Géopolitique et stratégie
L’échec du stratagème « Grand Moyen-Orient » sous le fallacieux prétexte de «l'arme atomique» de l’Iran
On se réuni, on parle, on sanctionne, on menace puis on
recommence. Cela fait presque 20 ans que cela dure. Cela devient de la
schizonévrose. Les menaces de « frappes préventives », réitérées à
satiété, pour empêcher l'Iran de se doter de « l'arme nucléaire » n’est
plus crédible, d’une part parce qu’ils connaissent la vérité et d’autre
part parce qu’ils redoutent les conséquences qu’ils savent
catastrophiques pour leurs intérêts et leur gendarme local.
Même l'Iran ne croit plus à cette éventualité comme l’a déclaré
l'ambassadeur de Téhéran en France, Ali Ahani, dans une interview à
Reuters « les frappes militaires, nous n'y croyons pas du tout » en
précisant « bien sûr, nous sommes préparés à tout scénario pour nous
défendre, mais on ne pense pas que le régime sioniste ira dans cette
direction parce qu'il y aurait des conséquences pires et imprévisibles
non seulement pour ce régime, mais pour la région et le monde. »
A
ce propos, rappelons la confirmation de L’Ayatollah Khamenei lors de la
cérémonie de prestation de serment et de la remise des diplômes aux
élèves officiers de l’Ecole supérieure des officiers « quiconque
s'imagine pouvoir agresser la RII, se verra asséner des coups
irréparables… les États-Unis et le régime sioniste, doivent savoir que
le peuple iranien n’agresse aucun peuple, ni pays, mais qu’il saura
répondre de toute sa puissance, à toute agression, même, menace, …»
D’ailleurs, depuis, on ne sait plus, maintenant, qui doit le faire,
qui doit commencer et qui doit suivre. Même le régime sioniste - qui
saisit parfaitement les conséquences d’une telle aventure - sait qu’il a
perdu la force et l’initiative depuis la montée en puissance de l’Iran ;
c’est la raison pour laquelle il appelle la « communauté internationale
» pour le faire comme le montre un communiqué du bureau de leur premier
ministre « la communauté internationale doit empêcher l’Iran de
fabriquer des armes nucléaires qui représentent une menace pour la paix
dans la région et dans le monde entier ». Il s’agit bien, pour lui,
d’une question existentielle. Son dilemme et paradoxe, issu de son
idéologie sioniste funeste, le met dans une position des plus cocasse et
dramatique à la fois. Une situation ou « agresser » ou « faire la paix »
mène, l’un ou l’autre vers la même destinée. C’est-à-dire sa
disparition ! Le sionisme ne peut exister sans expansionnisme et
injustice lesquels mènent inexorablement à l’échec et donc à sa chute.
Il s’y est enlisé dans l’invraisemblable paradoxe de «ni guerre ni
paix». La paix affaiblirait son armée et une nouvelle guerre pourrait
signifier son suicide du fait du nouveau rapport de force.
Pour l’Iran, « à quelque chose malheur est bon ». Pendant tout ce temps
fait de menaces, d’embargo et d’assassinats, ce pays, par sagesse et
détermination, a opté pour le développement de son économie et moyens de
défense en transformant en atouts cette adversité. Ainsi en comptant
sur ses propres forces, il a enregistré des progrès fulgurants en
matière d’autosuffisance, de technologies, d’armes défensives ; ce qui a
inquiété profondément les partisans de l’hégémonie mondiale.
La
RII avait bien compris qu’en lieu et place d’« arme nucléaire » - au
fond couteuse, inutile et maudite par la morale - il était
stratégiquement et tactiquement plus avantageux de développer des armes
défensives ; plus fédératrices. La morale soutient la ‘victime’ et non
l’agresseur. Les multiples annonces dans les progrès dans le
développement de ce genre d’armes sont telles que les provocateurs
occidentaux revoient de jour en jour leur jargon belliciste. En effet
quand l’agresseur pressent une riposte du même acabit, il est moins
tenté dans son aventure. Pour L. Ivashov l’ex chef d'état-major russe,
favorable à la livraison des S 300 à l’Iran, «…L'agression est moins
probable quand la victime est en mesure d'infliger des dommages
intolérables à l'agresseur». L’Iran averti, à chaque déclaration de
menace, qu’il riposterait à toute agression lancée contre lui.
