ELWATAN-ALHABIB
mardi 15 décembre 2009
 
PROCHE ORIENT

L’hypocrisie d’Al-Demoqratia


La démocratie peut être manipulée pour refuser aux musulmans leur identité en Europe et leur liberté en Palestine, pour s’assurer de leur asservissement en Iraq et en Afghanistan et pour s’immiscer dans leurs affaires internationales partout ailleurs, écrit Ramzy Baroud.

Ramzy Baroud
The Palestine Chronicle



Ramzy Baroud
Mardi 15 Décembre 2009

En Palestine, le prix de la démocratie est encore plus élevé
En Palestine, le prix de la démocratie est encore plus élevé


Est-ce ainsi que fonctionne la démocratie ?

En 2004, la France interdisait le port du foulard et les directeurs d’école faisaient la chasse aux jeunes filles musulmanes « provocantes » qui continuaient à s’en couvrir la tête dans l’école. Aujourd’hui, par référendum national, la Suisse vient d’interdire la construction de minarets, parce que les minarets aussi symbolisent en quelque sorte l’oppression. Grâce à l’action déterminée du Parti du peuple suisse, d’extrême droite, les cieux alpins resteront vierges de la menace rampante qui propage l’intolérance et souille la splendeur de l’architecture suisse.

Dans l’intervalle de ces deux évènements curieux, la prise pour cible des musulmans dans les pays occidentaux et l’assujettissement de nations musulmanes tout entières à travers le monde n’ont jamais cessé. Pas un seul jour.

En outre, le ciblage collectif des petites ou grandes communautés musulmanes dans les pays occidentaux, les sévices et humiliations délibérés sur les personnes et symboles musulmans (du Saint Coran au prophète Mahomet) n’ont, eux non plus, jamais cessé.

Bizarrement, la plupart de ces actes sont accomplis par des canaux « démocratiques » et justifiés au nom de la démocratie, sur la base de la défense des principes de la laïcité et des valeurs occidentales.

Bien des pensées me viennent à l’esprit à ce moment ; toutes, sans exceptions, sont des pensées de colère.

Je me souviens quand le mot « démocratie » a été utilisé pour résonner si fortement chez les Arabes et les musulmans du monde entier. Plus il leur était refusé, plus ils le désiraient. Les campus universitaires du Caire, de Gaza et Karachi organisaient les élections de leurs syndicats d’étudiants avec un grand sérieux. Du sang innocent était versé dans des affrontements sur des campus alors que les étudiants tentaient désespérément d’exercer leur droit de voter, de s’exprimer et se réunir.

C’était l’époque où al-demoqratia, le mot arabe pour démocratie, était le mot à la mode au Moyen-Orient et au-delà. Mêmes les prisonniers politiques palestiniens tenaient leurs élections, toujours aussi sincères, entourés de miradors redoutablement fortifiés et sous les regards narquois d’hommes armés dans la chaleur implacable du désert du Naqab.

Les masses arabes et musulmanes ont été très motivés pour la démocratie dans la mesure où il y avait un quasi consensus sur l’idée que la démocratie, dans sa conception occidentale, pourrait se distinguer des nombreux maux introduits avec les interventions occidentales, l’impérialisme et les guerres qui mutilaient et continuaient d’affecter le psyché collectif musulman.

Toute une école de la pensée musulmane s’est en réalité créée autour de l’idée que la démocratie et l’Islam étaient absolument compatibles. Une telle notion remonte à Rifa’a al-Tahtawi, savant asharite d’Egypte, qui a soutenu durant la première moitié du 19ème siècle que les principes de la modernité européenne étaient compatibles avec l’Islam.

« Les travaux d’Al-Tahtawi ont influencé le philosophe Mohamed Abduh (1849-1905), autre azharite, souvent présenté comme le fondateur du modernisme islamique, et qui est souvent cité pour avoir déclaré qu’en Europe, il avait trouvé un Islam sans musulmans, alors qu’en Egypte, il avait trouvé des musulmans sans Islam, » écrit l’anthropologue allemand Frank Fanselow.

Si on met ses préjugés de côté pour méditer là-dessus un moment, on prend conscience de la valeur intellectuelle qu’il faut pour prendre en considération et même adopter tout ce qu’il y a de commun avec les grandes puissances, celles-là mêmes qui ont insufflé tant de mal et de peur.

Même à leurs moments les plus sombres, les moins heureux, les intellectuels et les pays musulmans ont fait preuve d’une ouverture d’esprit impressionnante. Cela ne fut pratiquement jamais porté à leur crédit.

Plus récemment, en Egypte, des personnes ont pris sérieusement sur elles pour aller voter, confrontées qu’elles étaient aux coups, à l’humiliation publique et à l’emprisonnement. En Palestine, en 2006, le prix a été encore plus élevé : la famine. Gaza continue de souffrir sous un siège israélien médiéval, finalement à cause d’une élection.

Les communautés musulmanes en Occident ont longtemps été considérées comme les plus chanceuses, car après tout elles vivaient dans les demeures de la démocratie. Elles buvaient à la fontaine des droits et des libertés qui jamais ne tarit. Cependant, ces suppositions idéalisées passaient à côté du fait que la démocratie occidentale était conditionnelle. Et qu’une démocratie inconditionnelle ne peut être qu’une farce.

Beaucoup a été dit pour expliquer l’hésitation de l’Occident sur son propre engagement envers la démocratie. Non, la tragédie du 11 septembre 2001 n’est guère le moment déterminant où s’est créé l’abîme grandissant qui a rendu l’Occident craintif de l’Islam. Malgré tout ce qui a lieu depuis - les crachats permanents d’une extrême droite haineuse, les prêches évangéliques fanatiques et tout le reste - l’Amérique reste encore plus tolérante que l’Europe. Pas plus que le sentiment antimusulman croissant en Europe ne fut une réaction de solidarité avec les malheurs de l’Amérique.

Honnêtement, les Français n’aiment pas beaucoup les Etats-uniens, pas plus que les Allemands ne sont nécessairement emballés par les Suisses. Mais cela n’empêche pas un ministre de l’Intérieur démocrate-chrétien d’un land allemand, VolkerBouffier, de faire une « recommandation » aux communautés musulmanes dans son propre pays : « Naturellement, les musulmans en Allemagne ont le droit de construire des mosquées. Mais ils doivent s’assurer qu’ils n’envahissent pas la population allemande avec. »

Comment pouvez-vous envahir une population avec des minarets ? Serait-ce une logique post-post-post-moderniste dont nous n’avons pas encore entendu parler ?

Il n’y a que quatre minarets dans la Suisse tout entière, un pays d’une population d’environ 7,6 millions d’habitants. Comment peuvent-ils être envahissants ? Et les droits fondamentaux à la liberté religieuse et à la liberté d’expression collective et individuelle, ne sont-ils pas garantis par les valeurs démocratiques ?

Mais cela ne concerne guère un minaret de 4,8 mètres de hauteur, dans la ville du nord de la Suisse, Langenthal. Cela concerne le fait que l’un de ceux qui ont suggéré le minaret est un vendeur de meubles musulman, du nom de Mutalip Karaademi. Il ne savait pas, bien sûr, que sa modeste idée d’ajouter un minaret à la mosquée de la communauté allait générer un référendum national, et une « controverse » internationale.

Karaademi ne cherchait pas à « islamiser » les Suisses. Il voulait juste que sa communauté ait un lieu de culte (par opposition à la fabrique de peinture désaffectée qu’elle utilise actuellement pour prier), pour qu’elle soit en mesure d’exprimer son identité collective sans crainte. Ironie du sort, la communauté musulmane à Langenthal est constituée principalement d’Albanais, des réfugiés qui ont fui le Kosovo en cherchant le salut et la délivrance.

Quel étrange paradoxe : des musulmans fuyant vers l’Occident, au physique et au figuré, tout cela pour trouver un deux poids deux mesures, la négation de soi-même et, parfois, la pure hypocrisie.

Pour l’instant cependant, un nouveau consensus est en train de se former : la démocratie peut être invoquée et utilisée contre les seuls musulmans, et non pas pour les musulmans. Elle peut être manipulée pour leur refuser leur identité en Europe et leur liberté en Palestine, pour s’assurer de leur asservissement en Iraq et en Afghanistan et pour s’immiscer dans leurs affaires internationales partout ailleurs.

Al-demoqratia, effectivement.


(JPG) Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est écrivain et publie pour PalestineChronicle. Ses écrits sont publiés par de nombreux journaux, quotidiens et anthologies à travers le monde. Son dernier livre : La Seconde Intifada : une chronique du combat du peuple (Pluto Press, Londres) et son prochain : Mon Père était un combattant de la liberté : l’histoire non dite de Gaza (Pluto Press, London).

