ELWATAN-ALHABIB
mardi 28 juin 2011
 

Panique au DRS : La

tentation du chaos.



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En l’espace de quelques jours, coup sur coup, plusieurs articles paraissent dans la presse algérienne, et une vidéo sur Youtube, qui traitent, de façon inusitée, de sujets tabous, jusque là, et qui impliquent directement, ou par lourdes allusions, le DRS dans la manipulation du terrorisme, ou qui tentent, bien maladroitement, de le dédouaner. C’est la partie visible de la lutte qui fait rage.

Chamboulements…
Il y a du rififi dans l’air. Dans l’air vicié du régime. Dans son antre la plus sanctuarisée, le DRS.
Des informations persistantes, et recoupées, et des fuites organisées, font état de tiraillements, voire de conflits ouverts, entre le haut commandement de l’armée, massivement acquis au clan Bouteflika, et un groupe de généraux du DRS, eux-mêmes lâchés par leurs pairs de la même structure, et très vraisemblablement par leur propre patron, le tout puissant Général de Corps d’armée, le fameux Toufik.
Deux constats semblent se dessiner dès lors : Le premier est que la direction du DRS, si tant est qu’elle pèse encore, un tant soit peu, dans le cercle restreint des décideurs, est devenue polycéphale. Le second est que le conflit, jusque là larvé, qui sourdait entre ses principaux chefs, depuis la lutte pour le poste de DCE, libéré par le décès du général Smaïl Lamari, mais aussi depuis que le Président Bouteflika a entrepris une action de déstabilisation du Haut commandement de l’armée, pour se rallier les principaux généraux, de l’armée et du DRS, s’est étendu à l’ensemble du haut commandement militaire.
Cette mêlée au sein du DRS, et dans tout le sérail, qui avait commencé au lendemain de l’attentat de Batna, le 7 septembre 2007, contre le président Bouteflika, pour lui envoyer un message à un moment où il commençait à préparer son autre réélection, a visiblement tourné à l’avantage du Président, et achevé de semer la confusion au sein de cette organisation tentaculaire, que les Algériens appellent « dar el ghoul »(La maison de l’ogre), qui avait réussi à faire main basse sur les mécanismes exclusifs de la décision politique et économique de l’Etat.
Une presse arène…
Les articles en question ont été publiés dans la presse algérienne, dont le rôle, très ambigu au demeurant, a toujours été le conditionnement de l’opinion publique internationale, ce qu’elle tente elle-même de faire accroire, elle qui est surtout une espèce d’arène où se règlent les comptes entre clans. Ces articles ont traité, sous des angles qui en disent long, des affaires Malik MEDJNOUN, Abderazak le PARA, et Hassan HATTAB, et de la toute récente affaire, qualifiée très improprement de bavure, qui a eu lieu à Azazga, et qui, en fait, relève d’une énième tentative de se servir de la Kabylie pour brandir la menace du chaos.
Un autre article, qui se veut une analyse, commis par un ancien officier supérieur du DRS, qui passe, à tort ou à raison, pour être l’intellectuel organique de la maison, traite, entre autres points tout aussi sensibles, de l’influence directe et décisive du président Bouteflika dans une opération de neutralisation des chefs de l’armée, et d’une recomposition en profondeur des cercles de décision qui la contrôlaient. Une recomposition, en somme, du champ politique, que l’auteur nous présente sous son aspect le plus noble, dans un contexte hautement politique, là où se collètent des criminels de masse, et des affairistes voraces qui se nourrissent sur la bête.
Ce n’est pas tant le contenu de cet article qui est intéressant, mais le timing de sa publication, puisqu’il survient à ce moment précis où les uns et les autres entrent en campagne.
Echange d’amabilités…

La vidéo, qui circule sur Youtube à une vitesse rarement égalée, nous montre un jeune homme, kalachnikov en bandoulière, qui revendique son statut de terroriste aux ordres du DRS. Il fait des révélations, quelque peu décousues et primesautières, en Kabyle, sur le rôle du DRS dans le terrorisme en Kabylie. Il donne des détails intéressants sur certaines opérations, notamment sur les kidnappings d’hommes d’affaires de la région, qui ont été enlevés sur ordre du même DRS. Cette vidéo ne fait que confirmer ce que tous les Algériens savaient depuis des lustres, mais c’est le fait qu’elle se soit engouffrée en ce moment précis qui fait son importance, et qui permet d’en faire une lecture appropriée.
Nous assistons, en fait, à un échange d’ « amabilités », entre propagandistes opposés. Cette vidéo est devenue d’autant plus intéressante qu’elle a été suivie, de très près, par un communiqué de l’AQMI, qui tente de se racheter une virginité, et de se désolidariser des groupes qui pratiquent le kidnapping. Last but not least. Le clan du DRS qui a créé, activé, armé, financé et coordonné AQMI est-il en train de perdre le contrôle sur la branche de Kabylie, après avoir perdu celui du Sahel ?

Il faut relever que cette véritable offensive médiatique a été déclenchée aussitôt qu’il a été décidé de « régulariser » les affaires dites de Abderazak le Para, de Hassan HATTAB et de Malik MEDJNOUN.
Trois affaires clés sur l’implication du DRS dans le terrorisme pédagogique, et qui toutes trois menaçaient de confirmer, si elles sont instruites sérieusement, que le fameux « qui tue qui » a toujours été une vraie question.
Les honorables invités du DRS…

Abderazak le Para et Hassan Hattab sont deux émirs du GSPC, rebaptisé AQMI. Ils sont considérés par plusieurs observateurs sérieux comme étant des agents retournés par le DRS, ou infiltrés par lui, au sein des GIA, puis du GSPC. Le premier un des piliers de la grosse contrebande aux frontières, et de trafics en tout genre dirigés par des généraux du DRS, des trafics particulièrement rentables, comme celui du kif, de la cocaïne, des cigarettes, est l’auteur de l’enlèvement et de la séquestration de 32 touristes étrangers au Sahara et au Sahel. Une des otages, une Autrichienne, avait décédé pendant la criminelle équipée, et le Para avait encaissé une rançon de plusieurs millions d’euros, pour relâcher les otages. Abderazak le para fut arrêté par le MDJT, un mouvement armé rebelle, basé dans le nord du Tchad.
Lorsque le MDJT entra en contact avec le gouvernement allemand, pour lui livrer Abderazak le para, le DRS engagea, auprès de M.Kadhafi, le dirigeant libyen, une action qui n’a pas encore livré ses secrets, pour court-circuiter les intentions du MDJT, et empêcher qu’il ne soit remis aux Allemands. Cela aurait eu des suites catastrophiques pour le DRS, si Abderazak avait été jugé par la justice allemande. Il aurait parlé, et le monde entier aurait su que les actions terroristes des terroristes algériens étaient commanditées par des généraux algériens. Les libyens intervinrent, et firent pression sur le MDJT qu’ils contrôlaient et qu’ils finançaient. Abderazak Le Para fut donc récupéré, et remis à ses sponsors algériens. Contrairement à ce qui aurait pu être effectué, par la suite, dans n’importe quelle république bananière, moyennement honorable, Le Para ne fut pas remis à la justice algérienne, qui le réclamait, mais gardé en villégiature, dans un endroit tenu secret, sous la coupe du DRS, très probablement dans une résidence spécialement aménagée pour les émirs du DRS, au sein de la caserne Antar, à Ben Aknoun.
Et le DRS refusa de remettre ce Monsieur à la justice, qui continuait de le considérer « en fuite », et de le condamner à plusieurs reprises par contumace, alors que n’importe qui, en Algérie, savait qu’il était hébergé par le DRS. Plus que cela, Hassan Hattab, émir en chef du premier, lui aussi recherché par la justice algérienne, qui le considérait en fuite aussi, bénéficia du même traitement surréaliste, et devint un honorable invité du DRS, au su et au vu de tout le monde, et il fut, lui aussi, condamné par contumace par la justice algérienne, y compris à la peine capitale.
En détention préventive depuis douze longues années…

Pour ces deux invités de marque, et d’autres encore, moins connus, le DRS opposait une fin de non recevoir à la justice qui n’osait même pas les lui réclamer directement, et qui se contentait d’envoyer des convocations au domicile des intéressés.
Ces émirs du DRS étaient devenus une sorte d’enjeu, entre le clan présidentiel et le dernier carré des irréductibles du DRS. Pour la simple raison que ces derniers étaient les plus exposés, en cas de révélations sur le rôle du DRS dans la manipulation du terrorisme pédagogique. Deux parmi ces généraux, qui avaient le grade de commandant, au moment des faits, étaient à un niveau « opérationnel » de haute intensité, au moment des actions entreprises par les « terroristes ». En plein terrorisme pédagogique. En clair, non seulement ils couvraient des actions terroristes, mais en plus, ils ne rechignaient pas à mettre la main à la pâte, lors d’exécutions extrajudiciaires, et de torture.

