Par : Kamel DAOUD Facebook
D’un coup le Sahel : on y voit naitre un pays-sandwich en trois jours,
s’effondrer un Etat, l’Ex-Mali, en une cinq jours et se déclarer une
indépendance inattendue en une demi journée. Le pays des Touaregs est né
: Azawad. Avec son drapeau, sa carte, son armée et déjà sa longue
histoire. Sous le nez de tous. Au total, on a gaspillé des milliers de
litres de kérosène en avions pour réunir les chefs des pays limitrophe,
des ministres nous ont pollué l’ouïe avec des analyses sur la
coopération, des milliers de dollars ont été dépensé pour ce seul
résultat : Rien. Un pays d’ancêtres qui va provoquer un terrible effet
dominos et un traumatisme des frontières néocoloniales soudainement
fragiles et remises en questions. Et ici, en Algérie ? On ne sait pas.
Il n’y pas de lien. A Alger, c’est le siège du FLN qui est mis sous
scellé par les anti-Belkhadem. A Gao, c’est le consulat algérien qui est
mis sous scellé par El Qaïda. Le lien ? Aucun justement. Le pays est
plongé dans une phase de reproduction du régime qui anesthésie toutes
les autres fonctions organiques. Le plus important est ce qui se passe à
Alger, pas ce qui advient à Gao. Ainsi, c’est après leur kidnapping que
l’on découvre qu’on a oublié, là-bas un consul et six fonctionnaires.
Sept algériens. Qui est responsable ? Qui a affirmé, il y a à peine
trois jours que tout est pour le meiux dans le meilleur des mondes
là-bas ?
Car il faut se poser la question : les AE se ne sont ni les affaires
privées de Medelci, ni celle de Bouteflika. Ces sept bonhommes sont
algériens et on semble les avoir oubliés là-bas. Oublié de les avertir
ou de leur demander de partir. Des questions doivent être posées. Des
gens doivent y répondre. Il s’agit d’algériens qui ont été envoyé là-bas
pour représenter ce pays. Il s’agit d’un consulat avec le drapeau
d’AQMI. Les algériens ont été habitués à ne pas poser de questions sur
le volet de leurs AE depuis l’indépendance. Et c’est une habitude
anesthésique qui doit cesser. Aujourd’hui, sept algériens sont pris en
otages et on doit nous expliquer comment c’est arrivé, pourquoi et c’est
la faute de qui. On doit nous expliquer pourquoi tout le monde en vient
aux mains pour être tête de liste et personne ne répond de la tête des
ces sept algériens ? On doit nous dire combien d’argent on a dépensé en
billets et en déjeuners à propos de plans de coopération pour le Sahel
pour en arriver à ne pas pouvoir sauver sept algériens coincés à Gao et à
ne pas s’expliquer un Etat qui vient de naitre sous les yeux, sans
Etats-majors, sans réunion pompeuses, sans déclarations, sans ministres
délégués sans rien de visible sur l’ENTV. On doit. Il y a sept têtes
d’algériens en jeu pendant qu’on se chamaille, sans dignité, pour les
têtes de listes ici ou qu’on sirote des cafés au Centre d’état-major
commun antiterroriste, ce club qui n’a rien vu venir.
L’Algérie est dirigée non par des hommes d’État mais par des hommes d'affaire sous-diplômés qui squattent les plus hautes sphères de la hiérarchie. Cela implique une tendance à la stagnation économique, c'est-à-dire la volonté d’empêcher tout changement, toute évolution, tout désordre qui risquerait de remettre en question leur position et leur richesse. L'Algérie répond à la politique du ventre comme tout État néo-patrimonial; la nécessité est d'entretenir sa clientèle en dilapidant les richesses nationales.
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