The Palestine Chronicle - traduction : JPP
http://www.info-palestine.net/

 
dimanche 13 décembre 2009
 
Histoire et repères

Quand les sionistes négociaient avec Eichmann le sioniste, l'hébraïsant...




Mounadil Djazaïri
Samedi 12 Décembre 2009

Quand les sionistes négociaient avec Eichmann le sioniste, l'hébraïsant...


Eichmann avait fait ami-ami avec les sionistes, sa récompense fut le gibet. Leçon à méditer par ceux qui soutiennent ardemment l'entité sioniste.
Fin de la digression.

L'utilisation de la figure de Hadj Amin al-Husseini par les sionistes de France (je n'ose pas écrire Français, ça pourrait les vexer) a été tardive.

C'est que les consignes de la propagande sioniste s'élaborent à Tel Aviv avant d'être peaufinées à New York ou à Washington. Il faut ensuite traduire les ordres et le merdier en français, toutes choses qui prennent du temps.
Ceci dit, on maintiendra ici que Hadj Amin al-Husseini n'était pas ce que les Européens appellent un antisémite. Il en avait certes après les Juifs, mais pas n'importe lesquels: ceux qui venaient squatter la Palestine pour y fonder un Etat et en évincer la population indigène.
Par ailleurs, Hadj Amin al-Husseini n'a pas eu l'importance qu'on lui prête ni dans ses relations avec l'Allemagne, ni dans la lutte contre le sionisme et encore moins dans le monde musulman. Patriote sans doute sincère, c'était aussi un bourgeois dont le dernier souhait était que l'indépendance de la Palestine soit arrachée par un mouvement populaire qui l'aurait probablement marginalisé.
A ceux qui parlent aujourd'hui d'islamo-fascisme voire d'islamo-nazisme, nous rappellerons simplement le rôle des troupes musulmans arabes et africaines notamment dans la victoire contre le nazisme et pour la libération de la France. Curieusement, ce sont en partie les mêmes gens qui nous parlent sans arrêt de "mémoire" qui semblent oublieux de cette réalité. Preuve encore que mémoire et histoire sont deux notions bien différentes même si elles ne sont pas sans rapport.
Je voudrais évoquer maintenant, brièvement, les relations entre les sionistes et les nazis. Vous en aviez déjà eu un petit aperçu sur ce blog et le texte que je vous propose apporte quelques éclairages supplémentaires. On y découvre non seulement certaines tractations des sionistes avec les nazis, mais aussi que ce sont les sionistes qui étaient le plus demandeurs. Demandeurs pour obtenir l'émigration des Juifs mais exclusivement vers la Palestine. Il y a eu d'autres aspects des tractations sionistes avec les Nazis que j'aborderai peut être ultérieurement sans doute à partir de la source citée ci-après.


Le texte que je vous propose est un extrait du livre de Lenni Brenner "Zionism in the Age of the Dictators," qui à ma connaissance n'a jamais été traduit intégralement en français. Il s'agit d'un travail universitaire pourvu d'un important appareil de citations et de notes qui renvoient aux sources utilisées. Vous trouverez les références sur le site d'où est tiré ce texte.


Extrait du chapitre 8 - traduit de l'anglais par Djazaïri



Jusqu'à la révolte arabe [de 1936], le patronage du sionisme par les nazis avait été chaleureux mais avec peu d'engagements comme nous l'avons vu. Cependant, avec la crise politique en Palestine et la nomination de la commission Peel, l'Organisation Sioniste Mondiale [WZO, World Zionist Organisation] vit une chance de persuader les Nazis de s'engager publiquement avec eux en Palestine même. Le 8 Décembre 1936, une délégation conjointe de l'Agence Juive, l'organe suprême de l'Organisation Sioniste Mondiale en Palestine, et le Hitachdouth Olei Germania (Association des immigrants Allemands en Palestine), se rendit au bureau de Jérusalem de Doehle, le Consul général d'Allemagne. L'historien sioniste, David Yisraeli, a relaté cet épisode.

A travers Doehle, ils cherchaient à persuader le gouvernement nazi de faire entendre son représentant à Jérusalem par la commission Peel pour lui déclarer que l'Allemagne était intéressée par une immigration accrue en Palestine en raison de son vif désir de voir les Juifs quitter l'Allemagne. Cependant, le consul avait immédiatement rejeté la proposition. Ses motivations officielles étaient que la perspective d'une plus grande immigration venue d'Allemagne amènerait inévitablement sur la table la question du transfert qui était préjudiciable aux exportations britanniques vers la Palestine.

Fait caractéristique, les Sionistes manifestaient plus d'empressement que les Nazis à développer les relations, mais le rejet de leur requête par Doehle ne les empêcha pas de faire d'autres approches. Le résultat de la mission Peel était considérée comme crucial pour les efforts sionistes et c'est donc la Haganah, à l'époque branche militaire de l'Agence Juive (une milice travailliste de facto), qui obtint la permission de Berlin de négocier directement avec le Sicherheitsdienst (SD), le service de sécurité de la SS. Feivel Polkes, un agent de la Haganah, arriva à Berlin le 26 février 1937 et se vit assigner Adolf Eichmann comme partenaire de négociation. Eichmann avait été un protégé du pro sioniste von Mildensten et, comme son mentor, avait étudié l'hébreu, lu Herzl et il était le spécialiste de sionisme au SD. Les discussions Eichmann-Polkes furent consignées dans un rapport préparé par le supérieur d'Eichmann, Franz-Albert Six, et qui a été découvert dans les archives de la SS saisies par l'armée américaine à la fin de la seconde guerre mondiale.

Polkes est un national-Sioniste. Il est contre tous les Juifs opposés à l'édification d'un Etat juif en Palestine. En tant que membre de la Haganah, il lutte contre le communisme et tout ce qui touche à l'amitié arabo-britannique... Il observait que le but de la Haganah était de parvenir, aussi vite que possible, à une majorité juive en Palestine. Il travailla donc, en fonction des nécessités liées à cet objectif, avec ou contre l'Intelligence Service britannique, la Sûreté Générale française, avec l'Angleterre et l'Italie... Il se déclarait personnellement disponible pour travailler avec l'Allemagne sous la forme d'apport de renseignements tant que ce n'était pas contraire à ses propres objectifs politiques. Entre autres choses, il soutiendrait la politique étrangère allemande au Proche orient. Il essayerait de trouver des ressources pétrolières pour le Reich Allemand sans affecter les sphères d'intérêts britanniques si les régulations monétaires de l'Allemagne étaient assouplies pour les émigrants Juifs vers la Palestine.

Six pensait certainement qu'une alliance opérationnelle avec le Haganah serait dans l'intérêt des Nazis. Ils avaient toujours besoin d'avoir des informations à jour depuis l'intérieur des diverses organisations juives de boycott et sur les complots juifs contre la vie de personnalités nazies. Il était très désireux d'autoriser la SS à aider les Sionistes en retour.

Une pression peut être exercée sur la Reichsvertretung der Deutschen Juden [principale organisation communautaire juive en Allemagne, indépendante jusqu'en 1939, NdT] de sorte que les Juifs qui émigrent d'Allemagne se rendent exclusivement en Palestine et non dans d'autres pays. Une telle mesure va complètement dans le sens de l'intérêt de l'Allemagne et est déjà préparée par des mesures prises par la Gestapo. Les plans de Polkes pour créer une majorité juive en Palestine seraient facilités dans le même temps par ces mesures.


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vendredi 11 décembre 2009
 
Histoire et repères

L’affaiblissement de l’Empire américain ouvre la porte à plus de justice et de vérité

La signification d’un rapport de l’Unesco relatif aux atteintes aux bien culturels en Irak




Karl Müller
Vendredi 11 Décembre 2009

L’affaiblissement de l’Empire américain ouvre la porte à plus de justice et de vérité

Un endettement public effroyable (à l’heure actuelle, plus de 12 billions de dollars US; pour la seule année budgétaire 2009 qui s’est achevée en septembre il s’élevait à 1,6 billions de dollars, soit 11% de la création de valeur; selon les calculs de l’administration US elle-même, il devrait s’y ajouter d’ici à 2019 encore 9,1 billions de dollars),1 un endettement des ménages tout aussi effrayant (38 millions Américains, soit plus de 15% des habitants des USA, sont surendettés),2 un dollar US tellement en chute qu’il n’est plus vraiment accepté comme devise de référence internationale (les détenteurs de dollars cherchant d’autres placements, l’or par exemple),3 le taux de chômage le plus élevé depuis 25 ans (selon un article du «Washington Post» paru le 17 novembre, une enquête actuelle du Ministère de l’agriculture révèle qu’en 2008 près de 50 millions de citoyens états-uniens ont eu des difficultés à s’acheter suffisamment de nourriture, et ce devrait être pire cette année), un déficit commercial et des paiements catastrophique, une structure économique malade (30% des bénéfices réalisés par les entreprises états-uniennes provenaient du secteur financier, et déjà la «planche à billets» est en train de préparer une nouvelle bulle spéculative démesurée),4 une société de classes polarisée sous bien des rapports, dépourvue de repères et en pleine décomposition, deux guerres désastreuses et de grande ampleur qui exigent de nouveaux records de dépenses militaires (plus de 600 milliards de dollars pour l’année budgétaire 2009), une réputation ruinée aux yeux du monde entier …
Les USA feraient bien de réfléchir à un changement rapide d’orientation, de se recentrer sur leurs affaires intérieures et, plutôt que de se conduire comme une puissance impériale, de traiter d’égal à égal avec les autres Etats. Envisager que le moteur de la superpuissance mondiale est à bout de souffle n’est plus à écarter.