Récemment, selon des médias, Massoud Jazayeri, porte-parole des
Pasdarans, a prévenu qu’ «une frappe foudroyante sera portée en réponse à
toute agression. Nous n’agirons pas seulement dans les limites du
Proche-Orient et du golfe Persique. Aucun endroit sur le territoire
américain ne sera à l’abri de nos attaques ». Même les chercheurs du
Congrès Us qualifient toute attaque contre l'Iran d’« inutile » du fait,
selon leur rapport, que les sites « sont dispersés sur l'ensemble du
territoire iranien et fonctionnent dans des conditions de sécurité
extrême »
Le fallacieux prétexte développé contre l’Iran et
bien tombé en désuétude. Pour T. Meyssan, «les prétendus soupçons
occidentaux ne sont que des artifices…pour isoler un État qui remet en
cause la domination militaire et énergétique des puissances
nucléaires…». Même les parlementaires allemands de gauche s’opposent
fermement à cette option de guerre en demandant à leur gouvernement de
déclarer clairement l’opposition de Berlin à toute attaque contre
l’Iran. Quant aux pays du BRICS, réunis dernièrement en Inde, ils
appuient clairement l’Iran et son programme nucléaire ; position que le
Conseil des Affaires internationales en Inde qualifie d’«évolution
extrêmement positive qui joue en faveur de la paix et de la stabilité
dans l'Asie de l'Ouest ».
Il est, en effet, vrai qu’un
ex-vassal qui devient indépendant et qui s’érige en puissance régionale
sur laquelle on doit maintenant compter n’est pas chose facile à
admettre par ceux qui se prétendent « maîtres du monde ». On a usé, dès
lors, de tous les moyens, même les plus abjects, pour faire plier ce
pays afin de le rendre ‘sujet’ sinon ‘satellite’ pour faire passer leurs
projets mortels du « Grand Moyen-Orient ». L’AIEA, qui est devenue un
instrument au service de l’Occident, ne peut dévier de cette politique
de diabolisation de l’Iran pour le prétendu « nucléaire militaire » même
si elle détient la vérité. Son dernier rapport dévoile clairement sa
partialité lorsqu’elle juge que les « vastes » installations de Parchin
sont « destinées à des expériences à l'aide d'explosifs » ce qui
constituent pour elle « des "indications fortes" d'un programme
d'armement potentiel. » Ils veulent en réalité visiter les sites
militaires stratégiques. Rien que ça !
Même les assassinats de
scientifiques sont devenus leur politique. Si l’Iran décidait
d'appliquer la même absurdité criminelle, parions qu’ils ne la
dépasseront jamais, car disposant de beaucoup plus de motifs et de
moyens culturels et religieux. Mais l’Iran, non seulement reste sage en
tenant bon, mais est en phase irréversible de devenir (à notre sens il
l’est déjà) un acteur de poids dans la géopolitique et la géostratégie
régionale voire mondiale. L’avenir de la région doit passer désormais
par l’Iran. Les progrès technologiques, les ressources, la patience et
l’unité de l’Iran ont eu raison sur l’arrogance et la cupidité de
l’Occident. Toute l’adversité à son égard s’est avérée sans effets au vu
de cette évolution. Il se permet même d’appliquer sur la France et
l’Angleterre, à l’avance et sur-le-champ, la ‘sanction’ de boycotter son
pétrole. Il ne leur vend plus de pétrole qu’ils ont "programmé" de… ne
pas acheter !
Contrairement à l’Occident et Israël, l’Iran
n’a jamais agressé quiconque. Qui de ces pays puissants occidentaux et
d’Israël se permet de violer des résolutions de l’ONU ou les lois
internationales? Alors que l’Iran a signé le TNP nucléaire en admettant
les inspecteurs, Israël refuse de signer et de permettre toute
inspection internationale de ses centrales nucléaires reconnues pour
être militaires.
