ELWATAN-ALHABIB
dimanche 28 août 2011
 

L’horrible Vérité du Terrorisme en Algérie: Le



terrorisme qui fait les affaires de l’Etat



August 28, 2011

Nous venons d’apprendre que deux kamikazes se sont fait explosé à l’intérieur de l’Académie militaire de Cherchell causant la mort d’au moins 20 jeunes cadets (selon un rapport préliminaire publié par le ministère de la défense aujourd’hui). C’est probablement l’attaque terroriste la plus ambitieuse dirigée contre l’un des établissements les plus sûrs de l’état. La question que chacun doit se poser est pourquoi maintenant. Nous pensions tous que le terrorisme, les groupes et les réseaux terroristes en Algérie ont été complètement décimés ou gravement neutralisés. Pour corroborer ce fait –si bien annoncé par les dispositifs de sécurité algériens– les activités terroristes telles que le financement, le recrutement, la formation, les attaques ont diminué au cours des 10 dernières années, atteignant et maintenant un niveau proche de zéro pendant au moins 5 années consécutives.

Alors, pourquoi avons-nous une soudaine résurgence du terrorisme en Algérie après qu’il a été décimé?

Pourquoi nous avons maintenant une multitude d’activités islamiques terroristes dans la région kabyle, et des attentats suicide très coordonnés et sophistiqués ciblant plusieurs institutions sécuritaires vitales de l’État dans notre pays alors que le terrorisme islamiste dans le monde entier est vaincu sur tous les fronts?

Je crains que la réponse soit très sinistre et très laide. Le terrorisme et les réseaux terroristes en Algérie sont contrôlés par l’État algérien. Le gouvernement algérien utilise le terrorisme islamique et la menace de l’islamisme pour repousser tout soulèvement démocratique possible en Algérie, et pour discréditer tous les mouvements protestataires crédibles et organisés. En utilisant la carte du terrorisme, le gouvernement algérien pourrait légitimement prétendre qu’il est en train de poursuivre la lutte contre le terrorisme islamique, et non pas contre les mouvements pro-démocratie. Cette posture stratégique jouerait le rôle d’un éventail pour protéger le gouvernement algérien des pressions internationales, et de gagner suffisamment de temps pour écraser toutes les demandes légitimes pour plus de démocratie, de transparence et de responsabilisation.

Ce n’est pas une coïncidence que la résurgence des soit-disant activités islamiques terroristes sont arrivées après les révolutions tunisienne et égyptienne. La chute des régimes de Ben Ali et Moubarak (et le succès de la révolution libyenne avec l’effondrement du système Kadhafi) a été littéralement un séisme politique; L’effondrement très rapide de ces deux dictatures a envoyé un message clair à tous les autocrates du monde arabe: leurs jours sont comptés. Ce message a été bien reçu et bien digéré par l’autocratie algérienne.

Les révolutions arabes ont aussi encouragé les jeunes à travers le monde arabe /musulman et les ont réveillé de leur léthargie profonde pour commencer à croire que le changement est non seulement possible, il est également réalisable grâce à un bras-de-fer pacifique avec le pouvoir en place. Cernés par ces événements sans précédent, et cernés par la narrative contagieuse du printemps arabe, la classe politique algérienne composée principalement de l’entourage du dictateur Bouteflika, la célèbre et redoutable agence des renseignements, le DRS, et les hauts gradés militaires, sont terrifiés. Les différents groupes qui composent cette coalition à la tète de l’état algérien ont décidé qu’ils avaient besoin de mettre en place un plan pour: 1) discréditer tous les mouvements de protestation demandant une transition démocratique et des reformes sérieuses; 2) assimiler tous les mouvements de protestation démocratique avec l’islamisme activiste et terroriste; 3) réactiver les groupes terroristes à travers le pays, et particulièrement dans la région kabyle (faussement surnommée comme une région séparatiste), et enfin 4) admonester les demandes et les pressions internationales en même temps que gagner la sympathie des démocraties occidentales en brandissant le spectre du terrorisme islamique, d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), et aussi menacer indirectement les États européens d’une contagion AQMI sur leur sol.

C’est un plan très efficace pour contrecarrer tout mouvement pro-démocratie en Algérie. Sachant que le peuple algérien a été traumatisé par 10 ans d’une des plus sanglantes guerres civiles des années 1990 (autour de 150 000 décès), il est peu probable que ce peuple se rangerait aux côtés des mouvements de protestation qui pourraient ramener toute sorte d’instabilité. Lorsqu’on assimile les mouvements pro-démocratie avec les mouvements islamiques et le terrorisme, le peuple algérien choisirait toujours l’autre option. Ce n’est pas parce que le gouvernement algérien jouit d’un grand soutien parmi la population, pas du tout, le gouvernement de Bouteflika est de loin le gouvernement le plus détesté de l’histoire de l’Algérie, mais parce que le peuple algérien est fatigué de 10 ans de morts, couvre-feu, violence et terreur. Il préfère endurer quelques années de plus d’un des gouvernements les plus corrompus de la planète, que de risquer une légère hausse de terreur et d’attaques aléatoires.

Par ailleurs, la plupart des Algériens savent, dans leurs tripes, que la plupart des groupes terroristes sont sous le contrôle du DRS. En fait, si le DRS voulait exterminer le terrorisme en Algérie, il pourrait facilement le faire d’ici demain. Toutefois, le DRS n’a aucun intérêt à le faire. Le DRS a infiltré, entretenu, nourri et même encouragé un certain nombre de groupes terroristes de rester actifs. Il utilise ces groupes terroristes pour faire avancer son agenda politique et pour se protéger contre toute attaque politique venant des clans rivaux. En contrôlant le terrorisme comme une arme politique, le DRS est littéralement intouchable en Algérie. Et parfois, juste pour rappeler à chacun que le DRS est toujours là, il laisse un de ces groupes volontairement glisser à travers leurs systèmes de surveillance pour mener une attaque sur une cible bien choisie (choix par le DRS bien sur) et très significatif causant la mort de dizaines d’innocents. En fait, les messages politiques en Algérie de tous les groupes politiques rivaux se disputant le pouvoir ces jours-ci, sont livrés de cette manière.

Ceci est la triste et laide vérité du terrorisme en Algérie. C’est le gouvernement algérien qui en est le parrain, qui aide, organise et gère le terrorisme en Algérie. C’est le gouvernement algérien qui assassine de sang froid son propre peuple. Ce gouvernement a le sang de milliers d’innocents sur les mains.