La fin de la suprématie du dollar peut être synonyme de libération pour le monde

Et c’est bien ainsi; car en dépit des interdépendances mondiales actuelles et aussi du danger que d’autres puissances remplissent le «vide» et tentent de devenir elles-mêmes dominantes, le monde vivra une libération quand les peuples et les Etats ne passeront plus sous les fourches caudines de la politique états-unienne.
L’hégémonie des USA, affirment certains experts, est liée à celle du dollar et de ses forces militaires surarmées. Les deux vont de pair, et maintenant que l’hégémonie du dollar touche à sa fin, le tigre de la puissance militaire perd ses griffes. La visite d’Obama en Chine en offre un symbole très fort. Quand le «Washington Post» estime, le 18 novembre, que la visite d’Obama en Chine «n’a eu aucun résultat» il faut comprendre: des pays comme la Chine refusent de se plier plus longtemps à la tutelle de Washington – même s’il faut agir très prudemment, pour éviter que le changement ne nous entraîne tous vers l’abîme.
Cette évolution est également positive parce qu’elle permettra à l’opinion publique de découvrir des vérités dissimulées jusqu’ici. Y compris la vérité sur les guerres menées par les USA et leurs alliés depuis 10 ans: contre tout ce que l’humanité reconnaît pour ses droits et dont elle a obtenu la légalité.


Plus de vérités dévoilées

Cette nouvelle opinion publique ne reposera plus seulement sur l’engagement de petits groupes et de quelques personnalités intègres qui se sont infatigablement attelées à la recherche de la vérité et à sa diffusion, mais aussi sur les instances officielles, des organisations internationales jusqu’aux gouvernements et médias grand public.
Qui aurait pensé il y a quelques mois seulement qu’un criminel de guerre comme Tony Blair ne serait plus placé sur un piédestal et récompensé par des confortables pantouflages, mais soit peu à peu mais avec détermination mis au rancart?
Qui aurait pensé qu’on puisse débattre en Allemagne d’une faute politique dans la guerre en Afghanistan? Et que des politiciens allemands prennent la parole pour protester contre la prétention de Washington à obtenir un droit de regard sur les comptes bancaires – au mépris des règles de protection des données et sans vouloir accorder aux Européens les mêmes droits sur les banques US – ce qui était devenu de plus en plus courant depuis le 11 septembre 2001.
Qui aurait pensé que le gouvernement britannique lui-même créerait une commission chargée d’une nouvelle enquête sur l’entrée en guerre et la conduite de la guerre en Irak?
Tout cela n’est pas encore la justice. Mais ce sont des signes avant-coureurs. Peu à peu on reconnaît que d’énormes injustices ont été commises.


Le rapport de l’Unesco sur les destructions à «Babylone»

Et finalement: qui aurait pensé que l’enquête sur les crimes de guerre commis par l’armée états-unienne en Irak, ce pays accablé et détruit depuis trente ans par la guerre et les sanctions économiques avance peu à peu?
Dès le 26 juin l’organisation onusienne en charge des biens culturels, l’Unesco, a publié un rapport d’enquête de 20 pages5 sur les destructions causées par la guerre sur le site de Babylone. Ce rapport confirme pour ce site ce que l’on avait appris durant la guerre de presque tous les sites culturels irakiens: les forces d’occupation ont détruit une part importante de la civilisation du pays. Elles ont toléré pillages et actes de vandalisme; elles les ont même encouragés, voire y ont participé.
Cela n’a pas seulement entraîné la mort ou la disparition de milliers d’Irakiens cultivés. Mais aussi la destruction partielle d’un héritage culturel extrêmement précieux pour l’Irak et toute l’humanité.


Un rapport de 2003

Citons maintenant un large extrait d’un rapport du 17 avril 20036 – on était donc alors en pleine guerre:
«Une semaine après l’entrée des troupes d’invasion à Bagdad, la capitale de l’Irak, pillages et incendies se poursuivent. Ce sont surtout les attaques contre les hôpitaux et le pillage systématique du musée archéologique samedi dernier qui ont soulevé l’indignation mondiale. Seules 3 cliniques, sur les 32 que comptait Bagdad, étaient encore en mesure de fonctionner après ces pillages. Pourtant c’étaient les troupes US qui étaient responsables de l’ordre et de la sécurité dans la ville occupée. Depuis, la Bibliothèque et les archives nationales ont été détruites. «Des livres, des lettres et des documents inestimables ont été la proie des flammes lors de ce dernier chapitre des pillages à Bagdad», écrivait Robert Fisk, un journaliste renommé, dans le «Guardian» de mardi. «J’ai vu les pilleurs à l’œuvre, et les Américains n’ont rien fait» ajoute Fisk indigné. Un enseignant de l’Université de Lund, en Suède a porté jeudi des accusations plus graves encore. Les troupes US auraient même, selon lui, incité au pillage les habitants de Bagdad lors de leur entrée dans la ville.


Les troupes états-uniennes ont incité au pillage

‹Les pillages n’ont commencé que lorsque les troupes états-uniennes y ont incité la population›, déclare Khaled Bayomi, racontant ses propres souvenirs de Bagdad. Né en Egypte, Bayomi est enseignant chercheur sur les conflits au Proche-Orient à l’Université de Lund. Cet homme de 40 ans s’était rendu sans la capitale irakienne dès le début de la guerre pour faire office de ‹bouclier humain›. Le 8 avril, la veille de la conquête définitive de Bagdad, Khaled Bayomi était selon son propre témoignage en visite chez des amis, dans un quartier pauvre situé derrière la rue de Haïfa sur la rive ouest du Tigre. En raison de la violence des combats il lui avait été impossible de regagner l’autre rive. ‹Lorsque dans l’après-midi les choses se sont calmées, quatre blindés américains ont pris position en bordure du bidonville.› Des haut-parleurs ont alors invité en arabe la population civile à approcher. ‹Le matin, on avait encore tiré sur quiconque essayait simplement de traverser la rue›, poursuit Khaled Bayomi.
Le calme relatif avait peu à peu rassuré les gens. Au bout de trois quarts d’heure, les premiers s’étaient risqués dans la rue. Brusquement, les soldats états-uniens avaient abattu deux Soudanais qui se trouvaient devant un bâtiment administratif situé rue de Haïfa. ‹Je n’étais qu’à 300 mètres lorsque ces deux hommes ont été assassinés›, poursuit Khaled Bayomi. La veille encore j’avais parlé à ces deux ouvriers. Ensuite les troupes US ont ouvert la porte d’entrée à l’arme à feu. ‹L’interprète arabe présent dans le blindé a invité les gens à entrer dans le bâtiment et à le vider de ce qui s’y trouvait.› Le bruit s’est vite répandu et le bâtiment a été pillé. ‹Peu après des blindés ont enfoncé la porte du Ministère de la Justice, situé à proximité, et le pillage s’est poursuivi là aussi›, raconte Khaled Bayomi, décrivant le déclenchement volontaire du pillage à Bagdad. Lui-même a observé tout cela en compagnie d’un groupe important de Bagdadis. Eux-mêmes n’avaient pas pris part au pillage, mais n’avaient pas non plus osé s’y opposer. ‹Beaucoup avaient aux yeux des larmes de honte› déclare Khaled Bayomi. Au matin du 9 avril, le pillage enclenché par les troupes US s’était étendu au Musée d’art moderne.


