«Il y a un précédent d’un écrivain
français déclenchant une guerre, c’est celui de Chateaubriand.
Chateaubriand ou Malraux». Bernard Henry Lévy, in «La guerre sans
l’aimer», Edition Grasset- Novembre 2011, récit de l’exposition
médiatique du philosophe au printemps 2011 en Libye.
André Malraux côtoyait De Gaulle et murmurait à l’oreille du cheval.
Il tonnait le verbe, commandait l’action, catapultait l’enthousiasme.
Bernard Henry Lévy, son De Gaulle à lui,…. C’est Moustapha Abdel Jalil,
le ministre tortionnaire de la Justice de Kadhafi, l’ordonnateur des
exécutions des activistes libyens et de l’incarcération des infirmières
libyennes. Il tutoie Nicolas Sarkozy, se contorsionne sur les plateaux
de télévisons et verrouille de son promontoire éditorial le réseau de
ses laudateurs.
Chacun son style. Chacun conforme à sa dimension, conforme l’auditoire à ses ambitions.
Entre l’homme d’action et le rhéteur mondain, il existe une
différence d’échelle, celle qui distingue un homme de légende d’un
successeur présomptueux, celle qui démarque un personnage historique,
d’un nouveau philosophe en quête septuagénaire d’une gloire narcissique
(1).
Commandant de l’escadrille España en 1936-1937, commandant de la
brigade Alsace-Lorraine en 1944-1945, engagé volontaire au sein des
brigades internationales, Malraux, légendaire colonel Berger, vivra au
quotidien sa «condition humaine». Avec panache, face aux Spitfire
allemands dans le ciel de la guerre d’Espagne, pour la défense de la
République face au fascisme, pour la mémoire du philosophe Miguel De
Unamuno, Recteur de l’université de Salamanque assassiné par les
franquistes (2). Pour «l’Espoir» (3). Dans les Vosges, en Alsace en
soutien à la première armée française pour la prise de Dannemarie, de
Strasbourg et de Colmar. Dans les rangs des partisans, sur le plateau
des Glières face à l’une des premières divisions cuirassées de l’empire
hitlérien, la division Das Reich.
Sa règle de vie, le philosophe du botulisme l’a officialisée dans son
œuvre majeure, «La Règle du Je». Egotique et prémonitoire règle -«du
jeu» ?- qui déploie mensuellement la fatuité vaniteuse du plus en vue
des chroniqueurs plagiaires germanopratins (4).
I- La Libye, point d’évacuation du contentieux para matrimonial entre Nicolas Sarkozy et Bernard Henri Lévy
La Libye, sa 4eme tentative pour forcer les portes du Panthéon
médiatique, aura été la bonne. En Afghanistan, sa rencontre imaginaire
avec le Commandant Massoud Shah l’avait couvert de ridicule. En Bosnie,
son œuvre cinématographique a sombré dans la platitude. En Géorgie, sa
couverture des hostilités, loin du champ de bataille, débusqué aux
arrières des lignes, achèvera de le discréditer en même temps que ses
papiers d’un genre nouveau sur le plan journalistique, le tourisme de
guerre.
La Libye fut sa bouée de sauvetage, sa planche de salut. 42 ans d’un
règne calamiteux et abusif, un soulèvement populaire arabe prenant de
revers l’ensemble de la doxa officielle occidentale, la volonté de
revanche d’un orgueil bafoué par les plus récents hôtes obséquieux d’un
dictateur erratique, le rêve de grandeur d’un président calamiteux à la
recherche d’un trophée compensatoire à la brillante prestation
diplomatique onusienne lors de la guerre d’Irak de son preux
contestataire qu’il promettait de pendre aux «crocs d’un boucher», les
appétits aiguisés par l’or noir d’Européens en période de crise
endémique de l’endettement occidental…. La cause était entendue, la
proie facile.
La Libye fut son Austerlitz, sans son soleil. Sous le regard amusé
des téléspectateurs de la planète, L’homme sera publiquement écarté à
deux reprises de la tribune d’honneur célébrant les festivités de la
victoire, lors de la visite à Benghazi, du tandem franco anglais David
Cameron-Nicolas Sarkozy.