Quant au ‘régime’ iranien, on le voit plus
démocratique que beaucoup de pays arabes valets et alliés de l’Occident ;
mieux, de pays dits à ‘tradition démocratique’. C’est la propagande, le
mensonge, la manipulation et la mainmise sur les médias lourds et les
institutions et organisations dites ‘internationales’ qui ont perverti
les valeurs en cachant la réalité et la vérité. Rappelons ce que nous
avions dit par ailleurs : l’ONU et ses organisations servent à produire
des alibis contre les pays ciblés, la CPI pour «menacer de prison» les
dirigeants récalcitrants, le FMI pour ruiner et gager les pays, l’OTAN
pour agresser et démolir, la presse pour manipuler et contrôler
l’opinion. On peut ajouter la Ligue des « États arabes », cet «
attrape-nigaud » discrédité, et l’association internationale des Frères
musulmans qui ont pris fait et cause pour les thèses Occidentales en ce
qui concerne la déstabilisation de certains États arabes faute de vision
lucide ou pour cause de corruption et fourberie. Pour l’exemple, suite
au refus de la France d'accorder un visa à cheikh Youssef al-Qardhaoui ,
le secrétaire général de cette Union, le cheikh Kardaghi, va jusqu’à
faire bonne figure en déclarant que « le cheikh a toujours été modéré »
en donnant comme preuves ses fatwas dont « l'une de ces fatwas avait
rendu licite l'intervention militaire de l'Otan en Libye » car l’Union
considère « la France comme un pays allié [en jouant] un rôle de premier
plan dans le Printemps arabe et notamment en Libye et nous attendons sa
contribution à la libération de la Syrie ». La perversion de certains
arabes a atteint les limites de l’entendement dans leur servitude au
projet des américano-sionistes. Même ces derniers, par leur soutien à
l’opposition armée, ne cachent pas eux-aussi leur souhait, de toujours,
de voir tomber le « régime de Bachar » qui constitue, avec l’Iran, un
redoutable rempart à l’hégémonie américaine sur toute la région dont
Israël était désigné le feudataire. La Syrie était inscrite comme étape
d’importance par sa situation et sa politique. Dans un article publié
récemment dans le Yediot Ahranot, Efraim Halevy, l'ancien chef du
Mossad, a estimé que « … si la paix se rétablie en Syrie, et si le monde
accepte la survie du régime d’Assad dans le berceau Téhéran, et si la
Turquie, la Russie, la Chine, les Etats-Unis, la France, la Grande
Bretagne et l’Allemagne accepte d’appliquer le plan d’Annan, nous
connaitrons alors la défaite stratégique la plus cuisante depuis la
création d’Israël ».
Le projet ayant échoué contre le ‘mur’ syrien
par les percées militaires et diplomatiques réussies, il ne reste aux
américains que les négociations sur la base de ce postulat avec les pays
issus du nouveau rapport de force dont l’Iran, puis de faire le deuil
de leur rêve de casser l’axe Atlantique / Océan indien et Pacifique pour
bloquer les pays du BRICS. Ils seront contraints à faire « certains
sacrifices» pour se permettre de se positionner, au mieux, en futur «
initiateurs de paix » pour ne pas risquer de perdre aussi les acquis. Le
Qatar qui ‘finance’ et ‘sponsorise’, l’Arabie Saoudite qui ‘arme’ et le
régime d’Erdogan qui ‘abrite’ savent qu’ils ont joué leur pouvoir ou
leur trône dans cette partie perdue qui se termine en Syrie.
On
sent déjà l’affolement des pétro monarques et des sionistes d’Israël que
leur inspire maintenant la Syrie – qu’appui l’axe
Chine-Russie-Iran-Irak-Liban – qui devient leur pire cauchemar surtout
depuis que la Chine et la Russie ont imposé une nouvelle équation
régionale et mondiale et depuis que la « communauté internationale » ait
apparemment abandonnée l’option militaire, le renversement du régime
par la force et l’armement de l’opposition. Lavrov assène en assurant,
que même si cette dernière option est retenue, l’armée syrienne les
battra ! L’ancien chef du Mossad reconnait dans son article le trouble
d’Israël ainsi « l’Iran est devenu l’allié stratégique des puissances
mondiales dans les efforts visant à trouver une issue à la crise
syrienne [réalisant ainsi] un des objectifs : devenir une puissance
régionale au Moyen Orient ».
Les américano-arabo-sionistes savent
désormais que le projet ayant pour objectif ‘Iran’ par le ‘pont’ syrien a
lamentablement échoué d’où, encore, ces sempiternelles menaces de
frappes de l’Iran. Mais quand on ne fait que menacer durant 20 ans c’est
que l’on ne fera rien ! Que du bluff ! Le dernier espoir et le dernier
enjeu, qu’est la Syrie, est en phase de se pulvériser sur les rocs
Damascains ; d’où ces revirements dans leurs discours et leurs
engagements à l’endroit de la Syrie et l’Iran dont-on annonce
subrepticement qu’il ne présente pas de caractère militaire. Ou bien ces
informations crédibles qui font état qu’un certain nombre de dirigeants
arabes adressent des « lettres confidentielles » à Damas dans le but de
rechercher des solutions surtout après le « choc », pour le Qatar et
l’Arabie saoudite, du Sommet de Bagdad.
