Il
a raison Bouteflika, d'une certaine manière, de dire que les prochaines
élections sont aussi importantes que le 1er Novembre 1954.
Un régime aux abois...
Oui il a raison, et tout le régime avec lui, qui s'affole et ratisse
large, en tentant de corrompre de larges couches de la population, pour
les inciter à ne pas suivre les mots d'ordre de Boycott, lancées par la
véritable opposition, celle d'un peuple en marche, et non plus les
vagues murmures d'une opposition maison, qui hésite et tergiverse, avant
de tomber dans les bras d'un régime qui la méprise autant qu'il
l'utilise, et tout autant qu'il l'entretient..
Bouteflika, et son régime ont raison, en effet, de craindre le pire,
non pas pour le pays, mais pour leur propre survie à la tête de ce
malheureux pays, qu'ils séquestrent impunément, depuis l'indépendance
chèrement acquise, mais jamais exercée par le peuple, dont ils pillent
les richesses, et qu'ils mènent tout droit au chaos, puisque ce pays
tout entier ne vit que sur ses ressources hydrocarbures. (98% des
recettes du pays proviennent de la vente du pétrole et du gaz)
Bouteflika et son régime, qui poussent le mépris qu'ils ont pour ce
peuple jusqu'à le menacer d'une intervention de l'OTAN, si'il ne se rend
à leurs urnes savent qu'une abstention massive, pour ces consultations
en particulier, sonnerait comme un glas pour leur mainmise sur le
pouvoir en Algérie. Ils le savent, parce que leurs partenaires
occidentaux, et les Américains en particulier, le leur ont clairement
signifié. Finie la complaisance sans limite! Le printemps des peuples,
quoiqu'en disent les uns et les autres, car c'en en est, ne leur en
déplaise, a bouleversé les sempiternelles données. Les peuples se sont
réellement dressés contre l'oppression, bien que maladroitement, bien
qu'anarchiquement, et malgré les récupérations fulgurantes qui les ont
souvent bridés, malheureusement canalisés, conditionnés, et divisés.
Mais pour les puissances occidentales, et les forces noires qui les
dirigent d'une main tremblante désormais, il n'est plus question
d'improviser. Il n'est plus question de prendre les trains en marche, ni
de laisser ouvrir toutes ces boîtes de pandore. A fortiori que le
système capitaliste mondial est en fin de ressources, que de profonds
bouleversements vont l'affecter de manière parfois incontrôlable pour
lui.
L'empire se redéploie !
Et ces forces sont encore plus déterminées à siffler la fin de la
récréation que la contagion de ce printemps des peuples commençait à
s'étendre jusques au coeur même de leurs propres pays. Jusqu'à la City.
C'est dans un tel contexte, et dans le cadre d'objectifs planétaires,
que ceux qui dirigent le monde ont pris, ou plutôt repris en main les
destinées des peuples qui s'agitent et donnent des signes de vouloir
changer leur triste sort.
Les Américains sont dans une guerre, qui ne dit pas son nom, avec la
Chine. Et le Maghreb, comme le reste du continent africain, en est
devenu un champ de bataille, où l'issue de cet affrontement silencieux,
mais non moins redoutable, sera éminemment décisive pour l'avenir. Le
continent noir, où d'énormes réserves hydrocarbures attendent leur tour
d'être exploitée par les maîtres du monde, sont une place à prendre pour
les Chinois, dont l'expansion multidimensionnelle a besoin de bases
énergétiques un tant soit peu exclusive. Et ils savent que leur
pénétration dans ce continent tout entier doit se faire sur plusieurs
fronts, de mille et une manière, et en usant de procédés nouveaux, quasi
inusités. De leur côté, les Américains ne peuvent se permettre de
laisser faire la Chine. Ce serait pour eux une défaite stratégique sans
précédent, et le commencement d'un déclin pourtant annoncé, mais qu'ils
retarderont autant qu'ils le pourront. Et pour eux, en la matière,
l'Algérie est devenue un pivot stratégique, le pôle central du Maghreb,
et leur futur gendarme du Sahel. Et ils ne veulent plus de mauvaises
surprises, par conséquent, comme celle de la Tunisie, où ils ont été
contraints d'improviser, et de prendre les évènements en marche.