La Libye sera aussi L’Austerlitz de son interlocuteur: Nicolas
Sarkozy. La Libye sera, de fait, le point d’évacuation du contentieux
para matrimonial entre Nicolas Sarkozy et Bernard Henri Lévy, entre
l’époux de la «chipeuse» et le père de la victime (5).
Sur les malheurs du peuple libyen, Nicolas Sarkozy a en effet scellé
sa réconciliation avec le théoricien de la guerre humanitaire, purgeant
un contentieux souterrain para matrimonial, à la faveur d’un indécent
ballet diplomatique, couvrant de ridicule la France, en contournant le
nouveau ministre des Affaires étrangères, le gaulliste Alain Juppé,
supposé restaurer le prestige terni de la diplomatique française.
«Juppé… On se souvient de la façon dont il s’est conduit au moment de
la Bosnie, puis du Rwanda, il sera forcément contre cette histoire
libyenne. Il ne serait pas Juppé s’il n’était pas contre. Si je peux me
permettre un conseil: tout faire depuis ici, à travers la cellule
diplomatique, et ne rien dire à personne -garder le secret, même pour
Juppé», chuchotera l’intrigant à l’oreille présidentielle complaisante,
ravie de jouer un mauvais tour au «meilleur des compagnons chiraquiens».
Instrumentalisant l’opposition libyenne sur fond de gesticulation
médiatique, au risque de la délégitimer, au risque de replacer le peuple
libyen sous la tutelle de pays occidentaux qui se sont forts peu
préoccupés de sa liberté sous la mandature Kadhafi, le tandem Sarkozy
BHL a fait du théâtre libyen une kermesse, distribuant des satisfactions
d’amour propre aux principautés pétrolières en compensation de
gracieusetés dont elle a bénéficié de sa part. L’implication d’un des
chefs de file majeur de la stratégie médiatique israélo-américaine sur
le théâtre européen dans le changement démocratique en Libye a bridé
l’adhésion populaire arabe à l’opposition anti Kadhafi et quelque peu
obéré sa crédibilité.
Sautant d’avion en avion du Caire à Benghazi, monopolisant les
plateaux de télévision pour glaner les lauriers de sa diplomatie
volante, usant pour ce faire d’audaces verbales, Bernard Henry Lévy,
échevelé, livide au milieu des tempêtes, se démasquera sur le point
focal de sa pensée médiatique: le problème palestinien.
La réconciliation inter palestinienne, sous l’égide de l’Egypte post
Moubarak, fera l’effet d’une catharsis sur le personnage, le plongeant
dans une rage folle en ce qu’elle constituait une menace pour Israël.
Une charge véhémente de haine recuite, laissant s’échapper, sous des
dehors policé, sa grossièreté légendaire: «Ah ! Les cons» (sur un Munich
palestinien) Mais comment peut-on être aussi «con»?, s’exclamera-t-il
dans les colonnes de sa revue «La Règle du jeu», dont l’écho dupliqué
sera repris par l’hebdomadaire «Le Point».
Quant à son nouveau compère présidentiel, il usera de l’esbroufe pour
récupérer, à tout le moins médiatiquement, les révolutions arabes dans
une honteuse tentative de son entourage visant à accréditer l’idée d’une
France en symbiose avec les meneurs de la révolution arabe, alors
qu’elle révélera la confusion mentale des dirigeants français.
Détail piquant, l’opération a été menée par Valérie Hoffenberg,
proche collaboratrice du chef de l’état français et dirigeant de
l’«American Jewish Committee», en somme la personne la moins indiquée
pour une telle tentative en ce qu’elle symbolisait mieux que tout la
connivence de Nicolas Sarkozy avec le lobby pro-israélien.
Dans une démarche d’une prétentieux invraisemblable, la responsable
tentera d’inviter les jeunes meneurs de la révolution égyptienne pour
une session de formation aux rouages de la démocratie française, se
faisant vertement rabrouer, comme auparavant avant elle Hilary Clinton,
en personne, la secrétaire d’état américain.
