais, ont été
arrêtées et déférées devant la justice libanaise.
Selon des sources bien informées, les contrebandiers disposeraient
de complicités au sein de parti politiques libanais, notamment le
Courant du futur de Saad Hariri et les Forces libanaises de Samir
Geagea. Des militants salafistes proches de l’opposition syrienne
avaient par ailleurs préparés un grand dépôt à Tripoli pour y stocker
les armes avant de les envoyer en plusieurs lots en Syrie via le Nord du
Liban.
Les milieux politiques libanais ne manquent pas d’exprimer leur
étonnement : comment un navire transportant une aussi grande quantité
d’armes venant de Libye peut-il arriver au Liban en passant entre les
mailles des filets de la marine israélienne et de la force navale
internationale, déployée au large des côtes libanaises depuis 2006.
La complicité d’Israël et des pays occidentaux dans l’armement des rebelles syriens ne fait plus aucun doute.
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