L’identité nationale irakienne a été largement détruite

Les pillages ont fini par se poursuivre d’eux-mêmes. Quatre semaines après le début de la guerre illégale menée par les USA l’identité culturelle irakienne était largement détruite. 2003: l’an zéro de l’histoire mésopotamienne.
Les pillages et destructions au Musée national irakien équivalent, selon le Deutscher Museumsbund [Réunion des Musées allemands], à ‹une catastrophe atomique culturelle de niveau 1›. Dans une guerre préparée de si longue main, les troupes alliées auraient dû pouvoir empêcher les pillages et protéger cette institution culturelle, a déclaré Martin Roth, le Président du Museumsbund. ‹Cette guerre a bien permis de sécuriser les réserves pétrolières, mais le berceau culturel de notre humanité a été compté pour rien.›
Le commandement central des forces US avait déclaré depuis le Qatar qu’il ne disposait pas en Irak de troupes en nombre suffisant pour faire face aux violations du droit. En outre les soldats ne pouvaient assumer des tâches de police. Et Donald Rumsfeld, alors Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, déclara que depuis la chute de Saddam Hussein les Irakiens étaient libres, et que des hommes libres étaient également libres de commettre des erreurs.
Or les troupes d’occupation US étaient parfaitement en mesure de protéger un bâtiment du pillage et de la destruction, et elles l’ont prouvé à Bagdad. Tandis que les palais présidentiels, les hôpitaux et les musées subissaient des jours de pillage et d’incendie, les troupes US avaient pris position autour du Ministère du pétrole, surveillé 24 heures sur 24 par 50 blindés.»


Il faut maintenant tirer les conséquences

Petit à petit il devient possible – et indispensable – de parler ouvertement de ce qui précède et de quelques autres choses et d’en tirer les conséquences; ainsi on marche vers un peu plus de vérité et de justice.
Le rapport de l’Unesco en date de juin dernier demande que tout soit fait, dans la mesure du possible, pour réhabiliter les sites culturels de l’ancienne Babylone. La liste qu’a établie l’Unesco est très concrète et très précise. Elle vise à protéger définitivement le site de Babylone en l’inscrivant au patrimoine culturel mondial.
Ce sont – précisons-le – les forces d’occupation qui doivent en supporter le coût. C’est le minimum: qui casse les verres les paie. Après tout ce qui s’est passé, il est de toute façon impossible de réparer. Mais il faut exiger tout ce qui est possible. •

1 Selon le Spiegel-Online du 25/8/09
2 Selon «l’Atlas des débiteurs de 2009», édité par la Recherche économique pour une réforme du crédit, 4/11/09
3 Cours de la Bourse sur ntv le 23/11/09
4 Selon le Spiegel du 23/11/09
5 International Coordination Committee for the
Saveguarding of the Cultural Heritage of Iraq, Sub-Committee on Babylon: Final Report on
Damage Assessment in Babylon (CLT/EO/CIP/2009/RP/114) du 26/06/09
6 www.puk.de/nhp/index.php/de/component/content/article/361.html



http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=1918 http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=1918

 
jeudi 10 décembre 2009
 
Moubarak, le fanfaron !

Par Makhlouq


Les éliminatoires de la Coupe du Monde de Football 2010 au lieu de susciter l’amitié entre les peuples n’a fait qu’aggraver leurs différends. L’Algérie et l’Egypte, deux pays liés pourtant par de nombreuses attaches, en sont des exemples patents. La haine, la vilénie, la discourtoisie développées avec force et sans relâche par le second à l’encontre du premier cachent néanmoins des dessous abscons qui posent des interrogations très fortes et nous interpellent. La politique de bas-étage n’y serait-elle pas mêlée ?


Descriptif/Commentaire LBS : A qui profite le crime ? Voilà la vraie question ; le reste n’est que spectacle... Moubarak s’est opposé à ce que les Palestiniens puissent trouver refuge en Egypte (survivre) lors des bombardements israéliens sur le camp de concentration de Gaza ; alors rien d’étonnant de voir les joueurs algériens être accueillis de la sorte en Egypte... Ces "affrontements" entre Algériens et Egyptiens ont été entièrement programmés par les « juifistes sioniste Israéliens » pour des raisons politiques... Le foot, c’est comme l’Eglise, tous deux sont sous tutelle ; le foot est contrôlé par le biais de la FIFA (MAFIA), comme l’Eglise l’est par le biais du CRIF... (LBS)

On ne peut qu’être effaré devant les proportions que prend le match de football ayant opposé, en coupe du monde, l’Algérie à l’Egypte . La chose frise la paranoïa et l’on croirait qu’une guerre non physique est désormais déclarée entre les deux pays. Pourtant, il faut noter tout de même l’admirable retenue des Algériens, eux si prompts à la riposte dès qu’ils sont victimes de provocations.

Rappelons les faits !

Lors d’une première rencontre organisée en Egypte, l’équipe algérienne faillit être lynchée par une population gonflée à bloc contre un pays qui, par bien des biais, ravit, aujourd’hui, la vedette à celui des pharaons. Le bus de l’élection algérienne fut attaqué avec une violence inouïe à grands jets de pierres depuis l’aéroport jusqu’à l’hôtel. Les joueurs, dont le seul crime était celui de défendre les couleurs de leur pays, connurent la persécution tout au long de leur séjour, les agressions qui firent de nombreux blessés dans leurs rangs, les affronts et les incivilités au quotidien. Les preuves de pareils comportements, apparemment déments, sont légions. Pis encore, mettant en évidence l’absence d’esprit sportif de la part d’une Egypte dont tout le courage fût de s’attaquer à des invités, les Algériens ne purent se reposer avant le match puisque dérangés volontairement par un vacarme infernal qui dura toute la nuit. Résultat prévisible : le lendemain l’équipe algérienne harassée par un stress de tous les instants, apeurée par des menaces constantes, fatiguée par une nuit blanche perdit la première manche. Elle céda son avance et se retrouva à égalité avec le pays du Nil.

Ce fut une exultation lâche d’une Egypte surchauffée par des dirigeants dont la corruption et la servilité sont patentes.

En qualification, les Algériens commirent le crime de reprendre un avantage chèrement payé. En conséquence, ils se qualifièrent au détriment des Pharaons.

C’est alors que les gouvernants égyptiens, exaltant un nationalisme passé de mode afin de détourner les opinions politiques, ne cessèrent de traiter de tous les noms d’oiseaux les vainqueurs. Ainsi les Algériens devenaient des fils de prostituées, des vendus, des tricheurs, des menteurs et autres adjectifs très qualificatifs ne se rapportant aucunement au sujet.

Jamais haine ne fut aussi violente contre une Algérie dont les responsables surent garder la réserve, se maitriser, dont le peuple sut recevoir, avec honneur, les Egyptiens

Pourquoi pareil comportement aussi débile, démesuré, dément qu’injustifié ?

La réponse est fort simple.

Moubarak, le Président égyptien, est un dictateur.

Maintenu par l’Occident à coups de dollars et d’euros, il muselle l’opposition et réprime férocement un peuple miséreux. En outre, son gouvernement, constitué de corrompus jusqu’à la moelle, ne cesse de montrer sa servilité vis-à-vis d’un Etat, Israël, qui persécute les Palestiniens.

Moubarek, comme tout dictateur qui ne respecte rien et encore moins l’opinion populaire, souhaite ne céder le pouvoir qu’à son fils, Aladin dont la lampe merveilleuse ne contient rien d’autre que de l’arrogance et un mépris total pour la plèbe. Dans cette optique, il lui fallait faire passer sa progéniture pour un héros d’où la présence du mauvais génie au match. La victoire des Pharaons aurait consacré celle d’Aladin qui, dès lors, passerait pour un battant et se verrait, aux yeux du peuple, comme le digne successeur du père. Hélas pour lui, la défaite des Egyptiens a entrainé la sienne, du moins moralement. C’est pourquoi Moubarek et sa clique au pouvoir monte l’affaire en épingle et tente de détourner l’opinion publique. La veulerie dans l’histoire c’est que le Pharaon ne cesse de monter intellectuels, stars et populo contre un pays qui a su se montrer au dessus des bassesses.

Voilà donc les vraies causes de l’affaire.

Remettons les pendules à l’heure !

Traiter les Algériens de lâches est une ineptie pour un pays qui a su se libérer du carcan colonialiste en payant le prix le plus fort. L’Algérie n’a jamais composé, et en aucune manière, avec l’Etat raciste d’Israël. C’est là son point fort et elle ne peut que s’enorgueillir. Bien au contraire, aux demandes fréquentes de rencontrer les responsables algériens, faites par les Israéliens, les premiers ont toujours répondu par une fin de non recevoir. Ce ne fut pas le cas de l’Egypte dont les dirigeants, trahissant leurs frères arabes, signèrent un traité de paix avec un Etat réputé déjà pour son apartheid et sa volonté de créer le génocide du peuple palestinien. En outre, si ce n’était l’armée algérienne en 1973, faisant barrage aux terroristes israéliens, ces derniers auraient festoyé au Caire.