Le récit de cette pitoyable aventure a été publié dans la revue
«Inrokuptibles» vendredi 13 Mai 2011, sous le titre «Comment les héros
de la révolution égyptienne ont jeté l’UMP».
Le projet de «former les Egyptiens à la démocratie», alors que les
Egyptiens venaient de mener l’une des premières révolutions pacifiques
du XXI me siècle, par des moyens les plus démocratiques, révèle à tout
le moins la désinvolture française, sinon la morgue de ses dirigeants,
si préjudiciable au bon renom de la France, qui explique une part de son
collapsus.
II- Le Darfour, un contre feu médiatique à Gaza-Palestine
La souffrance, pour cet ancien conseiller de la candidate socialiste
aux élections présidentielles françaises, Ségolène Royal, relève d’une
construction intellectuelle et constitue la marque d’un tropisme
sélectif occidental à l’égard de l’Islam, la tendance dominante de
l’intelligentsia parisienne. Un tropisme qui conduira en France chaque
notabilité intellectuelle à disposer de sa minorité protégée, comme la
marque de la bonne conscience chronique de la mauvaise conscience, comme
une sorte de compensation à son trop grand désintérêt pour les
Palestiniens, compensant son hostilité aux revendications du noyau
central de l’Islam, la Palestine et le Monde arabe, par un soutien à
l’Islam périphérique.
Il en est ainsi du philosophe André Glucksmann pour les Tchétchènes,
quand bien même son nouvel ami le président Nicolas Sarkozy, est devenu
le meilleur ami occidental du président russe Vladimir Poutine. Ill en
est aussi de Bernard Kouchner, pour les Kurdes, ces supplétifs des
Américains dans l’invasion de l’Irak, pour le Darfour, le Biafra et la
Birmanie.
Au point qu’un journaliste anglais Christopher Caldwell en déduira dans
la prestigieuse revue London Review of Books que cette prédilection
pour les zones pétrolifères stratégiques de «l’humanitarisme
transfrontière asservit les intérêts de la politique étrangère française
à ceux des Etats-Unis et que l’humanitarisme militarisé du transfuge
néo sarkozyste n’est qu’une forme de néo conservatisme larvé».
Il en est enfin de même de Bernard Henry Lévy, pour le Darfour, quand
bien même son entreprise familiale est mentionnée dans la déforestation
de la forêt africaine. Le fait de privilégier le Darfour et non
l’enclave palestinienne de Gaza, -un cas de figure en tout point
transposable à la province sécessionniste du sud Soudan-, trouverait sa
justification médiatique et non morale par le fait que le Darfour a fait
office de contre feu médiatique au prurit belligène d’Israël contre le
Liban et la Palestine.
Nullement le fait du hasard le fait qu’une conférence sur le Darfour
ait été convoquée en toute hâte, en juillet 20O6, à Paris, par Bernard
Henry Lévy et Jacky Mamou, ancien dirigeant de «Médecins sans
frontières», trois jours après le déclenchement de la guerre de
destruction israélienne contre le Liban dans une tentative de
détournement de l’opinion publique européenne sur les agissements
israéliens à Beyrouth.
Contrairement à Gaza, sous blocus israélien depuis cinq ans, le Darfour
a bénéficié d’une sur médiatisation sans rapport avec la réalité du
drame humain qui s’y joue en raison vraisemblablement de sa conformité
avec la stratégie de balkanisation de l’Afrique et du Moyen Orient et
des liens de proximité entre Israël et M. Abdel Wahed Nur, chef de la
Sudan Liberation Army (SLA), un proche de Bernard Kouchner.
Parangon du droit d’ingérence humanitaire, le tandem Kouchner Lévy a
toujours prôné les interventions au Kurdistan, en Tchétchénie au
Darfour, mais jamais en Palestine, particulièrement à Gaza où aucune
aide gouvernementale française, humanitaire, médicale voire même
alimentaire, n’y a été dépêchée après sa destruction par Israël, en
janvier 2009, illustration caricaturale de l’instrumentalisation du
Droit et de la Justice au service des visées hégémoniques du camp
israélo-occidental. Au-delà de la Palestine, le Darfour sous tend la
lutte d’influence que se livrent Chinois et Occidentaux pour la maitrise
des sources d’énergie. S’éclairent dans cette optique les engagements
successifs de BHL tant au Soudan qu’en Libye ou ailleurs (6).
