Le Mali et la sécurité nationale de l'Algérie
On l’a déjà dit ici, les événements en cours au Mali sont une menace pour la sécurité nationale de l’Algérie et sont une conséquence directe de l’intervention occidentale en Libye.
Cette menace est clairement perçue par le gouvernement algérien si on en juge par le déplacement en urgence d’Ahmed Ouyahia à Tamanrasset :
Le
discours qu'il a prononcé lors d'une réunion avec les militants de son
parti dans cette wilaya a été axé sur l'unité nationale. «Personne n'a
fait don à Algérie de la moindre parcelle de son territoire (...) et ce
qui se passe dans les pays voisins renforce l'attachement du peuple
algérien à son unité nationale à travers l'ensemble du territoire
national», a indiqué le secrétaire général du RND, précisant que «les
frontières de l'Algérie remontent à la période pré-coloniale».
|
Ahmed Ouyahia |
Il
y a longtemps qu’un dirigeant Algérien n’avait pas été obligé d'en
appeler à l’histoire pour justifier la configuration territoriale
actuelle de l’Algérie. Ouyahia se sent en effet en devoir de soutenir
que les frontières de l’Algérie remontent à l’ére précoloniale», ce
qu’on peut admettre pour la partie septentrionale du pays mais est sujet
à caution pour la partie sud (le rapport avec le Sahara dans l'ère
précoloniale ressemblait plutôt à celui qu'on entretient avec une façade
maritime).
Ca sent un peu la panique…
Curieusement,
c’est en qualité de secrétaire général du Rassemblement National
Démocratique, un des partis au pouvoir, qu’Ahmed Ouyahia a pris la
parole. Et non en tant que premier ministre, ce qui signifie
probablement que ce dossier d’une importance extrême échappe au moins en
partie au gouvernement et est géré directement par la présidence et la
hiérarchie militaire.
La sécession targuie au Mali peut en effet donner l’idée à d’autres d’en faire de même, que ce soient les Toubous ou les Touareg et, pourquoi pas, la Kabylie en Algérie.
Et comme je l’ai écrit précédemment, l’Algérie pourrait payer cher son inaction
en Libye même si le véritable précédent n’est pas la Libye mais le
Soudan dont le processus de démembrement n’est d’ailleurs sans doute pas
terminé.
Sur le Soudan, pays membre de l’Union Africaine et de la Ligue Arabe, l’Algérie était restée également absolument passive.
Ce qui répond à la question que pose le journal L’Expression :
Comment explique-t-on qu'Al Jazeera soit sur les lieux de l'enlèvement du consul d'Algérie à Gao?
Et si le même journal algérien titre :
Etats sahéliens nés de la décolonisation, la menace d’implosion
Il
suffit de lire l’article pour comprendre qu’il est surtout question du
risque de dislocation de l’Algérie elle-même et que le gouvernement
algérien a sa part de responsabilité, en sus de celle liée sa passivité sur la Libye.
|
Le Sahel en ébullition |
Certes,
il ne manquera pas d'Algériens fiers et ombrageux pour dire qu'une
telle chose est impossible en Algérie. A mon avis, il ne manquait pas
non plus de Yougoslaves fiers et ombrageux pour dire la même chose
jusqu'au démembrement méticuleux de leur pays dans un processus qui a
mis face à face des gens qui se parlaient, se rendaient de menus
services, étaient amis ou même parents.
Source:mounadildjazairi
Enregistrer un commentaire