Jusqu’à quand les Algériens toléreront de vivre dans la peur et la terreur organisée par leur propre gouvernement? Jusqu’à quand le gouvernement algérien continuera de massacrer son peuple ? Et jusqu’à quand les pays occidentaux continueront à croire la fable tissée d’Al-Qaïda en Algérie? Jusqu’à quand? Quelqu’un, un jour doit répondre à ces questions.

S’adressant à Cassius, Jules César a dit que «il n’y a pas de terreur…dans vos menaces, car je suis armé si fortement dans l’honnêteté qu’ils passent au-delà de moi comme un vent passif.” Eh bien, la sagesse de Shakespeare est éternelle. Ce qu’il nous a dit dans cette citation, c’est que tôt ou tard, le bon sera victorieux, car au fond, il est plus fort, même s’il a l’air fragile. Ce gouvernement algérien peut tuer, assassiner et terroriser le peuple algérien, mais un jour ou l’autre la peur ne sera plus redoutée; ce jour-là sera un jour rouge, pourpre rouge.

 
mercredi 24 août 2011
 

Kadhafini

Madjid Khelassi
Mercredi 24 Août 2011



1969-2011 : 42 ans de règne sans partage se fracassent sous les calicots croutés d’un régime plus qu’anachronique.
Mouammar 1er bédouin-colonel devenu président-guide retrouve le sable sous lequel il a enseveli son peuple.
La tente de jadis transformée en bunker est sans doute la dernière escale d’un guide en totale sortie de route dans une entêtante odeur de poussière et de temps révolu.
Il se terre dans son bunker, disent les médias occidentaux, ravis de tourner en dérision les clowns-dirigeants arabes.
Les nouvelles se succèdent et ne se ressemblent pas : le fils du guide, lui-même guide de son père, donné prisonnier la veille, parade le lendemain dans un quartier de tripoli.
Qu’importe, le compte à rebours a commencé et ni le manoir-bunker de Bab el Azizia ni l’orgueil extrinsèque et inutile de Seif el Islam ne sauveront un régime depuis longtemps insupportable.
La mitraille crépite, les avions de l’OTAN zèbrent le ciel de tripoli, et Mouammar est invisible et aphone. Les dictatures ont de si minables agonies !
Le roi des rois d’Afrique qui a juré de tenir tête à tout le monde se terrerait-il comme une taupe apeurée ? La saveur des apogées s’efface vite devant la trouille des fins de règne.
Les infos le donnent fuyant vers l’Algérie ou l’Afrique du Sud. Fuyant !!! Le peuple libyen a du mal à digérer cette image d’un héros en carton-pâte prenant ses jambes à son cou.
Longtemps pénétré de sa propre importance, et ne commandant que par la seule vertu de l’arbitraire, à l’instar de Ben Ali, Moubarak, Abdallah Saleh, Bachar el Assad et de presque tous les dirigeants arabes, Kadhafi ne voyait que ce qu’il voulait voir.
Car un tyran se figure si mal les travers de sa personnalité qu’il n’a guère de faire sienne la réalité flagrante.
La pellicule défile : 1969, un jeune capitaine autoproclamé colonel dépose le roi Idriss Senoussi et instaure la Jamahiryra, (la république des masses) et abolit le suffrage universel.
La légende du roi clown est en marche. Il se plaça dés le début de son règne sur un horrible piédestal et s’estima hors d’atteinte, essaya de concocter des idylles en langueur avec ses projets d’union avec l’Egypte , le Tunisie et tutti quanti.
Il crut bon remplacer le bon gout par le clinquant. Son apparence devint ostentation et son sens du théâtral enflait.
Plutôt que chef d’état, il devint une curiosité, un phénomène de foire qui offusquait les uns et n’amusait pas les autres. Impossible d’imaginer la vigueur avec laquelle il se contorsionnait pour affecter cette sérénité de troubadour politique.
Banni de la communauté internationale après les attentats de Lockerbie et d’UTA, puis réintégré après avoir payé cash de sa personne et de son portefeuille, il fut le premier à reprocher aux tunisiens leur désamour vis-à-vis de Benali.
Pourtant, la chute de ses voisins aurait du lui faire ouvrir les yeux. Foin de tout cela. Les tyrans ne sentent jamais le sol qui se dérobe comme une plage quand la marée se retire.
Combien même les sanctuaires de leur despotisme craquèlent, tanguent, les « rais » et « gaids » arabes s’accommodent du doute, trouvent du charme à la destruction des choses, à l’effacement de leurs peuples.
Ils se refugient dans la fringale des discours, arc-boutant le verbe et se composant une bravoure de dernière heure.
Le pouvoir personnel - graine insidieuse plantée dans l’âme des despotes qui contrefait la réalité en dessinant des sociétés parfaites, soumises, des peuples sans visages - est le carburant d’une misère démocratique et sociale programmée.
« T’hal foumek tarou snanek » est un programme politique qui régit l’uniformité d’une vie où rien ne vient. Le rôle incolore laissé à la populace fige son quotidien : 12 heures de jour sans sens et 12 heures de nuit en sang d’encre.
Il fait nuit noire sur Tripoli, comme le faisceau d’un phare , un rai de liberté éclaire les grains de poussière figés par 42 ans d’un règne immonde.
Les manifestants mêlés aux rebelles ont des yeux incrédules. Tant de puissance tombe en compote que ça leur donne un comportement bizarre : ils ont des prudences de locataires et des indulgences de désespérés.
Pourtant c’est la réalité : kadhafi, c’est fini et bel et bien fini .fuyant, suicidé, refugié ou tué, il ne sera plus le maitre d’œuvre d’un cauchemar qui ne le concernait pas.
les enfants de Libye, las, éreintés par les mensonges, les promesses non tenues, devenus des êtres griffonnés, à peine esquissés, sont plus que jamais conscients que ni l’OTAN, ni la charité occidentale ne seront combleront leurs manques ou panseront leurs plaies.
Et dans la froide profondeur du pétrole, git une dignité flouée pendant plus de 40 ans.
Kadhafi chassé, voilà Sarkozy et compagnie qui s’agitent. Décidément le pétrole est après le vin, la mixture préférée des « civilisés ».
 
dimanche 21 août 2011
 

Comment la junte janvièriste a cédé le pas au clan


Bouteflika.

par Djamaledine Benchenouf,

Nous continuons, dans notre représentation même du régime algérien, à nous figurer que le pays est tenu par une poignée de généraux du DRS et du haut commandement de l’Armée. Nous en sommes loin pourtant. De l’eau a coulé sous les ponts, et de l’argent aussi.