Moubarek, dans cette affaire, s’est totalement discrédité. Et si l’on devait rechercher une quelconque lâcheté elle serait plutôt de son côté car n’oublions pas que lors de l’assassinat de son prédécesseur, il était dans les tribunes... et on le retrouva caché, avec grand courage, sous les sièges.

Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que ce n’est pas seulement l’Algérie que Moubarek a insulté mais tout le Maghreb car dans son esprit terriblement réducteur, le dictateur estime que l’ensemble des Nord-Africains n’est pas arabe (comme s’il y avait un quelconque honneur à l’être... ou à ne pas l’être) mais seulement un ramassis résultant des différentes colonisations.

L’homme oublie néanmoins que les Pharaons étaient issus de lignées incestueuses... donc éminemment tarés d’un point de vue génétique !

Allez Moubarek, occupe-toi de la frange de ton peuple qui, dans la capitale, vit dans les cimetières, avec les morts, au lieu de vouloir jouer les gros bras avec les Algériens... ou si tu veux les jouer, fais-le avec les gouvernants israéliens, ces nazis du XXIème siècle !

 
mercredi 9 décembre 2009
 
Pourquoi l’occupation américaine ne peut transformer l’Afghanistan ou l’Irak


Sara Flounders

Quelle est la puissance précise de l’armée américaine, aujourd’hui ? 
Pourquoi la machine militaire la plus importante de la planète est-elle incapable de venir à bout de la résistance en Afghanistan, dans une guerre qui a duré plus longtemps que la Seconde Guerre mondiale ou la guerre du Vietnam ?



L’Afghanistan fait aujourd’hui partie des pays les plus pauvres et les plus sous-développés du monde. Son taux d’espérance de vie et son taux d’alphabétisation sont parmi les plus bas, et son taux de mortalité infantile parmi les plus élevés.

Le budget total de l’armée américaine a plus que doublé depuis le début de cette guerre en 2001 pour atteindre les 680 milliards de dollars entérinés par le président Barack Obama le 28 octobre dernier. Le budget militaire américain actuel est plus élevé que la somme de tous les autres budgets militaires de la planète. L’arsenal américain possède également les armes les plus en avance sur le plan technologique.

Les fonds et le nombre d’hommes impliqués en Afghanistan ont augmenté chaque année de l’occupation. En janvier dernier, 20.000 hommes y ont été envoyés et, aujourd’hui, Obama est soumis à des pressions énormes pour y envoyer 40.000 hommes de plus. Mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Il y a actuellement en Afghanistan plus de trois fois plus d’hommes, si on compte les forces de l’Otan et les « entrepreneurs » militaires.

Il y a huit ans, après des bombardements aériens massifs préalables suivis d’une invasion rapide et très violente, tous les médias assuraient avec exubérance que l’Afghanistan allait connaître une transformation et une modernisation rapides et que les femmes afghanes allaient enfin être libérées. Le tout était suivi de promesses d’écoles, de routes, d’eau potable, de soins de santé, d’industries prospères et de « démocratie » à l’occidentale.


Un nouveau plan Marshall était d’ailleurs fin prêt

Si rien de tout cela ne s’est produit, est-ce seulement dû à un mépris raciste et grossier ?

En Irak, comment les conditions auraient-elles pu être pires que durant les treize années de sanctions draconiennes imposées par les États-Unis au lendemain de la guerre de 1991 ? Aujourd’hui, plus d’un tiers de la population a perdu la vie, est handicapée, a fait l’objet de déplacements internes et/ou a dû se réfugier à l’étranger. La peur, la violence contre les femmes et les divisions sectaires ont démantelé l’édifice social.

Naguère, au Pakistan, un important courant s’est tourné vers l’Occident pour obtenir des fonds de développement et réaliser la modernisation du pays. Aujourd’hui, ce même courant est aigri et offusqué par l’arrogance américaine, après que des provinces entières ont été évacuées par la force et bombardées au cours de la traque organisée contre al-Qaïda.

Les forces américaines d’occupation sont en fait incapables de mener à bien un programme de modernisation. Les seules choses dont elles sont capables, ce sont les destructions massives, les insultes et les atrocités au quotidien. C’est pourquoi les États-Unis sont incapables de gagner « les cœurs et les esprits » en Afghanistan ou en Irak. Et c’est également ce qui alimente la résistance.

Aujourd’hui, tout effort visant à prouver le pouvoir et la puissance de l’impérialisme américain ne fait que confirmer, au contraire, que la faiblesse croissante et l’incapacité systémique de ce même impérialisme américaine d’être un moteur de progrès humain à quelque niveau que ce soit.

Collaborateurs et seigneurs de guerre

Une partie du problème de l’impérialisme américain réside dans le fait que ses forces d’occupation sont obligées de s’appuyer sur les plus corrompus, vénaux et discrédités des seigneurs de guerre. Le seul intérêt de ces brutes militaires rivales consiste à empocher les fonds de la reconstruction et du développement. On s’est rendu compte que des ministères entiers du gouvernement, leurs fiches de paie et leurs projets n’étaient rien d’autre qu’une fiction absolue. Des milliards destinés aux écoles, à la distribution d’eau et à la construction de routes sont allés directement dans les poches de ces seigneurs de guerre. Des centaines d’articles d’information, d’enquêtes du Congrès et de rapports des Nations unies ont précisément dénoncé l’omniprésence et l’ampleur de toute cette corruption.

En Irak, l’occupation américaine dépend du même type de collaborateurs corrompus. Par exemple, une enquête de la BBC a rapporté que 23 milliards de dollars avaient été perdus, volés ou « improprement justifiés » en Irak. Une injonction de silence venue des États-Unis a empêché toute discussion de ces allégations. (10 juin 2008)

Une partie de l’enquête de la BBC à propos des milliards volatilisés se concentra sur Hazem Shalaan, qui vivait à Londres jusqu’au moment où il fut nommé ministre de la Défense, en 2004. On estime que lui et ses associés ont siphonné quelque 1,2 milliard de dollars du ministère irakien de la Défense.

Mais le problème le plus grave et le plus ardu n’est pas la corruption des collaborateurs locaux. C’est la structure même du Pentagone et du gouvernement américain. C’est un problème que ni Stanley McChrystal, le général commandant en Afghanistan, ni le président Obama ne pourront améliorer ou résoudre.

C’est le problème d’une armée impérialiste mise sur pied uniquement pour servir le système du profit.


Le complexe industriel de la sous-traitance


Toute l’aide américaine, qu’il s’agisse de l’aide militaire ou de l’aide étiquetée comme « civile », est acheminée via des milliers et des milliers d’entreprises, de sous-traitants et de sous-sous-traitants. Aucun de ces intermédiaires d’entreprise ne s’intéresse le moins du monde au développement de l’Afghanistan ou de l’Irak. Leur seul but immédiat est de décrocher un important superprofit le plus rapidement possible, avec autant de rabiot et de double facturation que possible. Moyennant commission, ils fourniront n’importe quoi, des tueurs à gages comme les mercenaires de Blackwater, du personnel de restaurant, des mécaniciens, du personnel d’entretien ou des routiers sur longues distances.

Cette main-d’œuvre louée se charge également de boulots qui n’ont rien à voir avec la maintenance de l’occupation. Tous les projets de reconstruction et d’infrastructure : épuration des eaux, entretien des égouts, production d’électricité, cliniques médicales et dégagement des routes sont autant de parts du gâteau. Que ces projets voient jamais le jour ou qu’ils fonctionnent correctement ne présente que peu d’intérêt et n’est pour ainsi dire pas une source de préoccupation. Remplir la caisse est la seule chose qui compte.

Dans les guerres du passé, la plupart de ces boulots étaient effectués par les militaires américains. La proportion entre les contractuels et les troupes en service actif est aujourd’hui supérieure à 1 pour 1, tant en Afghanistan qu’en Irak. Pendant la guerre du Vietnam, elle n’était encore que de 1 pour 6.

En 2007, l’Associated Press a calculé que, rien que pour l’Irak, ils étaient 180.000 : « Les États-Unis ont constitué en Irak une imposante armée industrielle supérieure en nombre à leurs forces combattantes en uniforme et assumant des responsabilités tellement étendues que l’armée pourrait n’être plus en mesure d’opérer sans la présence de ses partenaires du secteur privé. » (20 septembre 2007). Leur nombre total était même passé à 190.000 en août 2008 (Christian Science Monitor, 18 août 2008).

Certaines sociétés sont devenues des profiteuses de guerre, comme Halliburton, Bechtel et Blackwater en Irak et Louis Berger Group, BearingPoint et DynCorp International en Afghanistan.