Ce fut le cas aussi pour l’affaire Malik Mdjnoun. Cet homme, dont l’affaire a été qualifiée de kafkaïenne par Me Aït-Habib, son avocat, est symptomatique de la vraie nature du régime algérien. Il est incarcéré, dans une prison, à titre détention PREVENTIVE, depuis DOUZE ANNEES. Depuis le début de l’année 1999. Sans procès. 12 ans ! C’est dire.
Il a été présenté à la justice 08 mois après son enlèvement par le DRS. Huit longs mois pendant lesquels il fut atrocement torturé, pour lui faire avouer un crime qu’il n’avait pas commis, celui du chanteur engagé Maatoub Lounès, une idole en Kabylie.
Qui contrôle la Kabylie contrôle le pays…
Cet odieux assassinat, en plus des motivations qui l’ont provoqué, a servi d’argument massue à ceux qui doutaient de leur détermination, et de leur capacité à contrôler la Kabylie. C’est comme s’ils disaient à tous les adversaires : « Admirez le brio ! Matoub Lounès est la personnalité la plus adulée de la jeunesse kabyle, et nous l’avons éliminé sans que personne ne bronche. La Kabylie, c’est comme on veut nous, et personne d’autre. Si on veut qu’elle bouge, elle bouge. Si on veut qu’elle ne bouge pas, alors elle ne bougera pas, dans n’importe quelle circonstance.»
L’un des officiers opérationnels du DRS qui ont concocté ou fait exécuté l’assassinat de Matoub Lounès, et qui aurait contribué personnellement à la « question » de Malik Medjnoun, pour le convaincre d’avouer, est aujourd’hui un des généraux qui se sentent menacés par d’éventuelles révélations. Ce général, lui-même Kabyle, impliqué autant dans des opérations de terrorisme pédagogique, que dans des affaires de très gros sous, appartient au clan du DRS qui a instrumenté la violence en Kabylie, et qui continue de la faire, pour des raisons qui font froid dans le dos.
Ces gens, dont certaines informations laissent penser qu’ils ne sont que des criminels brutaux, et non des stratèges machiavéliques, comme ils tentent de le faire croire, ont utilisé toute une région du pays, la plus peuplée, la Kabylie, pour la conditionner, et en faire une poudrière, qu’ils peuvent faire exploser au moment qu’ils auront choisi. Le tout était de la déstructurer, et de la maintenir dans un état permanent d’anxiété, et de terreur.
La Kabylie était le fer de lance de l’Algérie, en termes de potentiel contestataire, ils ont en fait le ventre mou du régime, pour pouvoir le garder sous leur dépendance. Ils y ont testé toutes sortes d’expériences. Ils y ont injecté des GIA particulièrement bien équipés, pour y greffer une sorte d’organisation de la peur, sur les populations, pour les neutraliser. Puis, pour couper cette région contestataire du reste du pays, et la désigner à la vindicte des Algériens des autres régions, ils y ont encouragé une opération d’évangélisation, aussi vaste qu’elle fut vaine, au moment même où ils faisaient répandre sur les Kabyles une propagande haïssable, de gens qui consomment ouvertement du porc, qui brûlent le Coran et l’emblème national, qui insultent le prophète de l’islam, oubliant de préciser que la Kabylie est la région du pays qui abrite le plus de mosquées. Mais cette propagande ne fut pas sans effets.
La terreur et la débauche débridée…

Puis, dans leur lancée, après avoir initié des sites internet islamophobes, ils ont lancé un discours séparatiste qui ne disait pas son nom, pour ne pas braquer les Kabyles. Lorsque le terrorisme a commencé à s’atténuer, à la suite de circonstances qu’il n’est pas utile d’évoquer ici, ils ont craint que la Kabylie, leur outil le plus décisif, ne leur échappe. Alors, ils ont mis sur pied une autre forme de terrorisme, celui de l’enlèvement des hommes d’affaires et de leurs parents.
Ils ont pu ainsi instaurer, et généraliser, à toute la Kabylie, un climat anxiogène d’une rare intensité. Ils ont mis en place, dans des villes stratégiques de la Kabylie, tout un dispositif de terreur et de déstabilisation qui neutralise et annihile toute velléité d’organisation de la société, en même temps qu’il la maintient en état de menace potentielle dont ils se servent pour renforcer leur influence.
Cela a engendré une sorte d’organisation très spécifique, mi-intégriste, mi mafieuse, qui collabore très activement avec le DRS, et qui reçoit en échange des brisées qu’elle peut exploiter à sa guise, et dans l’impunité. Jamais auparavant la Kabylie n’a été autant infestée par un nombre aussi grand de lieux de débauche en tout genre, en coopération avec ceux-là même qui prônent une république islamiste. Une vraie purée de poix, où se côtoient des prédateurs de tout accabit.
Ce qui se passe en ce moment, particulièrement en Kabylie, relève de tous ces cas que j’ai évoqués. Le clan du DRS qui cherche à garder, ou à reprendre des espaces de décision, et à prolonger un deal qui leur a toujours permis d’être les maîtres du pays, est aux abois. Il est acculé par unclan qui a le vent en poupe, et les smoyens de ses ambitions.
Qui attaque qui ?

Cette décision de diligenter le procès de M.Medjnoun, de remettre H.Hattab et A.le Para entre les mains de la justice, , dont il est permis de penser qu’elle a été initiée par le Président Bouteflika, et la quasi-totalité des chefs de l’armée, y compris celle du général Mediène, dit Toufik, est un évènement crucial. L’agitation qui s’est emparée de certains milieux, dont l’influence sur les médias est encore intacte, dénote d’une véritable panique. Ces milieux, dont le cœur battant se trouve au sein d’un carré d’irréductibles du DRS, mais qui sont connectés à des puissances d’argent, y compris internationales, tentent de réactiver leurs réseaux en Kabylie, pour la faire entrer dans une phase plus aigue d’incertitude. La « bavure » de Azazga découle de cette logique. En entrant dans une telle dynamique, ces milieux, passés maîtres en matière de subversion, tentent d’agiter le spectre du chaos. Ils disent, en clair, que si la machine de guerre qui s’est ébranlée contre eux les accule davantage, ils déclencheraient des évènements aux conséquences incalculables. Parce qu’ils savent que ceux qui veulent les réduire, vraisemblablement le Président Bouteflika et les chefs de l’armée qui l’ont rallié, sont épouvantés à l’idée que l’Algérie n’entre dans la déferlante révolutionnaire qui bouleverse toute la région. C’est leur dernière tranchée. Ils cherchent à faire passer un message clair: Nous ou le chaos !

Des questions lancinantes subsistent néanmoins. Qui est encore dans ce clan du chantage au chaos ? Qui au juste ? Pour quels objectifs inavouables le clan présidentiel a-t-il opté pour une éradication de ce clan ? Certainement pas pour moraliser le monde interlope de la politique à l’algérienne, ca se saurait sinon. Pourquoi alors ?

D.Benchenouf

 
dimanche 26 juin 2011
 

“L’armée algérienne ne doit pas fournir des

prétextes aux puissances étrangères

d’intervenir”


Par:Hugh ROBERTS

«Il est impératif pour l’Algérie, en tant qu’Etat, de faire le choix de la légitimité démocratique aux lieu et place de courir le risque de chercher une légitimité internationale qui figure, de plus en plus, dans les discours des puissances occidentales», prévient le politologue en évoquant l’exemple égyptien d’avant la révolution où le fils du raïs, Gamal Moubarak, est allé chercher l’approbation chez les autres forces extérieures pour être intronisé président.