La « générosité » de Bouteflika.

Il est vrai que depuis l’ »élection » de Bouteflika à la tête de l’État, il s’est passé une sorte de profond réaménagement, voire un bouleversement dans le premier cercle du pouvoir. Non pas seulement par la seule présence de Bouteflika, mais aussi par d’autres effets combinés, comme les immenses capitaux que le pays a engrangés, le viellissement des membres de la junte, et la disparition de certains parmi les plus importants en son sein.

La dizaine de Généraux qui a constitué le noyau exclusif du pouvoir, et qui a provoqué la catastrophe que nous connaissons, en carnage, en manipulation de la terreur, et en pillage des ressources nationales, s’est considérablement étoffée, pour passer à un nombre effarant de Généraux, de généraux-majors, de Généraux de Corps d’armée. Jusqu’à avoisiner le chiffre incroyable de près de deux cents, presque tous nommés par le Président Bouteflika. Sans compter les millliers d’officiers supérieurs, au grade de colonels, de lieutenants-colonels et de commandants.

Il ne fait pas de doute que ces nominations massives par le Chef de l’Etat procédaient d’une logique délibérée de phagocyter le noyau décisionnel de l’institution militaire, en le noyant de nouveaux clients. Il y a été aidé par le ralliement presqu’enthousiaste, s’il n’était monnayé, de plusieurs généraux. Ceux qui ont cassé le tabou. Celui qui consiste à ne jamais permettre à un autre qu’eux-mêmes de se mêler des affaires de l’Armée.

Bouteflika fut servi par une chance inouïe, puisque la flambée des prix des hydrocarbures allait lui permettre, non seulement de nommer une pléthore de généraux, mais aussi de lui délier les cordons de cette bourse qui se trouvait en sa possession. En sa seule possession. Une sorte de cassette royale, dont il ne rend compte à personne.

La « Baraka » de Bouteflika…

Sa « Baraka n’allait pas se démentir, puisque certains généraux, parmi les plus importants de la junte qui avait provoqué l’interruption du processus électoral en 1992, et qui avait fait main basse sur le pouvoir, allaient être sortis du premier cercle, d’une façon ou d’une autre. La mort et l’éjection allaient vider ce groupe de généraux de certains de ses acteurs les plus actifs.

Khaled Nezzar n’était plus sur la place. Il avait pris sa retraite. Et d’autres y ont été doucement poussés à le rejoindre. Avec un généreux viatique pour la route.

Larbi Belkheir, la tête pensante, celui-là même qui persuada ses pairs d’opter pour la candidature de Abdelaziz Bouteflika, fut envoyé sur les roses, sans autre forme de procès. Il fut rabaissé de collaborateur le plus proche du président à celui d’Ambassadeur au Maroc. Fonction qu’il n’exerça pratiquement pas.

Mohamed Lamari, le Général le plus gradé de l’Armée algérienne, fut poliment invité à faire valoir ses droits à un «repos bien mérité », avec un confortable parachute doré qui se chiffre en dizaines de millions de dollars.

Smaïl Lamari, celui qui avait poussé le Président Zeroual à la démission, en se passant de son avis dans ses contacts avec l’AIS, pour les faire descendre du maquis, avala son bulletin de naissance, à un moment crucial de la lutte du DRS contre Bouteflika. A croire que la même providence qui avait rempli les caisses de Bouteflika, l’avait débarassé des généraux les plus coriaces.

D »une manière générale, tous les autres chefs tout-puissants de l’Armée se retrouvèrent, dans des circonstances différentes, totalement exclus du premier cercle. Eux, comme tous les autres qui rallièrent le clan du Président Bouteflika, bénéficièrent tous d’une consistante consolation. De véritables fortunes, et des facilitations considérables auprès des banques algériennes. En veux-tu ? En voilà ! A la seule condition que tu fasses acte d’allégeance.

Bouteflika-DRS: argent contre terrorisme! …

Le véritable clash entre Bouteflika et le dernier carré des chefs du DRS, qui ont évalué trop tard, et à sa juste mesure, le grignotage laborieux de Bouteflika, a eu lieu lorsque celui-ci a tenté d’appliquer au DRS la même tactique qui lui avait permis de rallier le plus gros des chefs du Commandement. Les derniers irréductibles du DRS, généraux frais émoulus, et qui se sont personnellement compromis dans des carnages contres les populations civiles, ont rué dans les brancards. Ils connaissaient leur propre force, qui avait consisté à noyauter tous les secteurs de l’Etat, jusqu’à la présidence. Ils se sont littéralement braqués contre cette intrusion inusitée d’un civil, aussi président soit-il, dans leurs brisées.

Il faut savoir, pour se faire une idée de la puissance du DRS, qu’aucun grand commis de l’Etat, de quelque secteur soit-il, ne pouvait être nommé sans que l’ »enquête d’habilitation », effectuée par le DRS, ne lui soit favorable. C’était un préalable incontournable à la signature du décret de nomination. Ce qui en termes clairs signifiait, qu’en fait, c’était le DRS qui nommait les grands commis de l’Etat. Tous, sans exception. L’enquête d’habilitation existe toujours, mais elle n’est plus le sésame, depuis que le clan Bouteflika a pris le contrôle de la maison.

Il faut relever, cependant, que sur le plan territorial, les chefs du DRS local restent les vrais patrons locaux. Encore qu’ils ne sont plus ce qu’ils furent.

Alors que théoriquement le premier responsable territorial est censé être le Wali (Préfet), dans la réalité, c’est le patron du DRS local qui le chapeaute, et qui le surveille, mais il n’a plus la même influence, et il n’inspire plus la même crainte, puisque sa centrale n’a plus le contrôle total sur toute la situation.

La DGSN, qui fut, pendant longtemps le parent pauvre du régime, et dont les chefs devaient se contenter de strapontins, a désormais droit au chapitre. Elle est devenue, sur tous les rapports, autant ceux des effectifs, que des moyens, ou du poids intrinsèque de ses chefs au sein du pouvoir, une sorte de contrepoids au DRS. Et même sur le plan territorial, au niveau des wilayas, le Chef de Sûreté pèse autant, et parfois même plus que le chef local du DRS.

Il n’est pas exagéré d’affirmé que l’omnipotence du DRS sur la vie publique est désormais révolu.