Chaque parcelle d’occupation américaine a fait l’objet d’un contrat au taux de profit le plus juteux, sans coordination, sans contrôle, sans offres publiques. Une infime partie seulement des fournitures désespérément indispensables est arrivée à la population désorganisée et traumatisée par l’occupation.

Il y a aujourd’hui tellement de cochons autour de l’auge que les forces américaines ne sont plus capables de mener à bien les objectifs politiques plus larges de la classe dirigeante américaine. L’armée américaine a même perdu le compte, à plusieurs dizaines de milliers près, du nombre des entreprises et elle ne sait même plus où elles sont ni ce qu’elles font – hormis se faire payer.


On a perdu le compte des mercenaires


Le danger d’un empire qui finir par dépendre de troupes de mercenaires pour mener ses guerres impopulaires avait déjà été compris à l’époque de l’Empire romain, voici deux mille ans.

Une commission bipartite du Congrès sur l’entreprenariat en temps de guerre a été instaurée l’an dernier pour examiner les contrats gouvernementaux concernant les opérations de reconstruction, de logistique et de sécurité et pour recommander des réformes. Toutefois, Michael Thibault, vice-président de la commission, a expliqué lors d’une audition, le 2 novembre, qu’« il n’y a pas une seule source permettant une image claire, concrète et exacte du nombre d’entreprises sous contrat, ni des emplacements, des contrats ou des prix. » (AFP, 2 novembre 2009)

« [Thibault a déclaré] qu’en avril, le Pentagone avait compté environ 160.000 contractants, principalement en Irak, en Afghanistan et au Koweït, mais le commandement central en avait déjà noté plus de 242.000 un mois plus tôt. » Cette différence sidérante de 82.000 contractants s’appuyait sur des comptages absolument différents en Afghanistan. La seule différence est bien plus grande que le nombre de soldats américains – 60.000 – en Afghanistan.

Thibault de poursuivre : « Comment les contractants peuvent-ils être correctement gérés si nous ne sommes pas sûrs de leur nombre, de l’endroit où ils se trouvent et de ce qu’ils font ? » L’absence d’un compte exact « est une invitation au gaspillage, à la fraude et à l’abus de l’argent du contribuable et compromet gravement la réalisation des objectifs de la mission américaine. » Le Federal Times du 2 novembre rapportait que Thibault avait également posé une question : « Comment pouvons-nous garantir aux contribuables qu’ils ne paient pas des travailleurs ‘fantômes’ ? »

C’est devenu une contradiction insolvable dans les guerres impérialistes pour le profit, les marchés et la domination impérialiste. Les universitaires bourgeois, commissions de spécialistes et autres analystes politiques sont de plus en plus préoccupés.

Thomas Friedman, chroniqueur syndiqué multimillionnaire profondément soucieux des intérêts à long terme de l’impérialisme américain, décrit les dangers « à Washington d’un complexe industriel de la sous-traitance qui a un intérêt économique dans les expéditions à l’étranger » (New York Times, 3 novembre 2009)


La guerre de l’outsourcing


Friedman se hâte d’expliquer qu’il n’a rien contre l’outsourcing. Son inquiétude porte sur le modèle des tâches clés de cet outsourcing, avec l’argent et les instructions qui changent de mains à plusieurs reprises dans un pays étranger. Cela ne fait qu’inciter aux abus et à la corruption. Friedman cite Allison Stanger, auteur de « One Nation Under Contract : The Outsourcing of American Power and the Future of Foreign Policy » (Une nation sous contrat : L’outsourcing du pouvoir américain et l’avenir de la politique étrangère), qui lui a dit : « Les contractants assurent la sécurité du personnel clé et des sites importants, y compris nos ambassades ; ils nourrissent, habillent et logent nos soldats ; entraînent les unités de l’armée et de la police ; et ils supervisent même d’autres contractants. Sans une force multinationale de sous-traitants pour boucher le trou, nous aurions besoin de toute une levée de troupes pour assurer ces interventions jumelées. »

Voilà la véritable raison des forces militaire sous contrat. Le Pentagone n’a pas assez de soldats et il n’a pas assez de collaborateurs ou d’« alliés » pour mener ses guerres.

Selon le Service de recherche du Congrès, les sous-traitants, en 2009, représentent 48 pour cent des forces du département de la Défense en Irak et 57 pour cent en Afghanistan. Des milliers d’autres sous-traitants travaillent pour des institutions « caritatives » financées par les sociétés ainsi que pour de nombreuses institutions gouvernementales. Le département d’État américain (= ministère des Affaires étrangères, NdT) et USAID (Agence américaine pour le développement international) recourent même à ces sous-traitants de façon plus extensive encore : 80 pour cent du budget du département d’État part dans la sous-traitance et les subventions.

Les sous-traitants sont censés ne pas combattre des militaires, bien qu’à peu près 1800 de ces contractants aient été tués depuis le 11 septembre. (U.S. News & World Report, 30 octobre 2009). Bien sûr, il n’y a pas d’archives sur les milliers d’Afghans et d’Irakiens tués en travaillant pour les sociétés de sous-traitance américaines, ni des milliers de personnes d’autres nations opprimées qui sont acheminées dans les pays en guerre pour effectuer les besognes les plus dangereuses.

Travailler avec des sous-traitants est une façon de masquer non seulement les pertes humaines, mais aussi l’importance numérique réelle des forces américaines d’occupation. Par crainte d’une opposition aux États-Unis mêmes, le gouvernement fait intentionnellement état d’un nombre de militaires en Afghanistan et en Irak nettement inférieur aux chiffres réels.


Un système géré sur les dépassements de coûts

Les dépassements de coûts et l’enrichissement sur le dos de la guerre ne se limitent pas vraiment à l’Irak, à l’Afghanistan ou à d’autres théâtres de guerre. Ils constituent l’édifice même de la machine de guerre américaine et la base de l’économie américaine.

Lorsque le président Obama a entériné le plus gros budget militaire de l’histoire, le 28 octobre dernier, il a déclaré : « Le Bureau gouvernemental des comptes (GAO - Government Accountability Office), a examiné 96 importants projets de défense de l’an dernier et a découvert que les dépassements totalisaient 296 milliards de dollars. » Ceci, sur un budget militaire total, pour 2009, de 651 milliards de dollars. Ainsi, près de la moitié des milliards de dollars accordés aux firmes militaires sont des dépassements de frais !

Et ce, à une époque où des millions de travailleurs sont confrontés à un chômage systémique à long terme et à des saisies massives de leurs maisons.

Les guerres en Afghanistan et en Iraq ont coûté jusqu’à présent plus de 1000 milliards de dollars. Il est prévu que la minable loi sur la réforme des soins de santé, qui a déclenché un beau tollé à la Chambre et pourrait bien ne pas survivre aux révisions du Sénat l’an prochain, va coûter 1.100 milliards de dollars, étalés sur une période de dix ans.

La machine militaire américaine, surdimensionnée, de plus en plus sujette à des dysfonctionnements et axée sur le profit est incapable de résoudre les problèmes ou de reconstruire les infrastructures en ruine de l’Afghanistan ou de l’Irak, tout comme elle est incapable de reconstruire les infrastructures en ruines des États-Unis. Elle est incapable de répondre aux besoins des gens, où que ce soit.

Elle absorbe la plus grosse part des ressources de la planète et plus de la moitié du budget national américain. Cette combinaison intenable va donner naissance, tôt ou tard, à une nouvelle résistance ici et dans le monde entier.

Source: Workers World

Traduit par Jean-Marie Flémal pour Investig'Action

Image: Soldat U.S. éreinté en Afghanistan par David Guttenfelder

 
jeudi 3 décembre 2009
 

Quel rôle pour les services secrets américains dans les attentats de Mumbai en novembre 2008?

Source:Mounadil Djazairi

Les attentats de Mumbai en novembre 2008 avaient fait couler beaucoup d’encre et, malheureusement, beaucoup de sang.
Un seul des auteurs présumés est actuellement aux mains de la justice indienne, les autres ayant péri au cours des attaques.
J’avais, comme d’autres à l’époque, pointé un certain nombre de problèmes liés à ces attaques meurtrières.
Cette affaire, une fois l’émotion résorbée, est passée pratiquement aux oubliettes de l’information sauf en Inde où se déroule en ce moment le procès de l’unique assaillant arrêté.
Et en Inde, on parle beaucoup d’une autre personne impliquée dans ces attentats, un certain David Coleman Headley alias Daood Gilani, un citoyen pakistano-étatsunien.

Je vous laisse découvrir dans l’article qui est David Coleman Headley: il y a vraiment de quoi être perplexe et souscrire (les yeux ouverts) à une théorie du complot.