Il fait savoir que «les élites politiques se tournent vers des forces extérieures de légitimation et c’est valable aussi pour l’Algérie, d’où la nécessité de renégocier les rapports militaires-politiques». Pour lui, l’armée algérienne fait face à un choix stratégique. Elle doit faciliter l’avènement des forces politiques démocratiques réellement représentatives et laisser faire la volonté populaire à travers des élections sérieuses.

«Il convient de ne pas fournir des prétextes aux puissances étrangères d’intervenir. Car dans le système international actuel, les puissances internationales s’arrogent le droit d’ingérence d’où la nécessité de faire le choix d’une légitimité nationale basée sur la démocratie», prône Hugh Roberts. Un Etat démocratique où seuls les citoyens donnent le mandat et le retirent à travers des élections réellement démocratiques, est la condition sine qua non pour rendre l’Etat à la société. Le politologue Hugh Roberts, en fin connaisseur de l’Algérie, conclut son intervention sur une touche d’espoir, en estimant que le monde arabe «vit, en ce moment, la fin d’un cycle historique et le début difficile de quelque chose». Source El Watan

 
samedi 25 juin 2011
 

Les super-riches sabotent les révolutions arabes (Countercurrents)

Shamus COOKE


Pendant que les révolutions balaient le monde arabe et s’enflent en Europe, des vieux tyrans ou des gouvernements discrédités s’accrochent au pouvoir de toutes leurs forces. La situation est extrêmement grave : le statu-quo économique et politique vit une crise profonde. Si les mouvements pro-démocratiques et anti-austérité sortent victorieux, ils auront un problème immédiat à résoudre — comment financer leur vision d’un monde meilleur. Ce qui se passe jusqu’ici en Egypte ou en Grèce prouve suffisamment que l’argent a de l’importance. Les nations riches qui tiennent les cordons de la bourse peuvent encore influencer le cours des événements à distance en imposant des conditions humiliantes aux pays qui vivent un profond bouleversement social.

Cette stratégie est appliquée impitoyablement dans le monde arabe. Prenez par exemple l’Egypte où les USA et l’Europe soutiennent discrètement la dictature militaire qui a remplacé le dictateur Hosni Moubarak. Ce sont maintenant les généraux de Moubarak qui dirigent le pays. Le peuple d’Egypte, cependant, veut toujours un vrai changement, pas une simple redistribution des postes au sommet ; Une vague de grèves et de manifestations de masse testent le pouvoir de la nouvelle dictature militaire.

Une vague de grèves signifie que les Egyptiens veulent de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail ; d’ailleurs les opportunités économiques étaient une des revendications principales de ceux qui ont fait tomber Moubarak. Mais les révolutions ont tendance à avoir un effet temporairement négatif sur l’économie d’une nation. Cela est dû en grande partie au fait que ceux qui dominent l’économie, les riches, font de leur mieux pour saboter toute velléité de changement social.

Un des aspects qui caractérise les révolutions est l’exode des riches qui craignent avec raison que leur richesse ne soit redistribuée. On a coutume d’appeler ce phénomène "fuite des capitaux". Par ailleurs, les riches investisseurs étrangers cessent d’investir dans un pays révolutionnaire car ils ne peuvent pas savoir si l’entreprise dans laquelle ils investissent restera privée ou si le gouvernement adoptera la stratégie du défaut de paiement pour ne pas rembourser les investisseurs étrangers. Enfin les travailleurs demandent de meilleurs salaires pendant les révolutions et beaucoup de propriétaires -parmi ceux qui ne se sont pas enfuis- préfèrent fermer leurs entreprises que de faire de petits profits. Tout cela nuit à l’économie dans son ensemble.

Selon le New York Times :

"La révolte [égyptienne] qui a duré 18 jours a stoppé les investissements étrangers et a décimé l’industrie essentielle du tourisme... La révolution a provoqué des nouvelles revendications pour plus d’emplois et de meilleurs salaires qui se heurtent rapidement à la diminution de la capacité économique.... Les grèves des travailleurs qui demandent leur part du butin de la révolution continuent à entraver l’industrie..... Les principaux détenteurs de capitaux du pays ont été arrêtés ou se sont enfuis ou ont trop peur de s’investir dans quoi que ce soit...."

Conscientes de cette dynamique, les riches nations du G8 l’exploitent de leur mieux. Sachant que les gouvernements qui émergeront des révolutions arabes auront un urgent besoin de liquidités, le G8 leur fait miroiter 20 milliards de dollars attachés à une ficelle. La ficelle en questions est l’exigence que les pays arabes continuent les politiques de "libre échange" c’est à dire les réformes favorables aux affaires comme les privatisations, la suppression de subventions sur l’alimentation et l’essence et un meilleur accès à l’économie des banques et entreprises étrangères. Un autre article du New York Times traite de ce sujet sous un titre trompeur : "Promesse d’aide du groupe des 8 pour soutenir les démocraties arabes" :

"La démocratie, ont affirmé les leaders [du G8], ne peut s’enraciner que dans des réformes économiques qui créent le libre échange... Les [20 milliards de dollars] promis ne sont pas un chèque en blanc", a dit le président Obama, mais "une somme maximum qui ne sera entièrement versée que si les réformes |économiques] adéquates sont engagées." (28 mai 2011).

La politique du G8 envers le monde arabe est donc la même politique que le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale ont mené contre les nations les plus faibles qui ont eu des problèmes économiques. Le remède est presque pire que la maladie car les réformes vers le "libre échange" aboutissent toujours au siphonage de la richesse nationale par toujours moins de personnes ; les privatisations des services publics enrichissent sans cesse les plus riches pendant que la destruction des services sociaux appauvrit sans cesse les plus pauvres. De plus la porte ouverte aux investisseurs étrangers se transforme en bulle spéculative qui finit inévitablement par exploser et alors les investisseurs fuient le pays dont l’économie est dévastée. Ce n’est pas par hasard que de nombreux anciens "bénéficiaires" du FMI après avoir remboursé leur dette ont dénoncé leurs bienfaiteurs en se jurant de ne jamais y revenir.

Les pays qui refusent les conditions imposées par le G8 ou le FMI se privent donc des capitaux dont n’importe quel pays aurait besoin pour subsister et se développer pendant un bouleversement social. Les pays riches sont victorieux dans tous les cas : que le pays pauvre se laisse pénétrer économiquement par les entreprises occidentales ou que le pays pauvre se retrouve économiquement et politiquement isolé, sanctionné et utilisé comme un exemple de ce qui arrive aux pays qui tentent de se développer dans une perspective non-capitaliste.

De nombreux pays arabes suscitent particulièrement la convoitise des entreprises étrangères avides de nouveaux secteurs d’investissement car ils possèdent d’importantes industries étatiques pour aider les populations laborieuses, une tradition qui remonte au président socialiste égyptien Gamal Abdel Nasser et qui s’est répandue dans tout le monde arabe. Si l’Egypte devient la victime d’une folie furieuse de privatisation, les travailleurs égyptiens devront payer plus cher la nourriture, l’essence et autres produits de base. C’est la raison pour laquelle, en plus du pétrole, beaucoup d’entreprises étasuniennes aimeraient envahir l’Iran.

Le tumulte social dans le monde arabe et en Europe a mis en lumière la domination des riches investisseurs et des riches multinationales sur la politique des nations. Partout en Europe on examine des "plans de sauvetage" pour les nations les plus pauvres qui ont des difficultés économiques. Les termes de ces prêts spéciaux sont drastiques et n’ont qu’un seul but, produire le maximum de profit. En Grèce par exemple, tout le monde est conscient que les prêteurs sont motivés par leur seul intérêt quand ils aident a créer un mouvement social qui pourrait atteindre les proportions de celui des pays arabes. Selon le New York Times :

"le nouveau [plan de sauvetage de la Grèce], cependant ne sera mis en place que si davantage de mesures d’austérité sont introduites.... En plus d’une progression plus rapide des privatisations, l’Europe et le Fond [FMI] ont exigé que la Grèce supprime des postes dans le secteur public et ferme les services qui ne sont pas rentables." (1er juin 2011).