Le même topo, qui était appliqué aux ministères, et jusqu’aux Ambassades, où le représentant du DRS était investi d’une autorité non dite, mais tout à fait réelle, et pesante au point où rien de sérieux ne se décidait sans qu’il soit consulté, n’est plus d’actualité.

Et c’est ainsi pour toutes les charges qui ont un tant soit peu d’importance, jusqu’aux élus. Jusqu’aux représentants syndicaux d’importance relative, au sein de l’UGTA. Et aussi, et surtout, dans un certain secteur économique, comme la Sonatrach, Air Algérie, la Sonelgaz, et autres grosses compagnies du genre. Aucun PDG ne pouvait être nommé sans ce fameux aval du DRS. Ce n’est plus le cas vraisemblablement.

Cela ne se fit pas sans anicroches.

Ce fut, entre Bouteflika et les Chefs du DRS, une lutte pied à pied, qui connut des développements souvent tragiques. Tragiques pour ceux qui furent sacrifiés à l’autel des règlements de comptes, par clients interposés. Le pic de l’affrontement, par victimes in terposées, fut attenit lors de l’attentat de Batna, qui visait le cortège présidentiel, mais qui coûta la vie à d’innocents civils. D’autres attentats furent commis içi et là, pour envoyer à Bouteflika des avertissements « sans frais ».

Il y eut aussi de nombreux règlements de comptes « économiques », qui sacrifièrent des clients de l’un ou l’autre camp. Ceux du clan Bouteflika surtout. Ainsi, de temps à autre, de gros scandales économiques éclataient, puissamment relayés par la presse écrite, qui était restée le principal outil du DRS, alors que la Télévision nationale, dont le contrôle était entre les mains des Bouteflika, ne pipait mot.

La cassette et les « relations »…

Mais la vraie force de Bouteflika se trouvait dans les capacités financières qui lui étaient tombées dans le giron, sans partage, et sans contrôle.

En plus du Budget de l’État, où il puisait en toute liberté, en dépit de toute légalité, pour s’acheter des alliés, il disposait aussi d’une caisse noire, générée et régulée par Chakib Khalil, son ministre de l’Énergie. Cet argent, puisé dans les sombres circuits des transactions des hydrocarbures, constituait la principale, opaque et décisive, arme de guerre.

Et c’est ainsi que le ralliement des chefs de l’armée, et du DRS, qui avait commencé timidement, presque en cachette, se faisait de plus en plus massif. Jusqu’à tourner à la bousculade.

Le Général Toufik, réaliste et fatigué !

Le Général de Corps d’armée Mohamed Mediène, dit Toufik, le puissant patron du DRS, qui avait compris l’importance de Chakib Khalil dans le dispositif stratégique du Président Bouteflika, avait mis en branle, à plusieurs reprises, des attaques en règle contre celui-ci, pour déstabiliser son désormais rival. L’affaire BRC, puis celle de Sonatrach en ont été les faces les plus visibles, puisque la presse écrite en a fait ses choux gras. Mais, comme à l’accoutumée, un deal fut conclu, pendant que des lampistes, plus ou moins importants, mais qui restent des lampistes, firent les frais de cet affrontement sans frais. Sans frais pour les belligérants.

Dans cette lutte pour le pouvoir, des facteurs exogènes, particulièrement importants, ont joué un rôle déterminant. Les Chefs de l’Armée et du DRS, de façon générale, étaient plus ou moins liés, par des rapports très équivoques, à des services étrangers, particulièrement français, particulièrement pendant tout le temps que dura l’influence de Larbi Belkheir. Avec l’envolée des prix du baril, et les énormes ressources qui en découlèrent, les gros contrats qui allaient se multiplier, avec tout ce que cela suppose comme commissions et rétro-commissions, d’autres liens allaient se nouer, avec de tout nouveaux acteurs, dont les plus importants se trouvaient désormais au sein du clan Bouteflika, entre parents, clients, et chefs de l’armée ralliés.

L’arrivée de Chakib Kalil, et les amitiés moyen-orientales du Président Bouteflika, ont révélé, puis renforcé, la présence un nouveau facteur, qui avait commencé à peser dans la balance au milieu des années 90. Les Américains. Un atout d’importance, pour le clan Bouteflika. Ou Chakib Khalil joua serré. Il faillit réussir son entreprise la plus audacieuse: Privatiser Sonatrach, et offrir les réserves pétrolières du pays aux grands majors. Les députés Beni-oui-oui se tenaient prêts à voter la fameux projet de loi de Chakib Khalil sur les hydrocarbures et Bouteflika était décidé à signer. Puis, il fit une brusque volte-face, et envoya promener le projet de loi. Certaines sources affirment que c’est le Général Mediène qui a mis son veto, son dernier baroud dit-on, d’autres affirment que c’est Bouteflika lui-même qui s’était rendu compte qu’il allait brader tout le pays en un tournemain, et qu’il se ressaisît à temps.

Chakib Kalil qui était déjà dans l’oeil du cyclone, était désormais l’homme à abattre. Jamais technocrate ne fut autant haï par les Algériens. Il était l’archétype même de l’arrivisme et de la grande corruption. L’attachement de Bouteflika à ses serviteurs fidèles n’était pas inaliénable, et Chakib était devenu trop encombrant. Bouteflika, qui ne cache pas son admiration pour les grands hommes politiques qui ont laissé leur trace dans l’Histoire, s’est vraisemblablement convaincu que la Politique n’a pas d’état d’âme. Et le moment venu, dans des circonstances que nous ignorons, il a décidé de se délester de Chakib Khalil, et il le laissa tomber sans aucune hésitation. Il lui laissa le temps, néanmoins, de se ménager une poire pour la soif. Quelques dizaines de millions de dollars.

Certaines sources affirment que le congédiement de Chakib Khalil a fait partie d’un vaste Deal entre Bouteflika et le Général Toufik, autour de plusieurs points de discorde, dont un très important, qui concernait le remplacement du Général Smaïl Lamari, à la tête d’une Direction très importante du DRS, la DCE. La dispute a été vidée, et aurait permis de rapprocher les deux hommes. En même temps que de créer un conflit majeur au sein même du DRS, entre généraux qui voulaient le poste de Smaïl Lamari. Diviser pour régner. Du pain bénit pour Bouteflika.

Toufik illisible…

Depuis, semble-t-il, les hostilités ont pris fin, hormis celles subalternes, ou périphériques, entre seconds couteaux. Sans autre conséquence d’envoyer les clients réciproques en prison, et de les livrer au professionnalisme des « journalistes d’investigation ».