III- Un atlantisme au service de son engament sioniste
L’homme qui menaçait de ses foudres le général Omar Al Bachir du
Soudan, en mars 2007, promettant la victoire aux Darfouris, aura été
mutique à un moment charnière de l’ingérence humanitaire, l’assaut naval
israélien contre une flottille de pacifistes européens, en pleine zone
maritime internationale, le 31 mai 2010, illustration symptomatique de
ses dérives et de sa démagogie. En un mot de sa mystification.
Que n’a-t-il exigé, en ce moment-là, la levée du Blocus de Gaza comme
celui du Darfour? Exigé le percement d’un corridor reliant l’enclave
soudanaise à l’enclave palestinienne? Réclamé la comparution en justice
des criminels israéliens avec la même vigueur qu’il réclamait celle des
criminels soudanais? Sceller, en somme, dans l’ordre symbolique, et la
communauté de destin des suppliciés de l’humanité, et la cohérence de
son combat. Imprecator tout au long de sa carrière, l’homme s’est
dévoilé Matamore en fin de carrière.
Mutique en Palestine comme auparavant à propos des pétromonarchies
arabes du Golfe, actif néanmoins contre l’Iran et la Syrie, signant par
la même et son alignement atlantiste et son engagement sioniste.
Sur les sentiers de la liberté Malraux a atteint les chemins de la
gloire. Revendiquant une postérité historique, BHL, sur les traces
d’Alexis de Tocqueville, déroulera, en guise de récit, un diaporama de
clichés éculés. «En plus de 300 pages, BHL écrit comme un étudiant qui
fait du remplissage, avec une tendance à l’abus de questions rhétoriques
(..), symbole des écrivains français, généralement «courts sur les
faits et longs sur les conclusions», l’exécutera sans ménagement le New
York Times (7).
La Libye, son Austerlitz, sera aussi son Waterloo, au vu des piètres
résultats de son exposition médiatique du printemps. Ah le résultat
calamiteux: Mobiliser l’OTAN, le Charles de Gaulle, les Rafales, pour
instaurer la Chariah. Démembrer le Soudan et mettre la main sur la Libye
afin de couper le ravitaillement énergétique de la Chine pour finir par
mendier à cette même Chine cinquante milliards de dollars pour
renflouer l’Euro….Point n’était besoin de faire normal sup pour
déboucher sur de tels piètres résultats. De plein fouet l’effet
boomerang aura atteint ce stratège en chambre.
«Islam des lumières versus Islam des ténèbres» dans ses diverses
variantes est sa ritournelle favorite pour masquer son engagement
impérialiste. «La culture de la vie versus la culture de la mort»,
«l’axe de la modération contre l’axe de l’intolérance», dans la même
veine, se révéleront, en fin de compte, comme autant de déclinaisons
d’une même face, celle qui exalte la logique de la vassalité à l’ordre
israélo américain, face à la contestation de la logique de la
soumission. Un enfumage conceptuel. Un bobard. Un truc de
roman-enquêteur en somme.
«Seigneur et maître des faussaires», dont le «moralisme se mue en
Maccarthysme», redoutable dans l’art d’exercer le «terrorisme
intellectuel», alors même que ses fiascos retentissants
disqualifieraient sur-le-champ bien moins omnipotent que lui» (8), BHL
est fort de la faiblesse de ses partenaires. Son gigantisme est le fruit
du nanisme de ses compagnons de route et de leur indigence mentale,
pitoyables arabes afghans de Bosnie et d’Afghanistan, déplorables arabes
de Libye, oublieux de la sentence du révolutionnaire Mirabeau, à savoir
qu’«Il existe quelqu’un de pire qu’un bourreau son valet (9).