Le même phénomène se produit partout en Europe, de l’Angleterre à l’Espagne les travailleurs apprennent qu’il faut réduire drastiquement les programmes sociaux, supprimer les emplois publics et privatiser les industries d’état. Les USA sont aussi en ligne de mire des "détenteurs vigilants de bonds du Trésor" [riches investisseurs] qui les menace d’arrêter d’acheter de la dette étasunienne si la sécurité sociale, Medicare, et autres services sociaux ne sont pas supprimés.

Jamais auparavant l’économie de marché de la planète n’a été si horriblement affectée, détournée et dominée par les super-riches. La prise de conscience croissante de cet état de fait ne peut pas être facilement récupérée par les promesses de "démocratie" des politiciens puisque la démocratie est précisément le problème : une toute petite minorité de super-riches exercent une dictature grâce à leur immense richesse sur les gouvernements et menacent ceux qui ne font pas tout ce qu’ils veulent. Les gouvernements dociles reçoivent de l’argent et les gouvernements indépendants en sont privés et les médias occidentaux ne remettent jamais en questions les soudaines volte-face politiques qui transforment en un instant un allié de longue date des USA en un "dictateur" et vice-versa.

Le renversement des dictateurs du monde arabe a immédiatement soulevé la question "Et maintenant quoi" ? Les demandes économiques des travailleurs ne peuvent pas être satisfaites tant que des multinationales géantes dominent l’économie parce que des salaires plus élevés signifient moins de profit pour les multinationales et de meilleurs services sociaux nécessitent que les riches paient plus d’impôts. Ces conflits fondamentaux sont à l’arrière-plan des soulèvements sociaux partout dans le monde ; ils sont arrivés à maturité avec la récession mondiale et continueront à dominer la vie sociale dans les années à venir. A l’issue de cette longue lutte nous verrons quel type de société émergera de l’agitation politique, nous verrons si elle répond aux revendications des travailleurs ou si elle sert les intérêts des riches investisseurs et des multinationales.

Shamus Cooke

Pour consulter l’original : http://countercurrents.org/cooke200611.htm

Traduction : Dominique Muselet

 
mercredi 22 juin 2011
 

Escalade militaire : Phase II de la guerre en Libye









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Une nouvelle phase de la guerre se met en branle, conduisant à un processus d’escalade militaire ainsi qu’au débarquement de commandos de l’OTAN et des États-Unis sur les côtes libyenne.

Un déploiement sans précédent de puissance navale est en cours dans la Méditerranée.

Le 1er juin, les États membres de l’Alliance nord-atlantique (OTAN) ont décidé au cours d’une rencontre à Bruxelles de « renouveler la mission », c'est-à-dire poursuivre la guerre contre la Lybie « pour un autre 90 jours, jusqu’à la fin septembre ».

Depuis le début de la guerre le 19 mars, plus de 10 000 sorties ont été menées. L’OTAN reconnaît un total de 9036 sorties, incluant 3443 sorties de frappes sur une période de deux mois, du 31 mars au 31 mai.

Les opérations militaires ne sont plus limitées aux campagnes de bombardements à haute altitude, dans lesquelles les cibles de frappes sont « pré-approuvées » et planifiées à l’avance. Le déploiement d’hélicoptères et d’opérations aériennes à basse altitude est envisagé. Ces dernières pour supporter le déploiement de commandos de l’OTAN et des forces rebelles au sol.

Ce qui se dessine est une escalade des opérations militaires, qui mène simultanément à une guerre prolongée.

Le super-porte-avion USS George HW Bush, le navire le plus avancé dans l’arsenal naval américain, accompagné de son groupe d’assaut, est entré dans la Méditerranée pour se joindre à la Sixième flotte à Naples.

Le USS George HW Bush (CVN77) est le plus gros navire au monde : avec « 4,5 acres d’espace sur sa piste d’aviation, le rendant capable d’accueillir 90 jets et hélicoptères. Il héberge un équipage de 5500 personnes ». Équipé avec des systèmes guerriers électroniques sophistiqués, il est la plus grande « base militaire mobile » au monde. (Manlio Dinucci, Sarkozy et Cameron préparent le débarquement en Libye, Mondialisation.ca, le 28 mai 2011).

Le USS George HW Bush et son groupe ont été envoys en « voyage de noce » jusqu’à la zone d’opérations de la Sixième flotte, c'est-à-dire la Méditerranée Il a été « certifié prêt aux opérations de combat » un mois avant le début de la guerre contre la Lybie ( USS George H.W. Bush Strike Group Certified Combat Ready, 21 février 2011).

Réduire l’ennemi à la soumission totale

« La liberté en marche » (Freedom at Work) est le « logo humanitaire » du USS George HW Bush.

CVN-77 insignia.png

La taille du super-porte-avion, ses systèmes d’armement avancés, ses capacités destructives, sans mentionner son coût, son l’expression même des folles ambitions impériales américaines. Selon la doctrine « choc et stupeur », le USS George HW Bush est destiné à soumettre l’ennemi à la totale domination.




Escalade militaire

Depuis le début de la guerre le 19 mars, plus de 10 000 sorties ont été menées. L’OTAN reconnaît un total de 9036 sorties, incluant 3443 sorties de frappes sur une période de deux mois, du 31 mars au 31 mai.

Les opérations militaires ne sont plus limitées aux campagnes de bombardements à haute altitude, dans lesquelles les cibles de frappes sont « pré-approuvées » et planifiées à l’avance. Le déploiement d’hélicoptères et d’opérations aériennes à basse altitude est envisagé. Ces dernières pour supporter le déploiement de commandos de l’OTAN et des forces rebelles au sol.

Avec le déploiement du USS George HW Bush et de son groupe, de pair avec les navires de guerre des autres pays alliés, une nouvelle étape de la guerre s’amorce.

Les opérations militaires ne sont plus limitées aux campagnes de bombardements à haute altitude, dans lesquelles les cibles de frappes sont « pré-approuvées » et planifiées à l’avance. Le déploiement d’hélicoptères et d’opérations aériennes à basse altitude est envisagé. Ces dernières pour supporter le déploiement de commandos de l’OTAN et des forces rebelles au sol.

Le navire britannique HMS Ocean, déployé à partir de Chypre, est équipé comme porte-hélicoptères, pour des hélicoptères Apache.

Les Apaches seraient déployées à partir du HMS Ocean, le plus gros navire de guerre britannique. À la mi-mai, des exercices en mer ont été tenus au large de Chypre, impliquant des bateaux de guerre britanniques et néerlandais, avec le HMS Ocean jouant un rôle central comme porte-hélicoptère. « L’exercice incluait des répétitions de défense anti-aérienne et du tir à munitions réelles en mer, avec des exercices amphibies en zone côtière. »

En échange, la France a confirmé qu’elle déploierait ses hélicoptères d’attaque Tigres.

Nous pouvons ainsi nous attendre à un changement majeur dans la nature des opérations militaires au cours des semaines à venir, à l’envoi de commandos en appui à des opérations terrestres, avec des hélicoptères et des déploiements aériens à basse altitude jouant un rôle important. (Ces vols à basse altitude ne seraient pas limités aux drones Predators).

La nature des opérations aériennes deviendra, par conséquent, plus ciblée. L’objectif avoué est « emmener la campagne aérienne au sol ». Le super-porte-avion USS George HW Bush et son groupe de combat joueront un rôle clé dans l’implantation de la prochaine phase de la guerre.

Video: « USS H. W. Bush (CVN77) together with its Carrier Strike Group 2 » (Source US Navy)

Voir également la vidéo: http://bfbs.com/news/uk/military-giant-seas-calls-port-48131.html


File:HMS Ocean, in parade formation.jpg





Hélicoptère Apache

Simuler le théâtre de guerre méditerranéen : « Saxon Warrior »

Dans les semaines précédent son « voyage de noces » en Méditerranée, le USS George HW Bush, avec son groupe de combat, a pris part à un grand jeu de simulation de guerre au large de la côte de Cornwall, au Royaume-Uni, sous les auspices de la Royal Navy, du 19 au 26 mai.

Nommé « Exercice Saxon Warrior », cette simulation s’est tenue dans un environnement maritime, avec la participation de navires de guerre britanniques, américains, français, allemands, suédois et espagnols. En tout, l’exercice impliquait la participation de 26 unités navales ( EGFE Movements » Exercise Saxon Warrior).