Et de facto, le premier cercle du pouvoir s’est considérablement rétréci, en même temps que des cercles concentriques, des nouveaux ralliés, s’étoffaient, et se multipliaient à l’infini. Mais tous s’activaient sous la houlette presque exclusive du Président Bouteflika, et de son frère Saïd. Et de nouveaux venus au sein du sérail, des « hommes d’affaires », et une foule de prête-noms, de plus en plus envahissants.

Le rôle, et la position du général Toufik restent assez équivoques. Mais il ne représente plus, en tout cas, le pôle le plus important du régime. Il ne serait pas sérieux d’affirmer que le pouvoir du DRS n’a plus d’effet sur le champ politique, si tant est qu’il existe un champ politique dans ce pays. Le DRS a gardé intactes ses possibilités de nuisance, et son influence sur des relais importants du système, comme la presse écrite, certains partis politiques, des lobbies financiers, et plus ou moins sur l’AQMI de Kabylie et du Sahel. Il a gardé aussi une influence relative sur une part de la rente, sur les commissions d’achat d’armement, et des équipements militaires, et un certain poids dans les affaires internationales, comme celle du Polisario. Mais d’autres forces, au sein même du Haut Commandement de l’Armée semblent avoir supplanté le DRS. Surtout parce qu’ils sont devenus, avec le clan Bouteflika, des arbitres de la distribution des pôts de vin et des commissions sur les achats massifs d’armements, et d’équipements militaires. C’est l’argent qui dirige la baraque désormais. Les temps sécuritaires, malgré les efforts des derniers irréductibles du DRS pour les réinstaller, ont cédé la place aux temps du gros business.

Le Général Toufik, qui n’est plus ce qu’il était. Agé de 74 ans, avec des problemes de santé, et vraisemblablement des problemes de conscience, il est potentiellement affaibli, à l’intérieur même du DRS, par l’impatience de jeunes loups aux dents longues qui s’estiment lésés dans le partage du butin et des pôles d’influence. Malgré le black-out total qui l’entoure, il semble bien qu’il ait rejoint, lui aussi, le clan présidentiel, mais il n’en conserve pas moins de solides atouts en main.

La déferlante arabe et le régime algérien…

A leur tout début, les récents évènements de Tunisie, d’Egypte et de Libye, ont provoqué, au sein du régime, et du DRS, une panique certaine. Puis, certains clans du DRS, impulsés par leurs logiques habituelles de subversion, ont été tentés de se servir de cette menace imminente de soulèvement, pour mettre en marche une manipulation qui retournerait l’équilibre des forces en leur faveur, une démarche qui consisterait à désigner le Président Bouteflika comme un fusible, pour court-circuiter toute mauvaise surprise. Et surtout pour évacuer ce gêneur qui s’était incrusté en maître du jeu.

Un plan minutieux, de récupération de la contestation, avant même qu’elle ne puisse s’exprimer, à été mis en branle, avec des détails qui prêtent à sourire, et qui montrent bien que tous ces gens sont désormais coupés de la réalité. C’était compter sans les nouvelles données, en effet.

Ces clans, rejoints par des lobbies financiers, dont l’ influence à l’intérieur du pays est tout à fait négligeable, ont présumé de leurs véritables forces. Leur entreprise était vouée à l’échec. Et elle a échoué lamentablement. La presse privée, dont ils font grand cas, ou leurs relais médiatiques français, ne pèsent pas le millième de la seule télévision algérienne, qui dispose d’un impact considérable sur de très larges couches de la population du pays profond. Et c’était compter, par ailleurs, sans les nouvelles couches sociales qui ont accédé à une prospérité relative, devenues, grâce aux effets de la manne pétrolière, des alliées naturelles du clan Bouteflika, et non du régime en tant que tout. L’ »initiative citoyenne », une sorte de succédanné des révolutions arabes, a fait pshit.

Ceux qui avaient voulu utiliser la jeunesse algérienne, pour se mettre, ou se remettre en selle, en désignant Bouteflika à l’ire populaire, en furent pour leurs frais. Lamentablement.

Parce que non seulement le contexte algérien était fondamentalement différent de pays comme la Tunsie ou l’Egypte, mais qu’en plus le peuple ne se reconnassait pas en ces leaders autoproclamés de la contestation, eux qui habitaient au Club des Pins, et qui fricotaient dans les mêmes auges que les barons du régime.

Parce que autant les Algériens identifiaient le régime au DRS pendant les années de sang, autant ils le personnifient aujourd’hui qu’une paix relative est revenue, et que l’économie de bazar s’est installée, au seul Président Bouteflika. L’homme providentiel pour beaucoup.

Les alliés naturels du régime…

Il ne serait pas exagéré, je crois, d’affirmer qu’au moins le tiers de la population lui est acquis. Toutes ces couches populaires qui profitent un tant soit peu de tout l’argent qui a été déversé dans le marché, et qui profite à de larges cercles concentriques, autour du noyau Bouteflika.

Beaucoup d’argent et de privilèges de toutes sortes pour le premier cercle, un peu moins dans le second et ainsi de suite jusqu’à ceux qui ont pu acheter à crédit la voiture neuve dont ils rêvaient, le logement dont ils avaient désespéré, les augmentations faramineuses de salaires, le libre exercice de la corruption vivrière, les facilitations illégales pour l’exercice de ce sport national qu’est le « trabendo », et tutti quanti.

Les populations plus défavorisées, particulièrement celles du pays profond, sont très encadrées, par un maillage savant, fait de tribalisme, de confréries religieuses, le tout saupoudré par la propagande inlassable de la télévision nationale, qui glorifie le grand frère Bouteflika, au point d’en faire le sauveur, le pater familias, celui qui a fait revenir la paix, et la prospérité.

Un Plan « spécial » pour éviter toute révolution…

Mais comme on n’est jamais trop prudent, le Président Bouteflika vient de mettre en place un autre plan, en plus du Quinquennal, un plan « spécial », qui est censé conjurer toute menace de soulèvement, ou du moins, si elle se produit, de le circonscrire à une partie de la société seulement, qui aurait, de facto, celle privilégiée en face d’elle. Des baltaguias érigés en classe sociale.