Si l’article nous dit bien que Headley, lorsqu’il séjournait en Inde, se présentait souvent comme un agent de la CIA à ses interlocuteurs, il omet de nous dire autre chose tout aussi important: entre 2006 et 2008, Headley a tenu à Mumbai un bureau d’immigration |une officine pour aider les gens à émigrer] et se faisait passer pour juif.

Je vous laisse tirer vos propres conclusions mais permettez-moi d’esquisser les miennes: l’Inde sera dans relativement peu de temps une puissance mondiale de tout premier plan, comme la Chine ou le Brésil. Ce pays occupe en outre une position géographique stratégique aux confins de la Chine, du Pakistan et non loin de l’Iran et de tout le Moyen Orient.
Ceci n’a échappé à personne et surtout pas aux sionistes qui préparent ces changements en essayant d’investir à leur manière ces contrées. Comme d’habitude, leur démarche passe par les communautés juives locales, il en existe de fort anciennes en Chine et en Inde. Simplement, ces communautés ne sont pas forcément sionisées et leur embrigadement passe par une politique de terreur «antisémite» qui ouvre la voie à leur prise en main par les officines du gang de tel Aviv.
Les attentats de Mumbai s’inscrivent parfaitement dans cette démarche de contrôle de la communauté juive en assurant une prise en main des «chabad houses» et l’intervention sur place, avec l’accord des autorités locales, des « spécialistes » sionistes de la sécurité. Car l’entité sioniste s’appuie bien sûr sur les intérêts des pouvoirs locaux et sur les contradictions qui existent en leur sein.
On peut lire par exemple dans le Telegraph de Calcutta:

De manière curieuse, la tuerie de Juifs [à Mumbai] a amené la petite et très efficace machine militaire d’Israël à aider l’Inde, même si New Delhi a longtemps été un partisan de la cause palestinienne.
Et un peu plus loin:
A l’avenir, l’Inde, en cas de besoin, peut s’attendre à voir le Mossad, la machine de vengeance mortelle d’Israël, basculer en sa faveur. Il travaille probablement dès maintenant à «capturer» ceux qui au Pakistan étaient responsables [des attentats].
L’Inde est par aussi, rappelons-le, une destination privilégiée pour de nombreux toxicomanes ex-soldats de l’armée sioniste.

Les sionistes se préparent donc dores et déjà au déclin de leur protecteur américain dans une stratégie qui, si elle semble fonctionner avec l’Inde, rencontre plus de difficultés avec la Chine qui, avec son système politique et sa culture confucéenne, est un pays plutôt imperméable aux influences étrangères qu’il n’a pas délibérément choisies. Peut-être les sionistes n’ont-ils tout simplement pas encore trouvé la bonne porte d’entrée dans l’Empire du Milieu? Celle des «justes parmi les nations» ne semble guère prometteuse car on a pu trouver que deux Chinois à mettre sur la liste dont l’un au moins était un plénipotentiaire de la république de Chine, confinée aujourd’hui à Taï Wan que Pékin ne désespère pas de récupérer. Autre difficulté, la communauté « juive » chinoise ne représente aujourd’hui que quelques centaines de personnes dont la qualité de juifs est d’ailleurs disputée par la loi halachique qui considère qu’est juif celui dont la mère est juive alors que chez les « Juifs » Chinois, elle se transmet par le père.


Headley est-il un agent secret Américain devenu renégat?
TNN, Times of India le 27 novembre 2009 traduit de l'anglais par Djazaïri

NEW DELHI: C’est un complot qu’on aurait pu tirer tout droit des univers de bluff et de double bluff créés par John le Carre et Frederick Forsyth. Sauf qu’il semble s’être joué dans la vraie vie, pour le malheur de centaines de personnes innocentes. L’hypothèse séduisante selon laquelle David Headley pourrait avoir été un agent secret Américain infiltré qui serait devenu ripou travaille beaucoup de monde ici alors que les autorités US gardent ce djihadiste du Lashkar basé aux Etats Unis hors de portée des enquêteurs Indiens.

Pour rendre l’histoire encore plus dramatique, Headley pourrait avoir justement avoir donné aux services secrets US des informations qui ont empêché un attentat du Lashkar en septembre à Mumbai. La théorie – et ce n’est encore qu’une théorie – est que Headley a été utilisé pour infiltrer le Lashkar, mais s’est progressivement laissé prendre par l’influence des mêmes terroristes qu’il était supposé espionner.

Tiraillé entre deux allégeances, il pourrait avoir continué à donner des informations à ses officiers traitants Américains, et un tuyau fourni par lui pourrait même avoir aidé à éviter un attentat initialement prévu pour septembre. Mais il semble s’être engagé résolument dans le Lashkar après cela, ce qui pourrait être une des raisons qui expliquent pourquoi les services secrets américains ont été pris au dépourvu par les attaques du 26/11.

En Inde, Headley se présentait souvent comme un agent de la CIA. Mais les soupçons selon lesquels il est un agent renégat découlent surtout de l’information toute récente sue le fait que Headley, un homme avec un œil vert et l’autre brun, pouvait circuler aisément aux Etats Unis et au Pakistan en dépit de démêlés judiciaires aux USA.

Un profil publié récemment par le New York Times affirmait qu’en 1998, Headley (alors connu sous l’identité de Daood Gilani) avait été condamné pour tentative de contrebande d’héroïne entre le Pakistan et les Etats Unis. « Les dossiers du tribunal montrent qu’après son arrestation il avait fourni tant d’informations sur son rôle personnel dans le trafic de drogue qui durait depuis plus de dix ans, et sur ses fournisseurs Pakistanais qu’il avait été condamné à moins de deux ans de prison avant de se rendre au Pakistan pour mener des opérations d’infiltration et de surveillance pour la Drug Enforcement Administration (DEA), » signalait l’article du New York Times.

Ce qui laisse entendre que Headley avait passé un accord avec les autorités des Etats Unis qui l’autorisait à s’en tirer avec une peine réduite en échange d’une promesse de coopération.

Pour beaucoup ici, cela signifie aussi qu’il était quelqu’un de connu par les autorités des Etats Unis chargées de la répression du trafic de drogue et du terrorisme. Après le 11 septembre, les cloisons entre ces services étaient tombées en raison des liens entre la drogue et le terrorisme, particulièrement dans le contexte pakistano-afghan où les missions de la DEA et de la CIA s’imbriquent étroitement. Fait surprenant, la déclaration sous serment du FBI contre Headley ne mentionne pas son accord avec la DEA.

La déclaration sous serment du FBI contre Headley indique qu’il a changé son nom de Daood Gilani pour celui de David Coleman Headley en 2008 pour dissimuler son passé criminel. Comme il l’avait dit à un policier de l’air et des frontières en août 2009, c’était pour se donner la liberté de voyager inaperçu – il disait que son nouveau nom éveillait beaucoup moins de soupçons quand il voyageait.

C’est un fait que des terroristes masquent leur identité religieuse pour passer au travers de la surveillance antiterroriste, avec des organisations terroristes qui cherchent à recruter des Caucasiens (des blancs) pour de nouvelles frappes. Mais on doute généralement qu’un simple changement de nom pourrait avoir fonctionné dans le cas de Headley compte tenu de ses problèmes avec la loi mais surtout à cause des destinations où il se rendait.

Compte tenu de la réputation bien établie du Pakistan comme plaque tournante du terrorisme international, les gens qui partent de ce pays ou s’y rendent éveillent aussitôt la vigilance dans les aéroports du monde entier. De plus, Headley rencontrait souvent ses contacts aux Emirats Arabes Unis – un lieu de rendez-vous bien connu des terroristes et des trafiquants, et un endroit du plus haut intérêt pour les services chargés de la répression.

Les sceptiques ont trouvés intriguant que des agences hypersensibles des Etats Unis n’aient rien trouvé à redire aux tampons sur le passeport US de Headley. Si les sceptiques ne pensent pas avoir encore de réponse, ils inclinent vers la possibilité que Headley ait été un agent infiltré qui, tiraillé entre deux exigences contradictoires, celles de ses compagnons djihadistes qu’il devait infiltrer et celle de ses maîtres Américains, serait parti à la dérive.

Headley, de son propre aveu, a rejoint le Lashkar-e-Taiba en 2006 et a suivi un entraînement dans un des camps terroristes de cette organisation terroriste.

Ceux qui adhèrent à la théorie de « l’agent renégat » inclinent à penser que ceci était connu des Américains, toujours soucieux de soutirer des informations sur des groupes terroristes difficiles à pénétrer. Ils ont aussi le sentiment que les services US étaient peut-être conscients que l’année dernière, Headley était en Inde pour reconnaître des cibles pour des attaques du Lashkar initialement prévues pour septembre – comme l’a confirmé Ajbal Kassab dans sa déposition – et qui ont finalement été commises le 26 novembre. Au contraire, ils soupçonnent aussi que Headley pourrait avoir été la source de l’information qui a aidé les Américains à donner l’alerte sur l’attaque prévue en septembre de l’année dernière.