Il est significatif que « Saxon Warrior » soit une des plus grande simulation de guerre tenues par la Royal Navy, en lien étroit avec la marine américaine, l’OTAN et le Pentagone.

« (Ils sont) destinés à améliorer les habiletés du groupe d’assaut du porte-avion Bush…pour qu’il puisse fonctionner rondement avec les forces européenes pendant son déploiement [dans la Méditerranée contre la Lybie (M.C.)].

Le groupe d’assaut du George HW Bush est bien préparé pour ce déploiement », a dit le vice-amiral Nora Tyson, commandant du groupe, et première femme à diriger le groupe d’un porte-avion américain.

« Nous sommes très heureux d’être participants à Saxon Warrior. (Cet exercice) procure une opportunité pour tous les navires dans le groupe pour améliorer notre capacité à opérer sans heurt et efficacement avec les autres unités de l’OTAN. » (( George Bush bound for Portsmouth after war games with Royal Navy navynews.co.uk )

Les exercices de simulation sont directement reliés à la « vraie guerre ». Saxon Warrior simulait tant la structure de commandement multinationale que la configuration de la guerre dirigée par l’OTAN dans la Méditerranée en terme de déploiement naval, aérien et d’hélicoptères, ainsi que les possible opérations de forces au sol. Les 5500 marins à bord du USS George HW Bush sont destinés à être utilisés en cas de débarquement de commandos en territoire ennemi.

« [Saxon Warrior est] un exercice conçu pour développer des habilités de combat spécifique à un théâtre d’opérations ainsi qu’à améliorer la coopération à plusieurs niveaux entre des forces et agences gouvernementales de plusieurs pays. (…) Saxon Warrior présente une myriade de défis à la force multi-nationale et multi-plateforme en créant un environnement de guerre diversifié et imprévisible basé sur des scénarios géo-politiques et militaires fictifs. » (George H.W. Bush Strike Group Participates in Saxon Warrior, http://www.navy.mil/search/display.asp?storyid=60543, emphasis added)

Bien que l’exercice ait eu lieu sous la direction de la marine britannique, des exercices de vols à basse altitude d’avions et hélicoptères ont aussi été entreprises dans le Sud-Ouest de l’Angleterre et une partie du Pays de Galles, simulant les conditions d’un pays ennemi fictif. L’attention portée aux opérations d’hélicoptères et de missions aériennes à basse altitude est entièrement conséquente avec la prochaine étape de la guerre contre la Lybie, tel qu’expliquée plus haut.

Le jeu de guerre « Saxon Warrior » est vu par l’appareil militaire américain comme procurant « une opportunité, comme force déployée, d’intégrer des partenaires de la coalition dans notre structure de commandement et cela se produit pour la première fois. » (Capt. Patrick. O. Shea, USS Gettysburg commanding officer, .Military News: Gettysburg Participates in Saxon Warrior, le 24 mai 2011)

Si la Royal Navy coordonnait le jeu de guerre, la force navale américaine, en terme de deployment militaire et de « structure de commandement fictive », était de loin le joueur clé.

L’exercice de huit jours impliquant des scénarios de mission unique « englobant des combats sous-marins, aériens et de surface ». Le 26 mai, la dernière journée a culminé avec « une guerre simulée » dans un environnement maritime.

Alors que Saxon Warrior était basé sur des scénarios géopolitiques et militaires « fictifs », les participants, eux, savaient fort bien qu’ils s’entraînaient pour la guerre contre la Lybie.

« Nous nous entraînons dans une opération en déploiement, pour améliorer notre préparation au cas où nous devenions impliqués dans une opération dans la vraie vie. » (Ibid, emphase ajoutée)

« Saxon Warrior nous donne un environnement plein de défis dans lequel utiliser nos habiletés guerrières ».

« Nous devons penser rapidement hors des chemins battus. Le plus agiles nous sommes, le plus préparés nous serons pour toute mission qui surgit pendant le déploiement. C’est la beauté de Saxon Warrior. »

« La beauté d’opérer avec des partenaires de coalition est que nous pratiquons avec eux, apprenons leur forces et ensuite incorporons ces forces les unes aux autres pour créer la meilleure force de coalition possible. » George H.W. Bush Strike Group participates in Saxon Warrior 11 .norfolknavyflagship.com, 26 mai, 2011, emphase ajoutée).

L’axe militaire anglo-américain

Ces jeux de guerre font partie du cadre d’une coopération militaire avancée entre Londres et Washington, impliquant l’intégration de facto des structures de commandement britanniques et américaines. Les jeux de guerre ont été prévus pour coincider avec la visite officielle du président Barack Obama au Royaume-Uni, soulignée comme une « relation spéciale » entre les États-Unis et le Royaume-Uni.

Significativement, les rencontres de haut niveau entre le président Barack Obama et le premier ministre David Cameron ont mené à l’établissement d’un conseil conjoint de sécurité nationale, avec le mandat de coordonner la prise de décisions militaires ainsi que la politique étrangère. Dirigé par les conseillers à la sécurité nationale américains et britanniques, ce conseil vise à consolider encore d’avantage l’axe militaire anglo-américain.

La prochaine phase de la guerre contre la Lybie

Ce qui s’annonce est une escalade des opérations militaires, qui mène simultanément à une guerre prolongée.

Ce changement dans la direction des opérations militaires vers un support de l’aviation et des hélicoptères aux commandos au sol ne mènera pas nécessairement à une invasion en bonne et due forme, du moins pour le futur proche.

Le USS HW Bush et son groupe de combat joueront un rôle clé dans le support aux opérations au sol grâce aux sorties des avions et hélicoptères.

« Le porte-avion George HW Bush est flanqué d’un groupe de combat consistant des destroyers à missiles guidés Truxtun et Mitscher, des croiseurs à missiles Gettysburg et Anzio et de huit escadrons d’avions. Il va renforcer la Sixième flotte, dont le commandement est à Naples, aux côtés d’autres unités, incluant les sous-marins nucléaires Providence, Florida et Scranton. Aussi ajouté à la Sixième flotte est une des groupe d’attaque amphibie les plus puissants, dirigé par le USS Bataan, qui à lui seul peut débarquer plus de 2000 marines, équipés avec des hélicoptères et des avions à décollage vertical, de l’artillerie et des tanks. Il est flanqué de deux autres vaisseaux d’attaque amphibie, le Mesa Verde et le Whidbey Island, qui du 13 au 18 mai ont visité Taranto en Italie. Le Whidbey Island possède quatre gigantesque véhicule de débarquement à coussin gonflable qui, dans un rayon de 300 miles, peut emmener 200 hommes à la fois très rapidement sur la côte d’un pays sans être visible de la terre ferme. » (Manlio Dinucci, Sarkozy et Cameron préparent le débarquement en Libye, Mondialisation.ca, le 28 mai 2011).

Les forces spéciales ont été sur le sol libyen dès l’aube de la campagne aérienne. Les forces de mercenaires sous contrat avec l’OTAN sont aussi déployées. (Voir Manlio Dinucci, Naissance aux Emirats de l’armée secrète pour le Moyen Orient et l’Afrique, Mondialisation.ca, le 18 mai 2011).

Choc et stupeur

Dans le cadre de la stratégie “choc et stupeur”, les bombes anti-bunker BLU-109 de 2000 livres doivent être larguées sur la Lybie en utilisant des chasseurs Tornado de la Royal Air Force britannique. « Choc et stupeur » fait partie de la doctrine de « dominance rapide » ou « force décisive », utilisée pour intimider l’adversaire jusqu’à la soumission, ainsi qu’à terrifier la population civile.



Royal Air Force Tornado GR4A



Armes nucléaires contre la Lybie

Il vaut la peine de noter que l’usage d’armes nucléaires tactiques contre la Lybie a été envisagé dans le cadre de la « guerre humanitaire ». En 1996, la Lybie était le pays choisi dans le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord pour être la cible d’une arme nucléaire tactique B61-11, une bombe perceuse de bunker équipée d’une ogive nucléaire.