Ils ont laissé une chance au régime algérien, de leur démontrer qu'il
contrôle ses populations, en faisant participer celles-ci aux
prochaines élections législatives, à un minimum de 40%, avec la
participation du FFS, et la présence d'observateurs internationaux. Ce
sont là les propre conditions des Américains.
Cette consultation aura, en la circonstance, pour les Américains,
valeur de test pour évaluer les capacités du régime algérien, et pour
celui-ci, un examen de passage qui décidera de son propre sort. Un test
fiable, qui déterminera par conséquent s'ils continueront à faire
confiance à ce régime, où à exiger son départ, en même temps qu'ils
mettront en place les mécanismes pour s'assurer la désignation de ceux
qui seront appelés à le remplacer.
C'est pour cela que ce régime se décuple, qu'il redouble d'efforts,
qu'il multiplie ses contacts, et qu'ils dépense des milliards de
dollars, pour acheter la participation des "foules", pour reprendre son
propre jargon.
Chasser le régime, et refuser le diktat de ses maîtres !
Lors des précédentes élections, celles qui ont désigné l'actuel
Parlement, le taux de participation a avoisiné les 30%, dont 10% de
bulletins nuls, de l'aveu du régime lui-même. Mais à l'époque le
contexte était différent, et le régime n'a pas été gêné le moins du
monde, pour valider des élections qui désignaient pourtant le parlement
le moins représentatif du monde. Ils l'ont même utilisé, pour violer la
Constitution du pays, et annuler l'article qui limitait l'exercice de
l'Institution présidentielle à deux mandats. Ce Parlement des
copains-coquins, qui ne représentait même pas le cinquième de
l'électorat, a ainsi obéi à l'injonction du régime qui l'a mis en place,
et à permis au président sortant de briguer un troisième mandat, avec
un mépris pour le peuple algérien qui confinait à celui que les colons
du 19eme siècle avaient pour les indigènes qu'ils expropriaient, où
qu'ils enfumaient, indifféremment.
Aujourd'hui ce serait peu dire que d'affirmer que le peuple algérien
est à la croisée des chemins. Selon qu'il opte pour la participation à
ces élections où à leur boycott, il s'engagera, dans une voie qui
décidera durablement de son destin. En allant voter, il aidera ses
propres bourreaux, ceux qui mènent sont pays à la ruine, à se maintenir à
sa tête, et à continuer à piller ses ressources.
La fringale de ce régime à dévaster le pays, et à le conduire vers
une impasse économique d'où ne sortira pas entier le peuple algérien
s'explique par le fait que les barons du régime sont les premiers à
savoir que leur gestion ne peut conduire qu'à une explosion annoncée du
pays. C'est pour cela qu'ils mettent les bouchées doubles, et qu'ils
placent les milliards de dollars qu'ils ont subtilisés au peuple
algériens dans des pays lointains, où ils iront se retirer, avec toute
leur engeance, leurs clientèles et leurs parentèles, le jour où le pays
sombrera dans le chaos, à Dieu ne plaise. Ce qui est malheureusement
inéluctable, avec une telle gestion du pays.
Mais si le peuple algérien se mobilise massivement, qu'il renoue avec
ses vertus de courage et d'honneur, avec la maturité politique de ses
pères fondateurs, et que ses élites parviennent enfin à se dégager de
l'immobilisme honteux dans lequel le régime les a assignées, il faudra
qu'il se prépare alors à entreprendre une longue marche, pénible et
périlleuse, où des ennemis puissants seront embusqués, pour l'empêcher
d'aller vers son plein et entier accomplissement.
Et seule son unité, sa détermination, et son extrême vigilance lui
permettront d’accéder à la libération et à la dignité retrouvée. Ce sera
extrêmement difficile, mais c'est de ce défi immense que sortira enfin
de la vile gangue où il a été empêtré, un peuple algérien enfin libéré
de ses chaînes, de toutes ses chaînes.
Djamaleddine Benchenouf
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