D’après un diplomate russe
en relation avec Damas, il y aurait un accord américano-russe lors
d’une rencontre entre Medvedev et Obama. Celui-ci aurait demandé que
Moscou tempère les choses « jusqu’aux élections américaines » en échange
d’une réactivation de ses « principes annoncés pour son mandat en cours
; ceux qui consistaient à rechercher les solutions plutôt que les
conflits face aux problèmes internationaux » à savoir le problème du
bouclier antimissiles, les dossiers iranien, syrien en particulier. Ce
diplomate russe affirme qu’il n’y aura pas de guerre contre l’Iran et
que pour la Syrie ils en sont «à l’étape du règlement politique de la
crise… maintenant le plus important est de convaincre l’opposition
d’accepter…» La surprise/coup de grâce arrive du prix Nobel allemand
Günter Grass qui vient de publier, dans le quotidien de Munich
Süddeutsche Zeitung, un poème/prose intitulé «Ce qu’il faut qu’il soit
dit». Il s’agit d’une dénonciation de l’armement nucléaire d'Israël qui «
menace la paix mondiale » ainsi que les menaces d'attaques contre
l'Iran. Il dénonce le «prétendu droit à attaquer le premier». Il évoque
Israël qui dispose «depuis des années d'un arsenal nucléaire croissant
…et sous-marins nucléaires » et critique la livraison par son pays de
sous-marins qui pourrait rendre les Allemands complices d'un «crime
prévisible». Grass dénonce un «silence généralisé [qui est un] mensonge
pesant» tout en prévenant qu’il sera accusé « d'antisémitisme ».
«Pourquoi maintenant ? », « Parce qu'il faut dire ce qui pourrait être
trop tard demain» dit-il.
La vérité finit toujours
par reprendre le dessus sur le mensonge. C’est la loi inexorable de la
Nature. Le monde à venir sera désormais plus équilibré avec les
nouvelles alliances, les nouveaux regroupements, les nouveaux rapports
de forces conséquents à des décennies d’injustices et de dominations des
pays que compose l’Empire.
Les conclusions des meilleurs
services de renseignements au monde, la CIA, et d’autres experts
montrent que l’Iran aurait dû posséder cette arme nucléaire il y a 12
ans. S’il n’y a rien jusque-là, c’est que l’on menace l’Iran de bien
autres choses qui relèvent de son droit indiscutable et inaliénable.
Voici ce qu’ils disaient déjà entre 1993 et 2000 et qu’ils redisent encore actuellement 12 ans après:
* « 24 février 1993 : le directeur de la CIA James Woolsey affirme que
l’Iran était à huit ou dix ans d’être capable de produire sa propre
bombe nucléaire, mais qu’avec une aide de l’extérieur, elle pourrait
devenir une puissance nucléaire plus tôt. »
* « Janvier 1995 : le
directeur de l’agence américaine pour le contrôle des armements et le
désarmement John Holum témoigne que l’Iran pourrait avoir la bombe en
2003. »
* « 5 janvier 1995 : le secrétaire à la défense William
Perry affirme que l’Iran pourrait être à moins de cinq ans de construire
une bombe nucléaire, bien que "la rapidité... dépendra comment ils
travaillent pour l’acquérir" (‘how soon…depends how they go about
getting it.’) »
* « 29 avril 1996 : le premier ministre israélien
Shimon Peres affirme qu’"il croit que d’ici quatre ans, ils (l’Iran)
pourraient avoir des armes nucléaires". »
* « 21 octobre 1998 : le
général Anthony Zinni, chef de l’US Central Comand affirme que l’Iran
pourrait avoir la capacité d’envoyer des bombe nucléaires d’ici cinq
ans. "Si j’étais un parieur, je dirais qu’ils seront opérationnels d’ici
cinq ans, qu’ils auront les capacités." »
* « 17 janvier 2000 :
Une nouvelle évaluation de la CIA sur les capacités nucléaires de l’Iran
affirme que la CIA n’exclut pas la possibilité que l’Iran possède déjà
des armes nucléaires. L’évaluation se fonde sur la reconnaissance par la
CIA qu’elle n’est pas capable de suivre avec précision les activités
nucléaires de l’Iran et ne peut donc exclure la possibilité que l’Iran
ait l’arme nucléaire. »
En conclusion, il n’est pas inutile
de rappeler ce qui est baptisé le projet « Yinon » que les israéliens
considèrent comme stratégique et qui entre dans la même stratégie du «
Grand Moyen-Orient ». Conçu par ses officines, il consiste en une
reconfiguration de son « environnement géostratégique » grâce à une «
balkanisation des états du Moyen-Orient et des pays arabes » pour en
faire des « petits états » sans puissance. L’Irak, considéré comme pièce
maitresse, devait être divisé en un état kurde et deux états arabes
(pour les musulmans chiites et pour les sunnites) en suscitant, pour ce
faire, une guerre contre l’Iran. Ce projet préconise aussi le
démembrement du Liban, de l’Égypte et de la Syrie ; le morcellement de
l’Iran, de la Turquie, de la Somalie et du Pakistan. Il prévoie
également la partition de l’Afrique du Nord en commençant par l’Egypte
puis de l’étendre au Soudan, à la Libye, au Mali et au reste de la
région. L’"Atlantic" en 2008 et l’"Armed Forces Journal" en 2006,
avaient publié des cartes où figurent ces « nouveaux pays » qu’envisage
ce projet « Yinon ».
Le monde « arabe et musulman » était donc bien avert i.
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