Le plan pour nucléariser la Lybie n’a jamais été effacé. Peu après le début de la campagne de bombardement le 19 mars, le Pentagone a ordonné des tests de fonctionnalité de la bombe nucléaire B61-11. Ces tests ont été conduits en utilisant les même bombardiers furtifs B2, de la même base militaire au Missouri, qui a été utilisée pour coordonner les raids des B2 sur la Lybie au début de la guerre le 19 mars (Voir Michel Chossudovsky, Dangerous Crossroads: Is America Considering the Use of Nuclear Weapons against Libya? Global Research, 7 avril 2011).

Tous ces développements pointent vers un dangereux processus d’escalade militaire, qui pourrait potentiellement s’étendre au-delà des frontières libyennes. Les implications économiques et géo-stratégiques de cette guerre vont beaucoup plus loin.



Article original en anglais : Military Escalation: "Phase Two" of the War on Libya, publié le 1er juin 2011.

Traduction : Vincent Larouche pour Mondialisation.ca




Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l'Université d'Ottawa. Il est l'auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en 12 langues).

 
vendredi 17 juin 2011
 

Une révolution au Maroc: Un train de réformes qui va isoler davantage le régime algérien.

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C’est parti ! Le roi du Maroc frère, qui a compris que le salut du royaume alaouite se trouve dans des ouvertures courageuses va s’engager dans un véritable processus de démocratisation de son pays.
C’est un geste de haute portée, une initiative historique qui est au diapason des aspirations populaires marocaines, pour l’instauration progressive d’une monarchie parlementaire, et l’engagement de tout le système institutionnel vers une politique audacieuse de grandes réformes.
Nous osons le mot de révolution, puisque la monarchie marocaine est désormais la première dans le monde arabe et musulman à choisir aussi résolument, et dans un climat social relativement apaisé, un changement aussi profond de ses institutions, et de sa nature même, qui est restée foncièrement la même depuis des siècles.
Ainsi, nous apprenons, avec une joie immense, que le Roi du Maroc doit annoncer au peuple marocain, dans les heures qui viennent, les profondes mutations qui vont transformer le royaume alaouite, qui se dirigera progressivement, et en peu de temps, de monarchie absolue, et quasiment féodale, vers une monarchie constitutionnelle, avec des pouvoirs étendus pour le Parlement et le gouvernement. Ce qui signifie, tout naturellement, une réduction des pouvoirs du Roi. Un geste librement consenti, aussi intelligent qu’il est généreux.
Le peuple marocain sera appelé à se prononcer sur les propositions du Souverain, dans un mois environ. Et ainsi, le Maroc s’acheminera vers un véritable État de Droit, vers une plus grande justice sociale, vers la neutralisation de castes toutes puissantes, qui présuraient le petit peuple, et se sustentaient outrageusement sur la chair vive de la nation.

Nul doute que cette révolution tranquille fera date. Le roi du Maroc aura eu l’immense mérite d’avoir compris les aspirations de son peuple, et d’y avoir répondu d’une façon aussi magistrale, sans que le sang ne soit versé. Ce sera sans doute, l’une des plus belles répercussions de la révolution de jasmin, et une avancée régionale vers la démocratie, qui provoquera certainement un effet incalculable chez le voisin algérien, le seul pays du Maghreb qui n’a pas été touché par la déferlante des révolutions arabes.

Cela ne sera pas sans conséquence sur les relations algéro-marocaines, qui ne manqueront pas de se compliquer davantage, puisque le régime algérien perçoit comme une menace directe pour sa survie tout frémissement démocratique dans le Maghreb, lui qui déploie des efforts aussi subversifs qu’ils sont déplorables, pour déstabiliser la transition démocratique en Tunisie, et pour empêcher le despote libyen de tomber. Lui qui dépense sans compter, pour doter les milices kadhafiennes d’équipements militaires, et même de « pilules du viol », lui qui a infesté tous les institutions internationales, pour retarder l’inéluctable échéance libyenne.

La révolution marocaine représente donc un facteur déterminant, pour l’accélération d’un processus démocratique en Algérie. Le régime algérien le sait, et il n’y pourra rien. Il ne pourra pas dévoyer toutes les dynamiques qui éclosent dans le Maghreb. Il est cerné désormais.
Le compte à rebours va commencer. Et tout l’argent que ce régime crapuleux utilise pour anesthésier le peuple algérien en élargissant le cercle de ses alliés naturels, et en renforçant ses effectifs sécuritaires, jusqu’à en faire le premier État policier du monde, en termes d’effectifs, n’y pourra rien.

Le Maroc vient d’engager toute la région dans un processus qui va accélérer l’histoire, et ouvrir enfin une ère nouvelle, où le Grand Maghreb deviendra une réalité incontournable.

D.Benchenouf

 
dimanche 12 juin 2011
 

La France muselle t-elle

l'opposition algérienne ?



Eutelsat a coupé la liaison satellitaire de la chaine de télévision « AL ASR », qui devait diffuser notamment les programmes de Rachad TV et Kalima TV, ce samedi 11 juin 2011 au moment ou celle ci allait entamer sa première retransmission.
En Mars 2010, Eutelsat avait déjà opéré de la même manière en coupant la liaison satellitaire de Radio kalima. En réponse à un courrier de Jean-François Julliard, secrétaire général de l'ONG Reporters Sans Frontières « RSF » qui lui demandait des explications, le Directeur Général d'Eutelsat, avait reconnu l'intervention directe des autorités algériennes.

Eutelsat récidiviste

En récidivant dans ses actes de censure, Eutelsat ne se contente plus d'apporter des solutions techniques à ses clients, mais se met ouvertement du coté du régime algérien et participe à la marginalisation de l'opposition et au muselage des médias indépendants.

Cette attitude d'Eutelsat à l'encontre de l'Algérie ne serait pas possible sans le consentement du pouvoir français. Comment Eutelsat, entreprise européenne mais dirigée par les français peut-elle bloquer la liaison satellitaire d'une chaîne de télévision d'opposant algériens trois jours avant le voyage du ministre français des affaires étrangères à Alger, ( Alain juppé est attendu à Alger mercredi 15 juin) sans avoir au préalable, au minimum pris l'avis du quai d'Orsay à Paris. Il est, en effet, inimaginable qu'Eutelsat prenne le risque de « pourrir » le déplacement d'un ministre. Il est dès lors plus que probable que cette grave atteinte à la liberté d'expression en violation de l'article III de la Convention Internationale établissant l'Organisation Européenne des télécommunications « Eutelsat » s'est faite avec la bénédiction du pays « des droits de l'homme ».


La France muselle t-elle l'opposition algérienne ?


Les récentes signatures, dans l’opacité absolue, d’accords commerciaux et financiers en faveur de Paris par les autorités algériennes prennent alors toute leur signification. Que le gouvernement français ferme les yeux sur le comportement quasi mafieux du régime algérien n'a rien de surprenant, il l'a toujours fait et continue à la faire dans tous les pays de la région, mais qu'il se rende directement complice, en contre partie de contrats commerciaux, du muselage de l'opposition et des médias indépendants qui militent pour un changement démocratique en Algérie, constitue un glissement très dangereux. La diplomatie française est directement interpellée et doit clarifier sa position dans les plus brefs délais, si elle veut garder encore un quelconque crédit à ses positions par rapport aux changements démocratiques en cours au sud de la méditerranée.


Yahia Bounouar


La France muselle t-elle l'opposition algérienne ?