Des mesures sociales qui visent un impact très large ont commencé à être initiées. Augmentations de salaires, création de milliers de micro-entreprises, indemnités de chômage, ouverture relative du champ médiatique, et de celui de l’exercice du « débat » démocratique, mais de façon étroitement contrôlée, et autres mesures du genre. Le champ de l’audio visuel devra attendre, parce que le Président Bouteflika y est opposé. Parce qu’il ne veut pas que des chaînes de télévision tombent entre les mains de lobbies qui ne lui sont pas totalement inféodés.

De toutes les façons, pour ce qui concerne ce point précisément, même si des chaînes de télévision indépendantes étaient autorisées à émettre, cela ne changerait rien à la situation du pays, et ne représenterait aucune menace pour le régime en tant que tout, puisque toutes les fortunes du pays susceptibles de financer une chaîne de télévision, sont entre les mains de clientèles, et de parentèles du régime. Pas un seul « capitaine d’industrie » n’existe en Algérie, qui ne doive sa richesse au régime. La meilleure preuve en est que s’il se trouvait une personne suffisamment riche pour lancer une chaîne de télévision, elle n’aurait pas besoin de l’autorisation du régime pour le faire, puisqu’elle pourrait financer une chaîne satellitaire qui emettrait depuis l’étranger. Mais personne parmi ces gens fortunés ne le ferait, parce qu’il sait que dans les jours qui suivent l’inauguration de sa télé, il serait mis sur la paille. L’exemple de Khalifa Abdelmoumen est encore vivace dans les esprits, lui qui a refusé d’obéir à l’injonction du Président Bouteflika de fermer illico presto la chaîne de télé qu’il était sur le point de lancer. Il l’a payé très cher, et sa télé n’a pas vu le jour, de toute façon.

La Famille…

Un autre élément très intéressant, qui permet une lecture appropriée du régime algérien, et que les Algériens ignorent, consiste dans les liens qui unissent tous les barons du régime, et même tous leurs clients les plus importants. En fait, l’oligarchie qui dirige le pays constitue une famille. Une famille dans les deux sens du terme, mafieux, et consanguin.

Mafieux, parce que toutes ces personnes, qui se chiffrent désormais en milliers, sont impliquées, les unes avec les autres, dans la vaste opération de rapine de tout ce qui peut générer de l’argent. C’est, en fait, une association de malfaiteurs qui a fait main basse sur tous les mécanismes d’enrichissement, qui sont devenus autant de monopoles qui leur sont dévolus. Et ils le font en toute légalité, puisqu’ils disposent à volonté du « pouvoir » législatif, pour faire adopter, au mieux de leurs intérêts, toutes les lois, et tous les règlements nécessaires, en plus des circuits bancaires, et de facilitations en tout genre qui sont gérés par leurs nervis.

Et ils sont une famille, au sens consanguin, parce qu’ils sont tous liés, les uns avec les autres, par les liens du mariage. Leurs enfants se marient entre eux. Les rares familles du bas peuple qui ont été admises dans cette « aristocratie » sont celles qui ont eu la chance d’avoir de très belles filles, et parfois quelques garçons vernis qui ont fait des études supérieures brillantes, ou dont la réussite sociale exceptionnelle les a propulsés au saint du saint. Ils sont donc tous parents les uns des autres, à des degrés divers.

C’est dire qu’en plus d’être une famille, ces barons du régime, leurs parents, et leurs clients, ils savent que leur sort est lié. Si un bouleversement du genre de ceux qui ont lieu chez nos voisins se produit, ils tomberont tous ensemble. Et ils ne sont ni fous ni suicidaires pour se laisser aller à de vaines confrontations, en des moments aussi cruciaux.

Qui sait de quoi ils seront capables, pour défendre leurs privilèges, et leur sécurité.

Aujourd’hui, plus que jamais, ils sont soudés les uns aux autres. Il n’y a plus, entre-eux, des luttes de clans qui soient vraiment intenses. Ce sont juste des escarmouches, et des rivalités comme il en existe dans toute famille.

Très vraisemblablement, hormis quelques velléités de résistance, tous les « décideurs » militaires ont rallié le clan Bouteflika. Si la déferlante des peuples de la région passe sans provoquer de soulèvement massif en Algérie, il est certain que le problème de la succession se posera de nouveau, et que des rivalités auront lieu entre-eux, chacun voulant la part du lion. Comme dans toute famille riche.

Mais en attendant, ils vivent une veillée d’armes. Autour du chef de famille, qui n’a jamais été aussi puissant.

Et lui, qui est à l’automne de sa vie, et dont la perspicacité n’est pas à mettre en doute, doit certainement méditer que sous la cendre de l’ignominie, couve la braise ardente.

Le temps nous dira.

D.Benchenouf

 
 

Algérie-Qatar : Le « visa » qui cache


« Aljazeera »

In Kalimadz


Tout le monde sait en Algérie et ailleurs que le chef de l’état algérien, Abdelaziz Bouteflika, et l’émir du Qatar, Cheikh Hamed Ben Khalifa al Thani, sont amis, qu’ils se rendent régulièrement visite et qu’ils se consultent sur de nombreuses questions. Cette relation entre les deux hommes a permis à l’Algérie de bénéficier d’un traitement de « faveur » dans le média phare du Qatar, la puissante chaine d’information « Aljazeera ». Une faveur d’autant plus étonnante que la chaine a été chassée d’Algérie et ses bureaux fermés depuis plusieurs années. Les rares interventions se font par téléphone lorsque l’actualité l’oblige. Contrairement aux autres pays qui ont connu et qui connaissent de vastes mouvements de protestations que la chaine couvre en permanence, Aljazeera, se contente du strict minimum pour l’Algérie. Et encore, lorsqu’elle ne peut pas faire autrement. Pour tout le monde, c’est cette relation « spéciale » entre les deux chefs d’états qui est à l’origine du traitement complaisant, que beaucoup dans la région envient aux régime algérien.

Dès lors, le différent sur les questions de visas est assez surprenant. D’abord parce que le Qatar est une destination presque confidentielle en Algérie, seules les élites politiques et économiques s’y rendent. Ensuite, parce que selon nos informations, le Qatar n’a pas mis d’obstacle à la délivrance des visas, contrairement aux allégations algériennes, très vite relayées par les journaux notoirement connus pour leurs docilités aux services de renseignements. De plus parce que l’Algérie officielle, celle de Bouteflika, n’a jamais élevé la voix contre les restrictions en matière de visas qui touchent ces concitoyens, quelque soit le pays en question. Enfin, ces dernières années, la diplomatie algérienne, étouffée et sans dynamisme, ne communique que par réaction et très rarement de sa propre initiative et, en tous cas, pas pour des « petits conflits » avec des « pays frères ». Difficile de croire que la sortie du ministère algérien des affaires étrangères relève du soucis de délivrance des visas.

