Une quinzaine d'élèves de Terminale S2 du lycée Gustave-Flaubert
de Rouen, ont quitté leur salle de classe, ce vendredi matin, 23 mars,
peu après 8 h 00, après que leur professeur d'anglais leur a demandé
d'observer une minute de silence à la mémoire du tueur de Toulouse,
Mohamed Merah, qu'elle a présenté comme une « victime » .
Selon les élèves, qui ont immédiatement rédigé un courrier au chef
d'établissement, lequel a prévenu le Rectorat de Rouen, cette
enseignante certifiée aurait déclaré que le lien avec l'organisation
Al-Qaïda aurait été « inventé par les médias et Sarko ».
Seule une demi-douzaine d'élèves se disant « interloqués » mais «
cherchant à savoir pourquoi elle avait pris une telle initiative »,
selon le témoignage d'un élève, sont restés dans la classe. L'un nous a
précisé qu'elle se serait excusée à la fin de la conversation.« Elle a
dit qu'elle n'allait pas bien et qu'elle allait peut-être prendre des
congés », a-t-il ajouté.
Le devoir de réserve du proviseur-adjoint
Selon une parent d'élève, avertie par sa fille, la professeure,
Mme Lorraine Collin, aurait présenté le tueur de Toulouse comme « la
victime d'une enfance malheureuse ». « Les élèves ont agi en citoyens
responsables en quittant la classe », se félicite cette parent d'élève,
qui espère que cette enseignante sera suspendue. « Faute de quoi, je
donnerai l'autorisation à ma fille de boycotter les cours d'anglais
jusqu'à la fin de l'année ».
La direction de l'établissement se dit « indignée » par une telle
initiative, mais le proviseur-adjoint du lycée Flaubert s'est refusé à
tout commentaire, invoquant son « devoir de réserve ». « C'est un
incident navrant Une procédure est en cours », a t-il simplement
confirmé.
L'enseignante est convoquée cet après-midi au Rectorat, pour
s'expliquer. La sanction, indique Mario De Mazières, directeur de
cabinet de la rectrice, Florence Robine, peut aller jusqu'à la
suspension immédiate et des mesures disciplinaires. « J'ai demandé au
chef d'établissement de nous fournir un rapport circonstancié sur ces
faits, qui sont extrêmement graves de la part d'un éducateur », nous a
déclaré M. De Mazières. L'enseignante est âgée de 56 ans. Le Rectorat de
Rouen affirme qu'elle ne s'était jusqu'à présent jamais signalée auprès
de sa hiérarchie.
Luc Chatel, le ministre de l'Education, vient de demander ce vendredi après-midi de suspendre la professeure rouennaise.
Dans un communiqué, le ministère de l'Education écrit: " Luc
Chatel, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie
associative, exprime son indignation devant l'initiative d'un professeur
d'un lycée de Rouen qui a demandé à ses élèves de respecter une minute
de silence en la mémoire du terroriste Mohamed Merah. Il condamne sans
réserve ce comportement inqualifiable et précise qu'il a demandé au
recteur de l'académie de Rouen de suspendre immédiatement le professeur
de ses fonctions et d'engager une procédure disciplinaire à son
encontre".
"Le ministre tient à rappeler que cet acte isolé ne saurait
occulter la dignité dont a fait preuve l'institution scolaire dans son
ensemble tout au long de la semaine : en honorant la mémoire des
victimes du tueur de Toulouse, elle a su réaffirmer les valeurs qui
fondent notre République et que les professeurs ont pour mission de
transmettre à leurs élèves."
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