Commentaire


Ameziane * a écrit le 12.06.2011 21:42 La France soutient le Régime militaro-mafieux d'Alger

La « sainte-alliance » Alger-Paris demeure si solide ! Sur son blog, Raffarin vient d’exprimer son entière satisfaction après avoir « tout » obtenu récemment à Alger. La tradition veut que Le Régime militaro-mafieux d'Alger, à l’approche des Présidentielles dans l’Héxagone, réaffirme ses préférences pour la Droite dure dont le passé barbouzard et « choquiste » (SAC, OAS) fait « école » et inspire encore les Dictateurs professionnels… Faut-il rappeler que La France a toujours soutenu la Dictature d’Alger, milite en sa faveur, donne le « là » et détermine la politique algérienne (et maghrébine) de l’Europe. Les Généraux, dont bon nombre étaient les serviteurs zélés de l’Armée coloniale, des harkis faut-il dire, renvoient l’ascenseur, en finançant les Partis, les Parlementaires, les Médias, des Personnalités de France et de Navarre, par des subsides en liquide, des cadeaux de luxe, des parties de chasse de gazelles au Sahara, des villas au soleil, etc, les surfacturations et fausses factures sur les centaines de marchés, atteignenant des proportions inimaginables.Il nous faut nous rendre à l’évidence, entre Alger et Paris, il n’y'a pas de coopération, ni d’échanges , c’est un chemin de non-droit, qui s’articule sur deux axe: la pratique permanente de la raison d’Etat et la phobie des boat people. Alors, peut-on vraiment nous étonner d’un refus de visa pour le Président du SNAPA, et le brouillage de Kalima & El Asr tant par le passé nous avons connu pire: comment peut-on oublier l’assassinat de Mécili, l’héroique Officier de l’ALN, et compagnon de H. Ait-Ahmèd. Et bien d’autres crimes….Fondamentalement: en soutenant ce Régime « tueur et destructeur », La Droite impériale et néo-coloniale assume la vengeance posthume du colonialisme français…Ce qu'elle n'avait pu détruire par le passé, elle est entrain de l'achever, et de surcroit avec des main "indigènes", celles de ces Généraux criminels et mafieux....Et pour ceux qui doutent encore: si les mégalomanes Ferhat et Sadi s’activent librement à Paris, c’est que ces « agitateurs politiques » oeuvrent concommitement pour la Droite sarkozienne en France, et pour la Junte militaire en Algérie, ainsi que le révèlent leurs discours, sorties médiatiques, compagnonnages, alliances, soutiens, placés sur une « grille de lecture politique »

Les Généraux vont poursuire la guerre contre la population tant qu’ils bénéficient du « soutien politique total de la France » , de la manne financière qui découle de la rente pétrolière et gazière , de la puissance du système répressif, et des alliés et relais locaux……ces pseudos et des faux quui épaulent et soutiennent La Camarilla au pouvoir, constituant ainsi des murs de soutènement, des forces d'interposition, des digues de renforcement pour contrecarrer les "tornades" révolutionnaires, populaires
 
samedi 11 juin 2011
 

La réaction des faux-culs



La réaction arabe, et les saoudiens en tête comme de bien entendu, déploie toute sa puissante, une puissance financière et un lobbyisme monstrueux pour défaire les révolutions démocratiques arabes, notamment tunisienne, la TUNISIE, ce tout petit pays qui a déclenché une prise de conscience universelle sur la condition terrifiante de nos peuples soumis par la force archaïque et ténébreuse des dictateurs de la ligue arabe, ligue à la botte et au service de l'impérialisme international, ce terrorisme des temps modernes qui se drape des vertus universelles.

BUSCH, SARKOSY, GUADDAFFI, les sionistes, AL ASSAD, BERLESCONI et beaucoup d'autres même combat, un panier à crabes qui ne cesse de vouloir mettre le monde à genoux , il est évident aussi que la conspiration sioniste par l'intermédiaire des aliénés locaux qui sont nombreux, sert de liant à tout ce beau monde maffieux, la crème des crèmes . Ne soyons pas étonné des derniers événements tunisiens et de la forfaiture de ce gouvernement de transition, de ces commissions déroutantes et déroutées dans leur fonctionnement par l'interventionnisme parasitaire de certains clans constitués qui se sont organisés, véritablement, à dévoyer cette révolution , à leurs profits claniques et idéologiques; je suis sidéré, par exemple, par composition familiale et idéologique de la plus importante de ces commissions, et je suis sidéré que le questionnement légitime à son sujet provoque la levée de boucliers de certains qui se drapent du modernisme et du progressisme de bon aloi et de circonstance, leurs actes et leurs déclarations sont d'une autre réalité. Oui aujourd'hui les mots n'ont plus de sens, des commissions sans aucun équilibre, despotiques, où la dictature de certaines minorités agissantes veut nous faire prendre les vessies pour des lanternes, ce genre de terrorisme qui fait dans le prêt à penser, et il n'est vraiment pas différent de la folie liberticide de l'ancien régime, d'ailleurs ces minorités ont en leur sein , beaucoup d'anciens collaborateurs directs ou indirects de l'ancien régime dictatorial, c'est se moquer des tunisiens que d'essayer de leur faire avaler les couleuvres de cet abrutissement programmé, réagir contre ce genre d'aberration est un acte civique, citoyen, moderniste et progressiste, car il coupe le cordon ombilical avec l'attentisme des tunisiens d'autrefois, naguère par la violence, nous étions noyés dans le mutisme et la lâcheté, quoiqu'il ne faut jamais oublier, et ils sont connus, que certains tunisiens se battaient aussi courageusement contre la dictature, et contre ces minorités des compromissions, c'était terrible, et cette époque qui semblait révolue avec la révolution du 14 janvier, semble de plus en plus, aujourd'hui par la filouterie et les tours de passe-passe, par la délinquance politique, vouloir s'imposer aux tunisiens à travers ces commissions, dont la plus part , la très grande majorité des membres décideurs n'ont rien à voir de prés ou de loin avec le dégagement de la dictature mauve.

Oui les saoudiens, du moins le pouvoir monarchique qui spolie l'Arabie heureuse, terre de l'islam et du prophète Mohammed SAW emploie toutes ses forces et des forces occultes pour contenir la marée du changement, et essayer de remettre en place dans les pays arabes libérés et qui se libèrent de plus en plus, des ordres anciens, à leur ordre et par voie de conséquence sous contrôle et sous influences de leurs maîtres à penser, sans qui ils seront lamentablement balayés, voilà notre ennemi le plus coriace, une monarchie rétrograde saoudienne, 5000 princes fainéants, et la cinquième colonne aliénée qui pousse la TUNISIE à l'anarchie, les caciques du RCD et les Hommes de main de BOURGUIBA et de BEN ALI. Les bourguibistes réformistes sont aussi vulgaire et crapuleux, aussi réactionnaires et passéistes que les sicaires mauves de BEN ALI, nous devons, nous peuple tunisien libre, réécrire notre histoire sans aucune opacité et donner à une justice indépendante et autonome toutes les certitudes pour qu'elle se prononce, même à titre posthume, et qu'elle s'applique en toute sérénité sans peur et sans reproche, nous devons le faire avant toute chose, pour exister sur des bases solides, claires et transparentes, pour l'avenir de notre pays et celui de notre patrie, pour réveiller le monde des opprimés et le monde arabe en particulier, pour laver notre subconscient collectif, qui désormais ne peut plus être qu'universel, comme notre humanité retrouvée, de sa déchéance et de l'arbitraire qui pendant des dizaines d'années l'a maintenue dans une dégénérescence sans nom.

Les réactionnaires tunisiens, sont dans une alliance naturelle de la bourgeoisie nationale, une bourgeoisie dans son sens affairiste matériellement et idéologiquement, où on trouve des anciens staliniens, des idolâtres des dictateurs, des spéculateurs et des idéologues aliénés à la pensée cosmopolite dans ce qu'elle a de pire, ce cosmopolitisme agraire et belliciste dans sa démarche d'éradication des singularités culturelles des peuples et des rapports de force néo-coloniaux, sans canonnières, mais pire , celle du peuple tunisien, l'éradication de la civilisation arabo-musulman en la circonstance, celle qui pour les aliénés et les alimentaires tunisiens ne veut rien dire ou ne représente rien. Dans ce marigot le stalinien collaborateur est allié avec l'affairiste véreux puisque l'objectif est le même, la fin aussi dramatique et dégénérée soit-elle, justifie tous les sales moyens qu'ils emploient. L'islamophobe primaire est allié avec le sioniste militant, c'est dans l'ordre des choses et de leur nature commune . Cette réaction chapeaute ces commissions, et avec des puissances impérialistes prépare, en Tunisie, la contre-révolution, il est plus que jamais urgent pour les partis démocratiques et les tunisiens de bon sens, d'ici à la nouvelle date d'octobre, de veiller au grain et si possible de s'ériger en contrôleur et en contre pouvoir face à ce bloc de conspirateurs illégitimes et défaitistes. Nous devons exiger la dissolution de ces commissions et la formation d’un gouvernement provisoire de confiance, constitué de membres de l’opposition et de la société civile, pour préparer des élections transparentes et sereines, et renforcer, surtout, des institutions qui limiteront toute déformation du pouvoir politique.

 
mardi 7 juin 2011
 

Syrie-Algérie : Raison d’Etat

ou déraison d’Etat ?