Inoubliable, Malraux, en contrepoint, s’inclinant devant la mémoire
de Jean Moulin, «chef d’un peuple de la nuit», que nulle contorsion
médiatique, nulle enflure langagière ou nulle boursouflure
phraséologique ne sauraient égaler, ni occulter de la mémoire des
hommes, des mots à jamais graver dans la mémoire des peuples résistants:
«Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d’exaltation dans
le soleil d’Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège.
Entre avec le peuple né de l’ombre et disparu avec elle, nos frères dans
l’ordre de la nuit» (10). Malraux, en défenseur des faibles, était un
homme de son temps. BHL, dans le camp des puissants, un homme de l’Otan.
En Afghanistan, en Bosnie, en Libye. En Israël avec les colons contre
les Palestiniens spoliés.
Immarcescible ministre de la Culture du général de Gaulle, Malraux
c’était le verbe et l’action, un verbe magnifié par l’action, l’action
sublimée par le verbe. BHL, le verbiage, la posture et l’imposture.
Malraux, un homme de guerre et de Paix. BHL… un guère épais.
Références
1- Dans «La guerre sans l’aimer» (Grasset), BHL narre ainsi le récit
de son exposition du printemps 2011: «Il y a un précédent d’un écrivain
français déclenchant une guerre, c’est celui de Chateaubriand.
Chateaubriand ou Malraux….BHL évince Juppé pour se donner le beau rôle:
«On se souvient de la façon dont il s’est conduit au moment de la
Bosnie, puis du Rwanda, il sera forcément contre cette histoire
libyenne. Il ne serait pas Juppé s’il n’était pas contre. Si je peux me
permettre un conseil: tout faire depuis ici, à travers la cellule
diplomatique, et ne rien dire à personne -garder le secret, même pour
Juppé». Et voilà le ministre des Affaires étrangères sorti du jeu à la
demande de BHL. Il apprendra par la presse la reconnaissance du CNT par
la France. Ce qui occasionnera une menace de démission.
2– Dans un discours passé à la postérité, prononcé à l’université de
Salamanque le 12 octobre 1936, en présence de l’épouse du Caudillo, le
général Franco, entourée de généraux et de ministres, l’auteur du
«Sentiment tragique de la vie» était sommé en sa qualité de Recteur de
l’Université de Salamanque de prendre la parole à la cérémonie en
l’honneur de la Vierge du Pilar. Au général Milay Astray, le commandant
de la légion, qui venait de vociférer un discours haineux ponctué par
des cris «Viva la muerte» , « Mueran los intelectuales (Vive la mort. A
mort les intellectuels), Unamuno répondit en ces termes: «Vive la
mort….Je viens d’entendre un cri morbide … Cette université est le
temple de l’intelligence. Et je suis son grand prêtre. C’est vous qui
profanez son enceinte sacrée. Vous vaincrez parce que vous disposez de
la force brutale; vous ne convaincrez pas car il vous manque la raison.
Je considère comme inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne. J’ai
terminé ». Et il quitta l’estrade dans un silence de mort avant d’être
prestement évacué sous les insultes des phalangistes. Assigné à
résidence, Miguel de Unamuno mourut peu après de dégoût.
3 «La condition humaine » et «l’Espoir» sont deux titres d’ouvrage d’André Malraux.
4- Plagiat et Bidonnage: Thierry Ardisson, Eric Zemmour, Calixte
Belaya, Alain Minc… Tous ont défrayé la chronique pour des soupçons de
plagiat. Certains d’entre eux ont même été condamnés.
Selon Hélène Maurel-Indart, auteur de « Plagiats, les coulisses de
l’écriture », le cas de la biographie est particulièrement délicat, «un
genre sensible, une cible privilégiée pour les candidats aux plagiats et
les écrivains pressés ». Les rares auteurs condamnés pour des faits de
contrefaçon partielle sont pour beaucoup des auteurs de biographies.
Henri Troyat, Alain Minc et PPDA. Autre constat: les écrivains connus,
notamment dans d’autres sphères que la littérature, sont très appréciés
par les maisons d’éditions. Mais, faute de temps, ces mêmes auteurs ont
souvent recours à des collaborateurs, autrement dit, « des nègres ».
