A propos de l'Auteur
Le 25 février, dans sa chronique hebdomadaire du Monde, « Les yeux ouverts sur la Syrie »,
Caroline Fourest écrit : « D’après
Al-Arabiya, des opposants au régime iranien affirment que
leur gouvernement a fourni un four crématoire à son allié syrien.
Installé dans la zone industrielle d’Alep, il tournerait à
plein régime… Pour brûler les cadavres des opposants ? »
On ne présente plus Caroline Fourest, porte-parole de
l’islamophobie « de gauche », toujours soucieuse d’équilibre et de
raison, surtout quand il s’agissait de justifier
les dictatures égyptienne ou tunisienne. Depuis, elle est partie
en guerre contre le président Moncef Marzouki et le gouvernement tunisien avec une hargne qu’elle n’a jamais eue contre la dictature de Ben Ali.
Mais revenons à son « information » sur la Syrie. Un four
crématoire ? Si, comme cela est évident, l’information est fausse (à
supposer qu’il veuille en construire un, le
gouvernement syrien a-t-il vraiment besoin de l’aide de
Téhéran pour ce faire ?), elle pourra répliquer : mais j’ai pris mes
précautions, j’ai cité une source. Le problème,
c’est qu’un journaliste doit recouper ses sources et se
demander pourquoi Al-Arabiya, chaîne inféodée à l’Arabie saoudite publie
une telle « information ». Et qui est le
groupe d’opposants iraniens ? Elle ne le dit pas. Est-ce
que ce sont les Moudjahidin du peuple ? Constituent-ils une source
crédible ?
Un four crématoire fait évidemment penser au génocide
nazi. En reprenant ces termes, Fourest sait qu’elle facilite
l’équation : régime iranien = régime nazi, ce qui est le discours
de tous ceux qui préparent une intervention militaire
contre « le nouvel Hitler ».
Ironiquement, dans la page d’à côté du quotidien est
publié un billet de Michaël Szadkowski, « Syrie : la guerre des
commentaires », repris, sous une autre forme, par le blog Rezonances, celui des médiateurs du Monde.fr
Il dénonce, à juste titre, la propagande du régime syrien,
dont l’outrance est patente. « Au Monde.fr, nous ne sommes pas dupes
non plus, devant ce nouveau cas de remise en cause
du travail traditionnel des journalistes. Les stratégies
de communication du régime de Bachar Al-Assad sont élaborées au plus
haut niveau et visent à discréditer l’opposition syrienne
en faisant passer le plus largement possible le message :
il s’agit de “bandes armées” terroristes ». Mais si cette propagande est
outrancière, cela justifie-t-il toute action
de l’opposition ? L’occultation de l’usage de la violence,
y compris confessionnelle, par certaines de ses composantes ? La
propagande de certaines forces d’opposition ?
Et que pense le médiateur du Monde de cette
« information » sur le four crématoire ? Et-ce une information « dégagée
de toute idéologie » comme l’est,
paraît-il, celle du monde.fr ?
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