La raison d’Etat s’invoque généralement lorsque l’Etat perd la raison et les pays arabes n’échappent pas à la règle.

Beaucoup savent gré à l’Algérie et à la Syrie d’avoir su, dans les vicissitudes d’une conjoncture difficile, préserver les intérêts à long terme du monde arabe, sans s’inféoder à une logique de vassalité avilissante, sans hypothéquer ses choix stratégiques, sans aliéner leur souveraineté et leur indépendance.

Beaucoup savent gré à ces deux points d’ancrage du « Front de refus arabe » d’avoir assuré la relève de l’Egypte défaillante, en maintenant vivace la flamme du combat nationaliste et irréductible le refus de l’hégémonie israélo-américain.

Beaucoup savent gré à la Syrie, d’avoir accueilli, au risque de déstabiliser l’équilibre démographique du pays, près de deux millions de réfugiés irakiens, fuyant les exactions de l’armée irakienne et de leurs supplétifs kurdes.

Mais cette position privilégiée ne saurait se vivre en rente de situation. La réforme s’impose, sous peine de dénaturation du projet nationaliste.

Pleinement conscient des menées de la contre révolution téléguidée par l’Arabie saoudite, sans sacrifier à la mode contestataire impulsée par les médias occidentaux, la vérité s‘impose toutefois sans fard.

Quiconque a eu affaire à la bureaucratie tatillonne de ses deux états a pu mesurer instantanément l’état de délabrement de leur administration, l‘omniprésence de leurs services de sécurité, le conformisme de leurs médias, les turpitudes de leurs régimes, leur hermétisme, leur autarcie, leur népotisme, ainsi que leur fort degré de corruption, comparables d’ailleurs en cela aux autres régimes arabes, même les plus proches de la grande démocratie américaine.

Les remous suscités au sein d’« Al Jazira » dans la couverture parcellaire des révolutions arabes, axée depuis peu davantage sur la Libye et la Syrie que sur Bahreïn ou le Sultanat d’Oman, avec la spectaculaire démission d’une des vedettes chaine transfrontière arabe Ghassane Ben Jeddo, en porte témoignage. Mais comparaison n’est pas raison et nul ne saurait se prévaloir des turpitudes d’autrui.

L’honneur de ces deux pays a été d’abroger les lois d’exception, alors que leurs contempteurs occidentaux s’abritent depuis dix ans derrrière les barrières privatives de liberté du « patriot act » et du plan Vigipirate. Mais, soixante ans après les indépendances arabes, « le cœur palpitant de l’arabisme » et l’épopée des Moujadddine et de leur million de martyr ne sauraient suffire pour nourrir les rêves et les ambitions des nouvelles générations.

Le tête à tête stérile, en Algérie, entre le président Abdel Aziz Bouteflika et le corps des officiers supérieurs, ne saurait perdurer sous peine de collapsus du pays. L’armée algérienne se doit être le garant de la pérennité de ce pays, non son propriétaire, son inspirateur, non son prédateur.

Le président algérien, que l’on a connu plus dynamique et imaginatif dans une vie précédente, se doit de retrouver le brio dont il a su faire preuve à la tête de la diplomatie algérienne, en veillant à assurer une transition en douceur du pouvoir, en réussissant la mutation de l’Algérie. Pour son rendez vous avec l’histoire, Abdel Aziz Bouteflika se doit d’épargner les affres d’une douloureuse guerre de succession à son pays, l’un des rares du Monde arabe à avoir mené une guerre de libération victorieuse contre le colonialisme.

Bachar Al Assad, quant à lui, se devait d’anticiper l’évolution et non la subir, tant est impérieuse l’urgente nécessité des réformes en profondeur de son pays gangréné.

Aucune justification ne saurait tenir lieu d’excuse absolutoire, ni le complexe d’encerclement, réel, dont la Syrie fait l’objet, ni les manœuvres de déstabilisation, répétitives, dont il est la cible de la part de l’aile dure du trône wahhabite, ni les campagnes de dénigrement, effectifs, dont il est l’objet de la part de la presse conservatrice arabe et ses alliés occidentaux.

Nul projet nationaliste, si exaltant soit-il, ne saurait justifier la captation des richesses d’un pays au profit d’une personne, si nécessaire soit il à la protection du pouvoir. Nul projet nationaliste, si glorieux soit il, ne saurait justifier la mise sous observation permanente de son peuple, la mise en coupe réglée son pays. Le cas de Rami Makhlouf, le propre cousin du Président syrien, ne saurait échapper à la règle, de même que ceux des sbires du régime.

Pour avoir trop tardé à engager les réformes, pour avoir bridé les tendances réformistes qui lui étaient prêtées, Bachar Al Assad récolte une tempête populaire à l’effet de réduire à néant sa magistrale maîtrise de la manœuvre diplomatique face à l’offensive israélo-américaine visant à remodeler un « grand moyen orient ». Pour avoir voulu ménager les intérêts de son clan au détriment de ceux de son pays, Bachar Al Assad, risque un discrédit populaire, au risque d’emporter et son clan et son pouvoir.

Onze ans après sa venue au pouvoir, Bachar Al Assad ne saurait rater son nouveau rendez vous avec le printemps arabe. Sous peine de discrédit et d’implosion. Sous peine d’implosion du projet nationaliste, son bien le plus précieux.

La raison d’état s’invoque en phase de désagrégation de l’état et de dysfonctionnement de la société. La fonction première de la Syrie et de l’Algérie n’est pas la répression de leur peuple. La mission historique de ces deux pays est de se maintenir à l’avant-garde du combat pour la sécurisation de l’espace nationale arabe, aux côtés désormais des nouveaux venus à la démocratie, les enfants prodigues de Tunisie et d’Egypte.

La famille Assad

Le clan alaouite au pouvoir en Syrie est articulé autour de l’alliance scellée entre deux familles Al-Assad et Makhlouf, concrétisé par le mariage de Hafez Al-Assad et Anissa Makhlouf.

Rami Makhlouf, cousin du président Bachar, est le fils du général Mohamad Makhlouf, pro consul de la réigon nord de Syrie du temps de la mandature de Hafez al Assad, qui choisit de soutenir le président, lors de la guerre fratricide qui opposa Hafez à son frère cadet Rifa’at, à l’époque chef des troupes spéciales « Saraya ad dif’a » responsable à ce titre de la répression du soulèvement de Hama, en 1982, qui fit plusieurs milliers de morts. Dénommé « Roi de Syrie » Rami Makhlouf est un richissime homme d’affaires. Il incarne, à ce titre, la corruption et le népotisme du régime.

Quant aux autres membres de la fratrie,l’ainé Bassel, destiné au départ à succéder à son père, a trouvé la mort dans un accident de voiture.

Bouchra, l’unique fille de la famille, est l’épouse de Assef Chawkat, ancien chef des services de sécurité dont les Occidentaux réclamaient la tête en compensation ide l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri. Assef Chawkat entretient des relations houleuses avec le frère cadet du président, le colonel Maher, le nouvel homme fort du régime, au point que le benjamin de la fratrie a blessé à l’estomac d’un coup de pistolet en 1999, en plein palais présidentiel. Réputée autoritaire, Bouchra passe pour nourrir une forte intimité à l’égard de l’épouse de Bachar, Asma, fille d’un médecin de la grande bourgeoisie syrienne, ancienne spécialiste des transactions boursières dans un établissement londonien, à la forte présence médiatique.

Le frère cadet du fondateur de la dynastie, Rifa’at Al Assad, ancien vice président de la république, est entré en dissidence fin 1983. Il vit en exil en Espagne. Ses deux fils, Sumar et Ribal, organisent depuis Londres la campagne médiatique contre le régime via la chaine de télévision ANN TV, (Arab Network News). Deux autres cousins Mounzer et Fawwaz Al-Assad, fils de Jamil Al Assad, cousins germains du président, se comportent en chefs de milices dans les montagnes alaouites, berceau de la famille, à l’ouest du pays.

 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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