« Pour des raisons commerciales, les maisons d’édition ont besoin que
leurs auteurs vendeurs produisent régulièrement des best sellers. Or les
auteurs concernés, pour certains d’entre eux, n’ont pas le temps ou
l’inspiration. Certaines maisons proposent donc des ‘collaborateurs’. Ce
système existe et entraîne des dérapages quand le signataire n’est plus
l’auteur à part entière de son ouvrage ; et qu’il ne fait que relire et
retoucher. Donc, la notion d’auteur est diluée », analyse Hélène
Maurel-Indart.
Voici quelques exemples de personnalités soupçonnées de plagiat.
Alain Minc, « Spinoza, un roman juif »: Le conseiller politique de
Nicolas Sarkozy et ancien Président du Comité de surveillance du journal
Le Monde, a été condamné en 2001 à verser 15.250 euros de dommages et
intérêts à Patrick Rödel, l’auteur de « Spinoza, le masque de la
sagesse ».
Jacques Attali: plagier un livre qui n’est pas sorti ! Coup de maître.
Dans les années 1990, Jacques Attali a pompé des entretiens de François
Mitterrand réalisés par le prix Nobel de la Paix, Elie Wiesel.
L’économiste assistait aux entrevues. Jacques Attali a inséré 43
extraits de ces audiences dans son ouvrage Verbatim, en modifiant les
dates et les lieux. Les éditions Odile Jacob ont assigné Attali devant
les tribunaux pour concurrence déloyale, elles ont été déboutées de leur
demande.
Eric Zemmour, « Le premier sexe », est soupçonné d’avoir plagié Alain
Soral dans son essai sur la féminisation de la société, paru en 2006.
En effet, sept ans avant, Alain Soral avait écrit « Vers la
féminisation ». Le journaliste Eric Zemmour a toujours nié ces
accusations et assure : « Je ne l’avais pas lu son livre ».
Thierry Ardisson, « Pondichéry », a reconnu avoir fait du plagiat dans
son ouvrage paru en 1994. « C’est une connerie, c’est vrai. J’ai piqué
70 lignes sur un bouquin de 300 pages ». Mais en 2005, une enquête de
Jean Robin, révèle que l’animateur aurait plagié plusieurs ouvrages,
soit au total près de 60 pages. Son ouvrage a été retiré de la vente par
Albin Michel.
Calixte Beal, multirécidiviste, s’est fait épingler à plusieurs
reprises pour des affaires de plagiat. Dans son ouvrage « Le petit
prince de Belleville », publié en 1992 par Albin Michel, elle reprend
une quarantaine de passages du livre d’Howard Butent, « Quand j’avais
cinq ans, je m’ai tué » (Seuil, en 1981). En mai 1996, le tribunal de
grande instance de Paris la condamne pour « contrefaçon partielle ».
Après l’affaire de plagiat qui a ébranlé Patrick Poivre d’Arvor,
c’est au tour de Michel Drucker d’être pris dans la tourmente d’une
affaire similaire. Les faits remontent à 2005. L’animateur télé demande à
son ex-compagne, l’écrivaine Calixte Beyala, d’écrire un livre à sa
place. Un livre d’entretien où Michel Drucker devait répondre aux
questions de Régis Debray. Finalement, c’est Calixte Beal qui aurait
rédigé les 12 réponses, mais sans n’avoir jamais reçu les 200.000 euros
qui lui avaient été promis. En cause ? L’ouvrage commandé par les
éditions Albin Michel à Michel Drucker n’a jamais été publié.
L’animateur de télévision a été condamné par la cour d’appel de Paris à
verser 40.000 euros à son ex-compagne. Michel Houellebecq: « La Carte et
le territoire »Plusieurs passages du dernier Houellebecq sont empruntés
à l’encyclopédie en ligne Wikipédia, comme le révèle Slate.fr.
Interrogé par BibliObs.com, l’écrivain s’était défendu de tout
copiés-collés préférant parler d’un « genre de patchwork ».