Il est évident que le régime algérien supporte de moins en moins, les positions du « petit émirat » notamment en ce qui concerne la Libye et la Syrie. Pendant que l’Algérie officielle s’est ostensiblement placée derrière les régimes dictatoriaux, tant en Tunisie, qu’en Egypte, mais également en Libye et en Syrie, fermant les yeux devant les répressions sanglante et apportant un soutien diplomatique actif, le Qatar a opté pour le choix inverse. Soutenant partout les révoltes populaires, l’émirat a même été, jusqu’à accueillir la première réunion internationale de l’opposition libyenne. Poussant plus loin, il a participe aux frappes aux cotés de l’OTAN contre les forces de Kadafi et assume publiquement son soutien militaire et logistique.

En Libye, le Qatar, ainsi que les pays occidentaux qui ont soutenu l’opposition, se retrouveront très bientôt en « pays ami » dans les rues de Tripoli. Le même scénario semble se dessiner en Syrie ou la stratégie du tout répressif adoptée par le clan Al Assad, n’a pas fait taire la population.

Le régime algérien sait parfaitement que son tour arrivera. Aux prochaines émeutes, quoiqu’il en dise, l’opinion internationale, demandera des véritables réformes, voire, un changement de régime. La manière dont la chaine de télévision Aljazeera couvrira la contestation qui s’annonce et que tous savent inévitable sera d’une importance non négligeable. Pas étonnant, dès lors que le régime s’empresse de faire du Qatar un adversaire, et le moment venu d’expliquer qu’Aljazeera est un ennemi de l’Algérie, celle là même qui a « fermé les yeux » depuis plusieurs années. Les journaux à la solde de la police politique ont déjà commencé leur travail de discrédit de la chaine.

Acculé par les changements démocratiques dans les pays de la région, le régime algérien sait qu’il ne pourra plus compter sur la complaisance de la communauté internationale ni même, de celle des pays voisins, en pleine phase révolutionnaire. Il sait également que le nouveau pouvoir en Libye , n’oubliera pas de sitôt, son soutien, insensé, à Kadafi, ni celui, tout aussi insensé, à Bachar Al Assad.

Contre tout entendement, le régime algérien espère demeurer un pays autoritaire dirigé par une caste militaire, qui maltraite son peuple et pille ses richesses, au milieu d’un environnement régional ou partout souffle un vent de liberté et une reprise en mains des peuples de leurs destinées.

De toute évidence, ce ne sont pas ces petites manœuvres de « policiers désespérés » qui le sauveront.

Yahia Bounouar

 
dimanche 7 août 2011
 

Les taraouihs sonores, une agression contre la



sacralité du Coran et la tranquillité du citoyen




Abdelkader DEHBI

L’usage assourdissant et généralisé des haut-parleurs des mosquées, diffusant à plein volume, la prière des taraouih, engendre en ce mois sacré de Ramadhan, une immense et insoutenable cacophonie qui se répand chaque soir, pendant plus d’une heure, dans de nombreux quartiers de la capitale et même dans d’autres villes du pays.
Cacophonie physiquement insupportable, parce qu’il s’agit d’une véritable agression sonore, affectant la vie et la tranquillité de milliers de familles au voisinage des mosquées. Des familles qui n’osent pas trop s’en plaindre, de crainte d’être considérées comme antireligieuses. Une cacophonie moralement révoltante parce qu’elle constitue qui plus est, une grave atteinte à la majesté du Coran – parole de Dieu – qui se retrouve ainsi désacralisé et comme bradé et jeté dans la rue par ceux-là mêmes qui sont en charge d’en enseigner la glorification et le respect. Renseignements pris, le ministère des Affaires religieuses aurait donné des instructions de réduire le volume des haut-parleurs. Malheureusement, ces interventions n’ont été suivies d’aucun effet, comme pour narguer à la fois les autorités religieuses et la majorité des autres citoyens. Des citoyens qui, bien que pratiquants, ont choisi en toute liberté de ne pas s’associer à ces prières de taraouih qui sont après tout, des prières subrogatoires, c’est-à-dire, facultatives, mais qui ont malheureusement pris ces dernières années en Algérie l’allure d’une espèce de « must social », c’est-à-dire d’une véritable « mode religieuse ostentatoire ». Une mode, dont les effets pervers font que les mosquées, toujours clairsemées lors des prières obligatoires, se retrouvent paradoxalement pleines à craquer chaque soir, pour entrer en compétition entre elles à coups de décibels et où le texte sacré joue, le plus souvent hélas, le rôle de simple support à une joute « psalmodique » sonore furieuse, tenant plus du show populiste et profane que de la pieuse et déférente récitation qui sied à la majesté des textes et des lieux. On ne citera que pour souligner ce phénomène de « mode » scandaleuse, la présence de plus en plus nombreuse de femmes, souvent accompagnées de leur progéniture braillarde dans ces prières, contrevenant ainsi d’une manière flagrante à la prescription d’un hadith formel du Prophète (QSSSL), recommandant aux femmes d’accomplir leurs prières chez elles. Il faut rappeler ici que si le principe de la prière des taraouih durant le mois sacré du Ramadhan introduit depuis le califat de Omar, a toujours bénéficié du consensus le plus large des ouléma autant que des fidèles, il n’a jamais été question pour autant, qu’un tel office religieux se transforme en une vulgaire braderie attentant au caractère sacré du Coran d’abord, et nuisant subsidiairement à la tranquillité des autres fidèles, dont la présence à ces prières n’a aucun caractère obligatoire. Cette grave déviation doit être pédagogiquement combattue, à la fois au niveau l’exégèse des textes sacrés en direction des imams. En particulier le célèbre hadith de Tirmidi rapportant en substance la mise en garde du Prophète (QSSSL) contre les « clameurs qui s’élèveront des mosquées » et qui constitueront avait-il prévenu, « les signes avant-coureurs de la fin des temps ». Cette grave déviation, doit être combattue aussi – et plus prosaïquement – au nom des exigences de la paix publique dans un pays qui prétend se définit comme un « Etat de droit », c’est-à-dire un Etat qui respecte et fait respecter la liberté de tous ses citoyens, sur un pied d’égalité : qu’il s’agisse de garantir la liberté de culte dans les mosquées et ailleurs, ou qu’il s’agisse de garantir également, la tranquillité et la quiétude des familles.