Dans leur avertissement, qui avait été transmis au gouvernement du Maharasthtra par l’Intelligence Bureau, les Américains avaient indiqué que d’importantes installations de Mumbai étaient visées par les djihadistes. De fait, l’alerte du FBI mentionnait spécifiquement le Taj et d’autres hôtels – le Marriott, le Land’s End et le Sea Rock.
On suppose que la défection de Headley est intervenue immédiatement après et que c’est peut-être une des raisons pour lesquelles les Américains n’ont pu, comme au mois de septembre, sentir l’attaque du 26:11. Cette suspicion est renforcés par le fait que c’est vers cette époque que le FBI a placé Headley sous sa surveillance, ce qui aboutit à son arrestation le 3 octobre de cette année.

Ces soupçons sont encore renforcés parce que les Américains tardent à donner un accès à Headley aux enquêteurs Indiens. On a l’espoir que les services indiens auront aussi la possibilité de parler au terroriste après que les charges – inculpation dans le lexique américain – seront formulées à son encontre le 1er janvier. Il existe aussi l’éventualité que Headley ait promis de se mettre à table à la condition de ne pas avoir à répondre à des enquêteurs venus d’Inde.

Mais au cours des échanges sur cette question, le FBI a été très réticent à discuter de Headley en détail – inattendu de la part d’un organisme qui avait promptement alerté sur les attaques que le Lashkar avait planifié pour septembre et sans l’aide duquel la percée dans l’enquête sur le 26/11 ne se serait pas produite.
 
 

Les banques occidentales s’opposent au commerce sino-africain
Comment les pays créanciers décident en République démocratique du Congo

par Renaud Vivien*, Damien Millet*

A quelques jours d’intervalle, le ministère français de l’Économie réunissait en grande pompe le « Forum Franco-Chinois de promotion du commerce et de l’investissement » et en toute discrétion le « Club de Paris ». Cette seconde instance, composée de créanciers publics, a enjoint à la RDC d’annuler ses contrats commerciaux avec… la Chine.
S’appuyant sur le mécanisme de la dette odieuse, les Occidentaux poursuivent leur politique néo-coloniale malgré la globalisation. Ils interdisent aux Africains de choisir leurs partenaires commerciaux et aux Chinois de s’approvisionner en Afrique. Ils exigent l’exclusivité du commerce avec l’Afrique et avec la Chine.




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Réunion du Club de Paris au ministère français de l’Économie et des Finances.

Les 19 pays créanciers composant le Club de Paris [1] se sont réunis le 18 novembre pour examiner le cas de la République démocratique du Congo (RDC), après deux reports liés à la révision du très controversé contrat chinois. Ce contrat, qui hypothèque de gigantesques quantités de minerais au profit de la Chine en échange de la construction d’infrastructures en RDC, a finalement pu être révisé dans le sens souhaité par les bailleurs de fonds occidentaux représentés par le FMI [2]. Suite à cela, l’affaire semblait réglée : le Club de Paris allait accorder les assurances financières demandées par le FMI pour conclure un nouveau programme de 3 ans avec le gouvernement congolais d’ici la fin 2009 et effacer début 2010 une partie importante de sa dette extérieure publique. Loin s’en faut ! Le Club de Paris a décidé, à son tour, de « faire chanter » la RDC en exigeant le maintien de deux contrats léonins signés avec des transnationales occidentales.

Le Club de Paris prouve une fois encore qu’il est une instance gouvernée par le Nord dans laquelle les pays du Sud ne jouent qu’un rôle de figurant. Aucun membre du gouvernement congolais n’a été invité aux discussions menées à Bercy, au ministère français des Finances, où siège le Club de Paris. Ce Club se définit lui-même comme une « non-institution » n’ayant pas de personnalité juridique. L’avantage est clair : le Club de Paris n’encourt aucune responsabilité quant à ses actes et ne peut donc être poursuivi en justice puisqu’officiellement, il n’existe pas !

Pourtant, ses décisions sont lourdes de conséquences pour les populations du tiers-monde car c’est en son sein qu’est décidé, de concert avec le FMI et la Banque mondiale, si un pays endetté du Sud « mérite » un rééchelonnement ou un allégement de dette. Lorsqu’il donne son feu vert, le pays concerné, toujours isolé face à ce front uni de créanciers, doit appliquer les mesures néolibérales dictées par ces bailleurs de fonds, dont les intérêts se confondent avec le secteur privé.

Le 18 novembre dernier, c’est la RDC qui en a fait les frais puisque le Club de Paris a décidé d’aller au-delà de la seule révision du contrat chinois exigée par le FMI en s’ingérant encore plus dans ses contrats miniers, domaine qui relève pourtant de la souveraineté permanente de la RDC, selon le droit international et l’article 9 de sa Constitution.

Officiellement, c’est le risque d’augmentation de la dette congolaise, lié à la garantie d’Etat initialement prévue dans le contrat chinois, qui avait justifié l’ingérence du FMI dans les affaires internes congolaises.

Mais en réalité, la RDC, à l’instar d’autres pays africains regorgeant de ressources naturelles, est le théâtre d’une compétition acharnée entre les pays occidentaux et la Chine, dont l’appétit ne cesse de grandir au point d’être aujourd’hui le troisième partenaire commercial pour l’Afrique derrière les États-Unis et la France. Le Club de Paris est donc l’instrument qu’ont utilisé les pays occidentaux, notamment le Canada et les États-Unis, pour exiger du gouvernement congolais qu’il revienne sur sa décision de résilier le contrat ayant donné naissance au consortium Kingamyambo Musonoi Tailings (KMT) et de réviser la convention créant Tenke Fungurume Mining (TFM), dans lesquelles les États-Unis et le Canada ont d’importants intérêts.

Les bailleurs de fonds occidentaux appliquent la politique du « deux poids, deux mesures » selon qu’il s’agisse d’un contrat conclu avec la Chine ou avec une entreprise occidentale. Les intérêts du secteur privé l’emportent sur les considérations de légalité et de développement puisque le caractère frauduleux de ces deux conventions a été rapporté par la Commission de « revisitation » des contrats miniers, mise sur pied en RDC en 2007 [3]. Les États du Nord se servent du Club de Paris et des institutions financières internationales, où ils sont surreprésentés, comme d’un cheval de Troie pour s’accaparer les ressources naturelles du Sud.

C’est le trio infernal Club de Paris – FMI – Banque mondiale qui a organisé à partir de 2002 le blanchiment de la dette odieuse de la RDC en restructurant les arriérés laissés par le dictateur Mobutu. Il s’agissait à l’époque de prêter de l’argent au gouvernement pour apurer les vieilles dettes du dictateur, permettre au gouvernement de transition de s’endetter à nouveau tout en lui imposant des politiques antisociales, notamment un nouveau Code minier très favorable aux transnationales.

En 2009, la dette continue d’asphyxier le peuple congolais dont les droits humains fondamentaux sont piétinés pour assurer le remboursement du service de la dette. Malgré les effets d’annonce des créanciers qui promettaient une annulation de la dette congolaise, celle-ci s’élève aujourd’hui à 12,3 milliards de dollars, soit l’équivalent de la somme réclamée à la RDC au moment de la mort de Laurent Désiré Kabila en 2001… Or, cette dette est l’archétype d’une dette odieuse, nulle en droit international car elle a été contractée par une dictature, sans bénéfice pour la population et avec la complicité des créanciers. Le gouvernement congolais pourrait donc la répudier, ce qui lui permettrait de surcroît de ne plus accepter les diktats du Club de Paris.

Le chantage du Club de Paris n’est pas une surprise : cette instance illégitime est depuis sa création à la fois juge et partie. Elle doit donc être purement et simplement abolie, tout comme la dette de la RDC.

En attendant, le gouvernement congolais doit suspendre unilatéralement le paiement de cette dette, à l’instar de l’Équateur en novembre 2008 et de l’Argentine qui avait décrété en 2001 la plus importante suspension de paiement de la dette extérieure de l’Histoire, pour plus de 80 milliards de dollars, tant envers les créanciers privés qu’envers le Club de Paris, et ce sans que des représailles n’aient lieu.

La crise économique nécessite des actes forts et immédiats contre la dette, et au profit des peuples. Pour ce faire, les pays du Sud auraient tout intérêt à constituer un front uni pour le non-paiement de la dette.

 Renaud Vivien

Membre du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM)

 
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