Balkanisation de l’Afrique : Un plan machiavélique « made in Occident »
par Freddy Monsa Iyaka Duku
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La
question de l’Est de la RDC et du Nord du Mali n’est pas un fait
divers. C’est l’avenir de tout un continent qui est en train de se jouer
en ces moments. Dans cette conquête des espaces économiques, de
nombreux pays africains sont dans le collimateur des «faiseurs de guerre
et des faiseurs de paix».
La situation au Mali soulève un
certain nombre d’interrogations. Comme si l’on venait de sortir d’un
long sommeil et l’on éprouve des craintes, des inquiétudes quant à
l’avenir de l’Afrique avec toutes ces similitudes troublantes. De la RDC
au Mali en passant par le Soudan, d’aucuns n’hésitent plus à parler
d’une nouvelle balkanisation de l’Afrique mise en marche.
Balkanisation : voilà un concept
qui suscite un débat houleux et intéressants, parfois même inutiles,
selon certains. Ainsi, lorsqu’on évoque les dangers qui guettent la
République démocratique du Congo, la balkanisation serait l’un des
objectifs poursuivis par les commanditaires de ce complot machiavélique.
Sinon, on ne peut s’expliquer pourquoi le Kivu, par où tout danger
arrive, l’insécurité soit devenue récurrente et que depuis plus d’une
dizaine d’années, le pouvoir de Kinshasa ait du mal à rétablir l’ordre
et l’autorité de l’Etat. On y fait mention d’existence des
administrations parallèles. Comme une épine sous le pied, l’Est de la
RDC est devenu le ventre mou, une poudrière de la République. Malgré
tous les appels à l’alerte qu’un Congo faible, divisé, est un danger
pour toute l’Afrique, l’indifférence est totale au sein de la communauté
internationale. L’on balaie même d’un revers de la main cette
probabilité avec de initiatives qui se multiplient pour «étouffer»
l’éveil de conscience et émousser l’ardeur des Congolais.
Mais la vérité historique est
têtue. Comme une gangrène, la «nouvelle balkanisation de l’Afrique» est
bel et bien en marche. Le Mali est aujourd’hui touché dans sa partie
nord. Le même prétexte est brandi par ceux qui se croient lésés : comme
en RDC avec la minorité rwandophone, les Touaregs se disent
«marginalisés, excluent de la société malienne». D’où la création du
Mouvement national pour la libération de l’Azawar, MNLA.
Aujourd’hui, les Touaregs, soutenus
par des forces extérieures, ont pris les armes. Tout le Nord du Mali
est occupé et le pays est divisé en deux. Mais le Nord est la partie la
plus riche du pays avec la découverte des minerais, du gaz et un couloir
propice au trafic d’armes et de drogue.
Dans la capitale, Bamako, tout se
passe comme si l’on ne voyait pas venir le danger. Un groupe de soldats
organise un putsch et déstabilise les institutions démocratiques.
Cependant, 10 jours plus tard, la junte qui tâtonne est obligée de
rétablir l’ordre constitutionnel sans réussir à mater la rébellion,
motif pour lequel il avait évincé le pouvoir légitime. La junte a-t-elle
été manipulée ? Tout laisse à le croire tant il est évident maintenant
que cette junte ne disposait d’aucune stratégie, d’aucun programme. Par
voie de conséquence, le Mali est divisé. Pour retrouver son unité, il
faut recourir à la force, à de longues séances de négociations.
L’Afrique et le Mali se trouvent devant une situation de fait accompli.
Fait accompli, c’était déjà le cas
du Soudan du Sud. Pour mettre fin à la guerre au Soudan, il a fallu
reconnaître le droit à l’autodétermination du peuple. Le Soudan du Sud
qui regorge du pétrole pour lequel les deux Soudan se battent ces
dernières semaines.
Cela donne des idées, et si ce
n’est pas encore fait, aux «sécessionnistes» du Nord du Mali désormais
«libéré». Mais surtout à tous les pays voisins aux deux Soudan, au
niveau de l’Afrique des Grands Lacs, et avec le Mali en ce qui concerne
les pays de l’Afrique de l’Ouest.
DES POUDRIERES DU CONTINENT
La question de l’Est de la RDC et
du Nord du Mali n’est pas un fait divers. C’est l’avenir de tout un
continent qui est en train de se jouer en ces moments. Dans cette
conquête des espaces économiques, de nombreux pays africains sont dans
le collimateur des «faiseurs de guerre et des faiseurs de paix». Ils
procèdent de plus en plus de la manière. Tenez.
Dans un premier temps, ils ciblent
leur proie. Tel le cas de la RDC, du Mali, de la Côte d’Ivoire, et
certainement déjà du Nigeria. Ensuite, ils s’emploient à trouver des
«pays tremplins», apparemment moins nantis, donc facilement
manipulables, avant de transformer en poudrière les Etats visés. La RDC a
été agressée par le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda, considérés comme
des pays moins nantis. Curieusement, ils passent, par ces temps qui
courent, pour des «Etats organisés», accusant une forte croissance
économique, pendant que la RDC, riche, est devenue un Etat pauvre, moins
organisé, affaiblie administrativement militairement, économiquement.
La Côte d’Ivoire n’est plus le
«leader» de l’Afrique de l’Ouest. Ce pays a accusé à plusieurs reprises
le Burina Faso de le déstabiliser, par où tout se «comploterait». Le
Burkina Faso est aujourd’hui incontournable en Afrique de l’Ouest
jusqu’à damner le pion à la Côte d’Ivoire, au Sénégal dans le règlement
des questions sous-régionales.
Des similitudes troublantes qui ne
sont rien d’autre que la mise en marche d’une nouvelle balkanisation de
l’Afrique. Entre-temps, le silence dans la plupart des Etats africains.
En effet, pendant que la RC est à feu et à sang, une bonne partie de son
territoire est sous occupation par des forces étrangères et négatives,
l’Afrique centrale et des Grands Lacs sont devenues de «grandes
muettes». Tout s passe comme si la RDC était si loin. Fait plus grave,
certains pays voisins se font complices de cette politique de
balkanisation en vue de l’expansion de leur étendue géographique dans la
perspective d’imposer leur souveraineté à la RDC.
Voilà qu’aujourd’hui, l’Afrique de
l’Ouest est touchée à travers le Mali. Bientôt ce sera le Nigeria. Péril
est dans le continent.
Freddy Monsa Iyaka Duku
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