En tout état de cause, la passivité et l’impéritie de l’autorité publique – en particulier le Ministère des Affaires Religieuses et les Services de Police Urbaine – face à de tels errements, sont perçues par le citoyen ordinaire, au mieux, comme l’un des nombreux signes de faiblesse de l’Etat. Au pire, elles pourraient être interprétées au deuxième degré comme une volonté de pis-aller, masquant des calculs et des manipulations politiques inavouables, destinées sans doute, à donner une certaine image dégradée de l’Islam….

Encore qu’on aurait du mal à mon avis, à prêter la moindre velléité d’imaginer ou de décider quoi que ce soit, à un pouvoir qui nous donne l’impression de faire le mort. A moins qu’il ne soit réellement mort et qu’on en s’en soit pas encore aperçus, frappés que nous sommes, par une sorte de syndrome de Salomon (*).

————————————–

(*) Le Coran – Sourate de Saba Verset 14 – a mentionné comment le Prophète-Roi Salomon (sur Lui le Salut) a été surpris par la mort pendant qu’il passait en revue ses troupes constituées de Djinns. Le corps sans vie de l’auguste prophète resta juché sur sa monture, entouré d’une armée de djinns figés dont aucun n’osa rompre les rangs. Et ils ne s’aperçurent de la mort de Salomon (sur Lui le Salut) qu’après de longues années de souffrances, quand un ver de terre finit par ronger la canne sur laquelle il était appuyé, dans une posture de profonde méditation

 
jeudi 4 août 2011
 

Le procès de Moubarak ou le pari de la révolution égyptienne.

Abdelkader DEHBI

En dépit de nombreuses interrogations qui restent encore en suspens, quant à l’issue de ce procès, il ne fait plus aucun doute désormais, que le seul fait d’avoir traduit le criminel Moubarak et ses complices par devant un tribunal pénal égyptien, constitue en soi une grande victoire pour le peuple frère égyptien qui vient de signer là, une première historique et un précédent politique et psychologique aux conséquences les plus prometteuses pour la marche irrésistible de nos peuples, vers la liberté et la dignité, la démocratie et la justice.



En ce mercredi 3 Août 2011, correspondant au troisième jour du mois sacré de Ramadan – 1432 – vient de s’ouvrir au Caire, par devant une juridiction ordinaire, un procès qui, lui, est extraordinaire à plus d’un titre :

- Primo : de par la qualité des prévenus, puisqu’il s’agit rien moins que de juger l’ex dictateur égyptien en personne, Mohamed Hosni Moubarak et un certain nombre de personnages symbolisant la nomenklatura du régime : à commencer par ses deux fils, A’ala et Djamal Moubarak, ainsi que l’ex ministre de l’Intérieur Habib El-Adli, et plusieurs hauts responsables civils et militaires du régime aboli ;

- Secundo : de par la gravité des chefs d’accusations multiples retenus contre les prévenus accusés en particulier d’avoir commandité et ordonné des vagues de répression sanglante et massive ayant entraîné des centaines de morts, de blessés et de disparitions forcées, à l’encontre de populations civiles manifestant pacifiquement contre les abus du régime ; sans compter les dizaines d’affaires de détournements massifs de deniers publics, d’accaparements de patrimoines de la nation ou de cas de haute trahison couplée au sabotage criminel de l’économie nationale, comme le montre l’exemple du bradage d’énormes quantités de gaz naturel égyptien, livré clandestinement depuis des décennies, à l’entité sioniste ennemie ;

- Tertio : de par le caractère historique de ce procès, puisque ce sera bien la première fois dans l’Histoire contemporaine des pays arabes, qu’un ex Chef d’Etat et ses proches collaborateurs déférés devant la justice, comme n’importe quel citoyen, en raison de leurs crimes innombrables et de leurs forfaitures.

En dépit de nombreuses interrogations qui restent encore en suspens, quant à l’issue de ce procès, il ne fait plus aucun doute désormais, que le seul fait d’avoir traduit le criminel Moubarak et ses complices par devant un tribunal pénal égyptien, constitue en soi une grande victoire pour le peuple frère égyptien qui vient de signer là, une première historique et un précédent politique et psychologique aux conséquences les plus prometteuses pour la marche irrésistible de nos peuples, vers la liberté et la dignité, la démocratie et la justice.

L’ère des tyrans – qu’ils fussent rois, émirs ou présidents – touche désormais à sa fin, qui ont spolié la souveraineté des nations, confisqué la liberté des peuples et attenté à la dignité des citoyens, en s’accaparant des richesses de la nation et en bradant les ressources du pays, avec la complicité de puissances étrangères dont ils espéraient en retour, la complaisance, sinon la protection.

S’agissant en particulier de notre pays l’Algérie, cette image planétaire du pharaon boursoufflé du Caire, piteusement allongé sur sa civière aux cotés de ses complices, derrière les grillages d’une véritable cage aux fauves, va sonner comme un premier avis de passage, sonnant la fin de l’impunité, aux oreilles d’un Bouteflika et de sa fratrie, de leurs compères Belkhadem, Soltani, Bensalah et autres Ouyahia. Sans oublier bien sûr, leurs parrains militaires que sont les généraux-dafs comme les Nezzar, les Toufik, les Guenaïzia, les Ghezyel et toute la sinistre cohorte de tortionnaires et de miliciens à leur botte, qui ont plongé notre pays dans la guerre civile, au lendemain du Coup d’Etat du 11 Janvier 1992.

Tout ce beau monde aura à répondre un jour ou l’autre, collectivement et solidairement, des crimes imprescriptibles commis contre le peuple algérien ainsi que des pillages du patrimoine national et des détournements à grande échelle des deniers public, se chiffrant par milliards de dollars. Car, il n’est nullement écrit que le peuple algérien qui a payé le plus lourd tribut humain de l’Histoire de la décolonisation et subi l’une des guerres civiles récentes les plus meurtrières, restera à l’écart de la marche de l’Histoire. Et ce ne seront, ni les miettes de la rente pétrolière distribuées de manière régalienne, ni les augmentations et autres « rappels » à coups de millions de dinars en faveur des corps de sécurité, ni encore moins la pitoyable mascarade dite des « réformes » qui achèteront une quelconque paix civile d’où le peuple est absent.

En tout état de cause, la Justice de Dieu est indivisible. Elle passera pour tout le monde. Nécessairement.

Abdelkader DEHBI

 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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