Bidonnage à TF1 : non, ce n’est pas la première fois !Chacun sait
désormais que le reportage diffusé pendant le journal télévisé (JT) de
13 heures de TF1, le 23 juin, au sujet du Contrat de responsabilité
parentale mis en place par le Conseil général de Nice, était un
bidonnage. En y revenant de nouveau aujourd’hui, on ne voudrait pas
donner l’impression de s’acharner sur qui que ce soit. Telle n’est pas
l’intention et nous avons mieux à faire. Seulement voilà : dans son
édition du 27 juin, le présentateur-vedette du JT de 13 heures –
Jean-Pierre Pernaut – est revenu que cette affaire. Présentant les
excuses de la chaîne de télévision, il a dit ceci: «Nous sommes
sincèrement désolés de ce manquement inadmissible au sérieux, à
l’éthique et à la déontologie de l’information. C’est la première fois
dans l’histoire de nos journaux». Tous les mensonges ont beau être
insupportables, ils ne méritent pas tous d’être relevés. Mais le poids
de la télévision est tel dans la société française contemporaine (le JT
de 13 heures de TF1 serait regardé par 7 millions de téléspectateurs
dans ses meilleurs jours), qu’on ne saurait laisser passer celui-là sans
réagir. De fait, ce n’est absolument pas la première fois que TF1
diffuse des reportages bidonnés. Au contraire, la liste est longue.
C’est ce que rappelle avec humour le «décrypteur d’images télé»
Christophe Del Debbio.
De la fausse interview de Fidel Castro par Patrick Poivre D’Arvor en
décembre 1991 au pseudo «reportage exclusif» sur le Pape présenté par
Laurence Ferrari en avril 2011, en passant notamment par les multiples
séquences où l’on a fait jouer le film de leurs propres exploits à des
policiers ou des gendarmes, la liste est vraiment longue et elle vaut le
détour. Non pas pour dénigrer une chaîne de télévision en particulier
(TF1 n’a pas le monopole du bidonnage), mais par simple goût de la
vérité.
http://insecurite.blog.lemonde.fr/2011/06/30/bidonnage-a-tf1-non-ce-nest...
5- Carla Bruni, épouse du président Nicolas Sarkozy, avait été
auparavant, la compagne du philosophe Jean Paul Enthoven, ami de BHL.
Lors d’un séjour de vacances à Marrakech, dans la propriété de BHL,
Carla est tombée amoureuse du propre fils de son compagnon, Raphaël
Enthoven, à l’époque marié avec la propre fille de Bernard Henry Lévy,
Justine Lévy, qui narrera ses déboires conjugaux dans un ouvrage
intitulé «Rien de grave». (Editions Stock 2004). Carla Bruni et Raphael
Enthoven ont eu un enfant, Aurélien, Bernard Henry Lévy, quant à lui,
avait soutenu Ségolène Royal, la rivale socialiste de Nicolas Sarkozy,
lors des dernières élections présidentielles françaises, en 2007.
6 – Via l’Iran, le Soudan et l’Arabie saoudite, la Chine vise à
sécuriser son ravitaillement énergétique de l’ordre de dix millions de
barils/jour en 2010, en vue de soutenir sa croissance et de réussir
l’enjeu majeur de sa diplomatie attractive, le développement sud-sud. La
croissance exponentielle des besoins de la Chine pourrait exacerber la
tension sur les cours du brut et les marchés pétroliers fragilisant
davantage les économies occidentales déjà déstabilisées par
l’effondrement du système bancaire et la crise de l’endettement
européen.
Le commerce bilatéral Chine Afrique a été multiplié par 50 entre 1980
et 2005, quintuplant entre 2000 et 2006. Avec 1.995 milliards de dollars
de réserve de change, une main d’œuvre bon marché exportable, une
absence de passif colonial, la Chine, qui a déjà supplanté la France en
Afrique, se pose en puissance mondiale. Premier détenteur de bons de
trésor américain, de l’ordre de 727 milliards de dollars, devant le
Japon (626 milliards de dollars), la Chine y a déjà adopté le ton,
invitant, le 13 mars, les Etats-Unis à «honorer ses engagements, à se
comporter en une nation en qui on peut avoir confiance et à garantir la
sécurité des liquidités chinoises », dans une admonestation jamais subie
par la puissance américaine (7). Dans cette perspective, des stratèges
occidentaux n’hésitent pas à prédire un affrontement majeur entre la
Chine et les Etats-Unis pour le leadership mondial, à l’horizon de l’an
2030.
