Les générations se succèdent aussi rapidement que les feuilles
mortes et la destruction des nations, empires et peuples suit souvent
une changement mal conduit. Si cela apparaît avec clarté en Europe, où
les nouveaux responsables en Grece, en Italie, en Espagne comme en
France, sont tout dévoués au diktat de la finance globalisée, avec tout
ce que cela signifie comme attentats envers les peuples qui en sont les
victimes, la situation en Chine est beaucoup plus liée aux facteurs
autochtones, même si l'occidentalisation a commencé à y engendrer des
ravages.
Au milieu du mois de mars s'est produite la chute
de Bo Xilai, chef du parti communiste de la ville de Chongqing, en même
temps que réapparaissait la question des réformes, thème absent des
médias depuis l'affaire de Tienanmen, il y a maintenant une vingtaine
d'années.
Le thème de la Renaissance chinoise englobe trois
questions fondamentales: la réforme économique, à abandonner ou à
considérer comme engagée dans une impasse; la réforme politique, qui
doit ou non réduire le pouvoir de l'Etat, obliger celui-ci à rendre des
comptes à la population, et pouvant servir de locomotive à la reprise
des réformes économiques. Si le statu quo se maintient, est-ce la preuve
qu'il existe un ordre sclérosé? Dans ce cas, le pays va-t-il, ou non,
vers une crise? Des réformes pourraient-elles l'éviter?
La
réouverture de ces débats n'est pas le fait du hasard. Il convient de
les lier au problème de succession (le départ du président Hu Jintao)
auquel va être confronté l'Empire au mois d'octobre. Ces périodes de
changement laissent toujours filtrer des débats sur l'avenir du pays et
sur les succès et échecs de la direction sortante. Dès lors, les
penseurs préoccupés par l'avenir, qu'ils soient des traîtres potentiels
stipendiés par l'étranger, des aliénés à une propagande exogène mal
décryptée ou appartiennent aux élites sincères, s'interrogent sur les
conséquences du développement actuel. D'autant que, depuis 20 ans, a
prévalu la décision de Deng Xiaoping, déclarant close la discussion sur
la nécessité ou non d'embrasser le capitalisme après l'ère Mao.
Vingt ans après, l'élite pensante actuelle se rend compte que les
opportunités économiques, de type capitaliste, qui ont été acceptées, ne
sont d'aucune aide pour fixer un avenir politique à l'Empire. Beaucoup
de participants à ce débat se font l'écho des préoccupations présentes
au sein du pouvoir actuel ou au sein de la catégorie sociale qui
fournira les prochains dirigeants. Un minimum de légitimité n'est-il pas
toujours nécessaire à un pouvoir, quel qu'il soit?
La
renaissance d'une effervescence intellectuelle n'est pas sans évoquer
les problèmes des pays musulmans et les manipulations dont ils sont les
victimes. Car, en Chine comme ailleurs, certaines des voies qui
s'expriment appellent à l'agitation les jeunes générations. Comme aucun
système politique n'est parfait, il est facile de mettre l'accent sur
l'injustice, la corruption et l'incompétence, et de manipuler des
esprits encore tendres en faveur des sirènes du changement. Mais, en
même temps, le niveau culturel de la nouvelle génération a augmenté et
ses souhaits sont bien évidemment différents de ceux de ses parents.
Des équipes en première ligne pour influer sur la succession sont soit
les héritiers de la ligne Deng Xiaoping, soit les résidus du fanatisme
de la "révolution permanente", proches de la stratégie du chaos des
groupes occidentalistes vétérotestamentaires, donc appuyés par eux. Des
partisans de l'une ou l'autre voie se retrouvent dans chaque "famille"
disposant d'un réel pouvoir et pouvant prétendre à prendre en main la
succession.
Les "familles" qui interviennent au sein du
pouvoir sont, sans erreurs possibles : le secteur militaire et ses
techniciens et scientifiques; le parti communiste dont on sait qu'il se
présente comme chargé de la stabilité sociale, fonction de l'ancienne
structure impériale; la banque d'Etat, qui participe au groupe des 30,
trente banquiers centraux qui décident de la politique financière
mondiale sous la férule de Paul Volker (ancien gouverneur de la Fed) et
de Jacob Frenkel (ex-gouverneur de la Banque d'Israël); les nouveaux
ploutocrates, nouveaux riches de la jeune génération, enrichis par les
opportunités d'affaires qu'ont permises leur place dans les familles au
pouvoir. Ils n'ont pas connu la lutte armée, mais ont prospéré grâce au
népotisme et beaucoup ont gobé les slogans des démocraties
ploutocratiques selon lequel le summum de toutes choses se concentre
dans l'argent, l'information et le pouvoir.
