Athènes, tiers-monde de l’Europe
La
tension est encore montée d’un cran à Athènes. Elle a franchi les
frontières de la Grèce en trouvant un espace dans les media
internationaux après le suicide publique d’un retraité, place Syntagma,
symbole toujours plus tangible du désespoir des Grecs et de la distance
qui sépare le peuple du Parlement qui siège pourtant sur cette même
place. L’homme, un ex pharmacien de 77 ans, s’est tiré une balle de
pistolet dans la tête : « je ne trouve pas d’autre solution si ce
n’est cette fin digne avant de devoir commencer à chercher dans les
immondices à la recherche de quelque nourriture », a-t-il laissé sur un écriteau.
Un
testament terrifiant qui donne la mesure du gouffre dans lequel est
plongée la Grèce mise à genou par les cures d’austérité à répétition. La
publication d’un rapport rédigé par le comité grec de l’UNICEF et par
l’université d’Athènes a apporté, si tant est qu’il en était besoin, de
nouvelles preuves sur les conditions de vie désastreuses de nos
voisins : à cause de la crise, de très nombreux enfants sont
sous-alimentés et vivent dans des conditions malsaines.
Toujours
selon cette enquête, intitulée « la condition de l’enfance en Grèce,
2012 », 439.000 enfants vivent en-dessous du seuil de pauvreté dans des
familles qui représentent 20.1 % (un cinquième !) des cellules
familiales (familles nucléaires) helléniques.
Le
seuil de pauvreté a été fixé en Grèce à 470 euros mensuels. Selon les
estimations officielles, 21 % des Grecs se situeraient en-dessous de
celui-ci. Mais de nombreuses associations affirment que ce taux aurait
déjà dépassé les 25 %. Un quart de la population est donc pauvre. Un
chiffre qui n’a pas été avancé à la légère quand on sait que selon
l’institut national de statistiques Elstat, plus de 400.000 familles
sont restées sans aucun revenu parce qu’aucun des membres qui les
composait ne travaillait.
Les
seules solutions qu’ont réussi à trouver les représentants politiques
grecs trouvent leur fondement dans le sacrifice humain, le sacrifice du
peuple. Il est pourtant irréaliste de croire qu’en réduisant les
salaires, en licenciant à tour de bras et en imposant aux classes
moyennes des impôts toujours plus élevés, une crise puisse déboucher sur
une renaissance économique. Mais c’est la seule voie qu’Athènes a été
autorisée à suivre par la BCE et le FMI.
Dans
une telle situation, le climat social est bien évidemment très lourd et
chaque étincelle pousse à des rassemblements spontanés contre les
conditions humiliantes et insoutenables vécues au quotidien par les
Grecs. Sur ce point malheureusement, la répression de la contestation
populaire est aussi digne du tiers-monde : ce n’est un secret pour
personne que d’affirmer que le peuple grec doit faire face à une police
toujours plus violente. La semaine dernière, trois journalistes ont été
blessés par les forces de l’ordre pendant qu’ils couvraient des
manifestations. Un reporter qui travaille pour l’agence de presse
chinoise Xinhua, Marios Lolos (également président
de l’association des photoreporters grecs), a subi une intervention
chirurgicale à la tête après avoir été frappé par une matraque. Dans une
déclaration rendue publique, l’association des photoreporters grecs a
dénoncé « l’attaque aussi brutale que gratuite » contre Loros, en ajoutant que « le reporter et ses collègues avaient été délibérément pris pour cible par la police ».
Des
attaques systématiques qui n’ont pour but que de bâillonner les
mouvements populaires et de mettre au pas la presse qui pourrait
apporter quelque crédit à la révolte.
Capitaine Martin http://www.resistance-politique.fr
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