7 – « American vertigo»Quand la presse américaine croise le fer avec
Bernard-Henri Lévy Article paru dans l’édition du 10.02.06 «American
Vertigo», récit du séjour de l’écrivain sur les traces de Tocqueville,
cible de nombreux chroniqueurs américains. Le New York Times s’y est
pris à deux fois pour exécuter Bernard-Henri Lévy et son vertige
américain. La première salve a été tirée avec verve et cruauté, en «une»
de son supplément littéraire, le 29 janvier 2006, par une figure très
populaire aux Etats-Unis, Garrison Keillor, un romancier, humoriste et
animateur de «Home Prairie Companion» sur la radio publique.
Pour lui, American Vertigo (Grasset éd.), le récit du voyage de BHL
sur les traces de Tocqueville, publié en langue anglaise avant de l’être
en français, est une succession de lieux communs, qui «n’a aucune
raison d’exister en anglais». Il enfonce le clou: «En plus de 300 pages,
personne ne raconte une blague. Personne ne travaille vraiment.
Personne ne s’assoit pour manger et apprécier sa nourriture? Vous avez
vécu toute votre vie en Amérique, sans jamais aller dans une méga Church
ou un bordel, vous n’avez pas d’armes, n’êtes pas amish, et il vous
apparaît qu’en fait ce livre est au sujet des Français». Bernard-Henri
Lévy «écrit comme un étudiant qui fait du remplissage», avec une
tendance à l’abus de questions rhétoriques: «Est-ce comme ça que les
Français parlent, ou réservent-ils ça aux livres sur l’Amérique?» En
tant que symbole des écrivains français qui «sont courts sur les faits
et longs sur les conclusions», BHL est habillé pour l’hiver. Mais le
costard est taillé à la «une» du supplément, très rarement réservée à un
intellectuel français. Une semaine plus tard, le quotidien a remis le
couvert dans le cahier Arts, sous la plume de William Grimes, ancien
chroniqueur culinaire du quotidien. Le critique reconnaît que
Bernard-Henri Lévy a du cran, et «de temps en temps» une pensée
éclairante et un regard acéré. Mais «il y a de nombreux moments,
voyageant en voiture avec lui, où vous avez envie de lui dire de la
fermer cinq minutes et de mieux regarder le paysage». Au final, il juge
l’auteur « paresseux » et les chaussures de Tocqueville trop grandes
pour BHL. Le Los Angeles Times, USA Today ou le Seattle Times sont
également très réservés.
Pour aller plus loin, Cf.
http://www.monde-diplomatique.fr/2006/03/MORGAN/13270
8- Pascal Boniface in «Les Intellectuels faussaires» de Pascal
Boniface. Editions JC Gausewitch, Mai 2011, page 247. Le manuscrit a été
refusé par 14 éditeurs.
9 – Honoré Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau, a été un
révolutionnaire français. Surnommé l’Orateur du peuple, il reste le
premier symbole de l’éloquence. Auteur, en 1776, d’un « Essai sur le
despotisme », il y dénonce l’arbitraire du pouvoir royal: «le despotisme
n’est pas une forme de gouvernement, s’il en était ainsi, ce serait un
brigandage criminel et contre lequel tous les hommes doivent se liguer».
Condamné à mort par contumace, puis extradé et emprisonné au château de
Vincennes de 1777 à 1780, Il y écrivit des lettres, publiées après sa
mort sous le titre de Lettres à Sophie, chef d’œuvre de la littérature
passionnée ainsi qu’un virulent libelle contre l’arbitraire de la
justice de son temps, « Des Lettres de cachet et des prisons d’État.
10 – Discours d’André Malraux lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon le 19 décembre 1964
http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/dossiers/malraux2006/disco...
BHL, L’homme des Ides de Mars : Ce papier est
co-publié dans le N°2 de la revue trimestrielle «Les Zindignés», la
revue des résistances et des alternatives dirigée par le philosophe Paul
Ariès.
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