Les jeunes
ploutocrates sont enkystés aussi dans les trois autres centres de
pouvoir et ne sont pas exempts d'infiltrations étrangères. Les
affairistes, qui ont déclenché les guerres du XIXème siècle pour
empoisonner les Chinois à l'opium, ont des successeurs qui leur
ressemblent et qui n'ont pas encore été empêchés de nuire. Le groupe des
ploutocrates est certainement celui qui compte le plus de vendus aux
intérêts étrangers et ,comme il dispose de quelques postes stratégiques,
il est impossible de discerner clairement les prochaines étapes du
changement.
La volonté de nuire du supra-pouvoir
américano-occidental s'exprime, comme au XIXème siècle, par l'obsession
de désunir, car "toute maison divisée contre elle-même sera détruite",
ainsi que l'affiche quotidiennement l'Europe. Ces désarticulations
surviennent après des conflits sur les questions religieuses, ethniques,
régionales et, dans un pouvoir centralisé, inspirent les tentations de
coups d'Etat, comme ce fut le cas au moment des événements de la place
de Tienamen. On doit se rappeler que pour l'Empire Chinois, la bande de
Shanghai et la faction qui favorisa Tienamen avaient comme préoccupation
d'éloigner du pouvoir l'équipe dirigée par Deng Xiao Ping, ce grand
homme qui synthétisait le plus grand pragmatisme et une vision du futur
pour sa civilisation.
Eliminer cette élite supérieure
aurait permis aux centres du pouvoir occidental de s'assurer des
positions en Chine. Il semble que, jusqu'à présent, la Chine ait résisté
avec fermeté aux pressions de Rockfeller, Goldman Sachs et consorts, en
faveur d'une participation au supra pouvoir financier mondial qui
l'engloberait, dans sa volonté totalitaire de domination du monde.
Lorsque le supra pouvoir de Wall Street/Washington n'est pas en
position de force, il organise l'agitation, afin que jamais l'ordre et
l'harmonie ne puissent régner nulle part. Il utilise, pour ce faire, des
hommes de paille, de pseudo-intellectuels aliénés et corrompus habiles à
manier les mots trompeurs et les slogans démagogiques. De tels
personnages existent en nombre dans l'Empire chinois et ont l'avantage
d'être disséminés dans chaque famille.
De même que des pays
musulmans, trop indépendants, ont été agressés par l'intermédiaire de
collabos du monde occidental qui ont donc contribué à la destruction de
leur pays sans se rendre compte du crime qu'ils commettaient, en Chine
aussi, des petits chefs marginaux, déguisés en libéraux par la magie des
escrocs médiatiques occidentaux, pourraient servir de cheval de Troie à
la tyrannie globalitaire.
La déstabilisation de la Chine
favoriserait les diverses puissances ayant perdu du terrain dans cette
zone au cours des décennies passées. Sans prétention à l'exhaustivité,
on citera : le soviet suprême de la finance étatsunienne (l'oligarchie
Trésor, FRS, banques d'affaires), l'Inde, car les difficultés avec la
Chine sont récurrentes, depuis les problèmes de frontières jusqu'à la
présence dans l'Océan Indien, et le Japon où des groupes influents ont
été amenés à résipiscence et se prosternent désormais, comme leurs
homologues européens, devant la tyrannie.
Ceux qui
perdraient beaucoup à une victoire de la "cinquième colonne" occidentale
en Chine sont nombreux et répartis sur tout l'échiquier: l'Europe, en
particulier l'Allemagne, qui devrait renoncer aux investissements
réalisés en coopération avec les asiatiques; les clans japonais qui
investissent en Chine et sont plus orientalistes qu'occidentistes;
l'Asie du Sud-Est et l'Afrique, où la Chine a beaucoup investi. Sans
oublier la Russie et l'Iran dont les contrats pétroliers et gaziers avec
l'Empire du milieu sont nombreux.
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